Le Livre noir des Juifs de Pologne (New-York, 1943)

The black book of polish jewry                Le Livre noir des Juifs de Pologne (1ère de couverture)

Ce texte est ma préface pour l’édition française du Livre noir des Juifs de Pologne chez Calmann-Lévy, 2013.

Dans son ouvrage L’Abandon des Juif, (1) l’historien américain David Wyman a rappelé une manifestation qui fut organisée dans la soirée du 21 juillet 1942, à New York, au Madison Square Garden. La veille de la fête de Tisha b’av, qui commémore la destruction du Temple, le Congrès juif américain (The American Jewish Congress), le B’nai B’rith et le Comité juif du travail (The Jexish Labor Committee) organisa un grand rassemblement pour protester contre les crimes commis contre les Juifs d’Europe par les Allemands et leurs alliés. Le président Roosevelt adressa un message aux 20 000 personnes réunies pour déclarer que les nazis avaient bien la volonté d’ « exterminer leurs victimes » (juives) et pour affirmer la sympathie du peuple américain pour « toutes les victimes des crimes nazis ». Dans son message lu aussi lors de cette soirée, le Premier ministre britannique, Winston Churchill, faisait référence à sa déclaration du 25 octobre 1941 dans laquelle il avait défini le châtiment des crimes de guerre commis par les Allemands contre les civils comme un des buts de guerre de la Grande-Bretagne. Le 22 juillet 1942, le lendemain de cette manifestation new-yorkaise, débutaient les déportations des Juifs du ghetto de Varsovie vers le centre de mise à mort de Treblinka.
Cette chronologie est révélatrice : les dirigeants occidentaux avaient une connaissance assez précise de l’assassinat des Juifs en Europe, depuis l’été 1941 ; ils le condamnaient ouvertement mais ne reconnaissaient pas une spécificité du crime contre les Juifs parmi toutes les victimes de la barbarie nazie et n’abordaient pas publiquement le sujet d’une intervention directe des forces militaires alliées pour l’empêcher. L’opinion publique américaine disposait d’informations nombreuses et répétitives sur ce sujet ; les cadres de la communauté juive américaine se mobilisaient pour alerter le reste de la population américaine, pour obtenir une réaction des autorités politiques et militaires. Mais le génocide continuait sans que les Alliés n’aient les moyens de l’interrompre à ce moment de la guerre.
Dés le mois de juillet 1941, les services secrets britanniques, grâce au décryptage des messages radio entre les unités de la Police d’ordre et de la SS et Berlin, avaient connaissance de « plusieurs dizaines de milliers d’exécutions » (2) à l’arrière du front de l’Est, et à partir de la fin août 1941 ils avaient confirmation que les Juifs étaient les victimes d’exécutions de masse spécifiques. Aux Etats-Unis, les journaux en yiddish de New York obtenaient des informations de sources soviétiques, polonaises ou hongroises et ils annoncèrent que les nazis avaient commis des assassinats de masse en Biélorussie et en Galicie orientale. La principale source d’informations était l’Agence télégraphique juive (Jewish Telegraphic Agency, JTA) qui avait son siège à New York et qui par son bulletin quotidien (le Daily News Bulletin) alimentait les périodiques juifs publiés en anglais, ainsi que la presse américaine non-juive. Le 26 octobre 1941, pour la première fois, le New York Times relayait ces informations (en page 6), qui, basées sur des récits de témoins de l’armée hongroise et de lettres parvenues en Hongrie, faisaient état de 15 000 Juifs galiciens et hongrois déportés en Galicie exécutés en août par les Allemands et les Ukrainiens. (3) Le New York Journal American reprenait un communiqué de l’Agence télégraphique juive du 25 novembre 1941 qui annonçait l’exécution de 52 000 hommes, femmes et enfants à Kiev. (4)
Fin mars-début avril 1942, alors que débutait sur le territoire du Gouvernement général de Pologne l’Aktion Reinhard, l’armée clandestine polonaise, l’Armia Krajowa, reçut l’information que des milliers de Juifs de Lublin avaient été expédiés à Belzec pour y être tués. Le 8 avril, le Delegat (le représentant en Pologne du Gouvernement polonais en exil à Londres) confirmait les informations concernant les exécutions massives en Galicie orientale, à Lublin, à Vilnius et en Biélorussie. (5) Malgré le codage renforcé d’Enigma en 1942, les Britanniques captèrent des messages radios entre Globocknik, le maître d’œuvre de l’Opération Reinhard, et l’administration économique centrale de la SS à Berlin (le WVHA) pendant l’été. (6) Dans son édition du 10 août 1942, le magazine Newsweek annonçait que des trains entiers de Juifs de Varsovie disparaissaient. Le 10 septembre 1942, l’Agence télégraphique juive annonça la déportation de 300 000 Juifs de Varsovie. D’après des informations du Département d’Etat américain, le New York Times publia (en page 10) le 25 novembre 1942 un article sur les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka, faisant également mention des chambres à gaz et des fours crématoires d’Auschwitz et avançant le chiffre de 2 millions de Juifs déjà exterminés. (7) Le 25 novembre 1942, Jan Karski, courrier du Delegat, arrivait à Londres après avoir rencontré deux responsables de la résistance juive à Varsovie, vivant en dehors du ghetto : Léon Feiner, dirigeant du Bund à Varsovie et Menachem Kirschenbaum, leader sioniste. (8) Le microfilm de son «rapport » l’avait devancé de quelques jours en Grande-Bretagne ; il comprenait la copie de dix pages manuscrites rédigées par Léon Feiner à la fin août ou dans la première quinzaine de septembre, décrivant le processus de mise à mort dans un nouveau camp à Treblinka, à plus d’une centaine de kilomètres au nord-est de Varsovie. C’est ce texte qui allait constituer le chapitre IX du Black Book of Polish Jewry.
En 1942, le Ministère de l’Information et de la Documentation polonais avait publié à New York, l’ouvrage The Black Book of Poland, (9) qui bénéficiant déjà des mêmes filières d’informations, se voulait un martyrologue du peuple polonais depuis le début de l’occupation allemande jusqu’au déclenchement de l’offensive des puissances de l’Axe contre l’U.R.S.S. Les souffrances du peuple juif n’étaient pas oubliées, et toute la partie III de l’ouvrage leur était consacrée, évoquant surtout les enfermements et crimes commis dans les ghettos se multipliant entre 1939 et 1941. The Black Book of Polish Jewry a été publié en octobre 1943 (10) et est l’oeuvre collective de responsables politiques et d’intellectuels juifs polonais à New York et à Londres, exilés le plus souvent de leur pays depuis le début de la guerre. A cette date, l’Opération Reinhard touchait à sa fin, le camp de Treblinka finissait d’être démantelé (11) et le camp de Sobibor connaissait à son tour une révolte qui allait précipiter sa fermeture. (12) Et plus de 85 % des victimes de la Shoah avaient déjà été assassinées à la fin de l’année 1943. (13) L’initiateur principal de cette entreprise éditoriale était Jacob Apenszlak, publiciste, écrivain, traducteur et activiste sioniste, vivant à Varsovie avant la guerre. Il se réfugia à New York en 1940 où il collabora à plusieurs organisations juives polonaises et où il publia (jusqu’à sa mort en 1950) la Trybuna ?ydowska. (14) Son œuvre principale fut l’élaboration du Black Book of Polish Jewry. Ensuite, en 1944, il publia avec un des co-éditeurs de ce premier ouvrage, Moshe Polakiewicz, une compilation de témoignages sur la résistance juive en action en Pologne, Armed Resistance of the Jews in Poland. (15) Les deux ouvrages ont été édités par The American Federation for Polish Jews (AFPJ) qui a été fondée à New York en 1908 et qui oeuvrait comme organisme d’entraide pour les nouveaux immigrants et de bienfaisance pour les Polonais de New York. Cette association entreprit aussi dans les années 1930 d’apporter secours et aide économique aux Juifs polonais. (16)
Dans sa note introductive, le directeur du Institute of Jewisf Affairs, (17) Jacob Robinson présentait les principales sources d’informations pour l’élaboration du livre, tout en restant suffisamment vague pour ne pas compromettre des filières d’information encore opérationnelles. La législation anti-juive dans les territoires polonais faisait l’objet de publications officielles, dans le Gouvernement général, dans le Verordnungsblatt des Generalgouverneurs für die besetzten polnischen Gebiete, littéralement La Gazette du Gouverneur général pour les territoires polonais occupés, publication allemande officielle hebdomadaire du Gouvernement général ; les mesures antijuives étaient largement commentées et la propagande antijuive développée dans la presse locale sous contrôle du Gouverneur général et en langue allemande (le Warschauer Zeitung et le Krakauer Zeitung) ; entre juillet 1940 et juillet 1942, fut publié à Cracovie le seul périodique en yiddish autorisé dans le Gouvernement général, organe de propagande pour les Allemands, la Gazeta Zydowska, qui selon Jacob Robinson « contient des trésors d’informations ». Une autre source d’informations était les journaux clandestins, des rapports et des témoignages atteignant des pays libres depuis la Pologne, et parmi eux les dépositions réalisées par les réfugiés en Palestine, (18) via Vilnius ou la Hongrie. Et l’on constatait là une des contradictions des nazies dans leur gestion du secret de la Solution finale, où leur préoccupation de garder au mieux ce secret devenait secondaire face à la volonté de venir en aide à des membres de la Volksgemeinschaft prisonnier des Britanniques. La troisième source est l’information provenant d’observateurs de pays neutres. (19) Enfin, J. Robinson insistait sur « l’immense machinerie créée par le Gouvernement polonais en exil et ses agences », dont faisaient partie les bulletins quotidiens de l’Agence télégraphique polonaise, les périodiques du Ministère de l’Information et de la Documentation (Dziennik Polski et Polish Fortnightly Review). Les représentants juifs au Conseil national, Shmuel Zygielbojm (20) et Ignacy Schwarzbart, (21) pouvaient assurer la liaison des informations entre les Anglais et autorités polonaises, et les organisations juives. Dans son introduction pour le livre, le sioniste Schwarzbart affirmait que ce livre était « un acte d’accusation lancé sur le banc de la Cour qui sera un jour réunie pour le jugement des crimes commis par une nation de 80 000 000 de personnes » et demandait pour le peuple juif le « droit de vivre, comme l’une des plus anciennes – et non des moindres – parmi les nations ». Le livre reprenait dans son chapitre « Extermination » la déclaration de Schwarzbart du 15 novembre 1942 qui était la première en Occident sur le processus de mise à mort à Treblinka.
The Black Book of Polish Jewry contient extraits ou totalité des textes de documents parvenus en Occident, parmi ceux devenus les plus marquants de l’histoire de la révélation de la Solution finale mise en œuvre par les Allemands sur le territoire polonais : par exemple le rapport d’Emanuel Ringelblum de mai 1942 sur les gazages à Chelmno, le télégramme de Gerhartd Riegner, avocat allemand et représentant du Congrès juif mondial en Suisse, envoyé au ministère des Affaires étrangères britannique et au Département d’Etat américain, le 8 août 1942, qui révélait l’existence d’un plan général du quartier général de Hitler pour aboutir à l’extermination des Juifs d’Europe à l’Est, le rapport de Jan Karski, envoyé du Delegat à Londres, puis aux Etats-Unis, présenté fin 1942-début 1943 sur la liquidation du ghetto de Varsovie et sur les transports et la mise à mort des Juifs dans le district de Lublin, un compte rendu de la révolte du ghetto de Varsovie par Ignacy Schwarzbart d’après les informations fournies par un émissaire en Pologne du gouvernement britannique et du gouvernement polonais en exil. Le livre présente deux entrées principales, par une géographie régionale de la Shoah sur le territoire de la Pologne annexée ou occupée (Varsovie, Lodz, Cracovie, Lublin, Lwow, Vilnius) et par une distinction des étapes du génocide (l’entrée meurtrière des Allemands sur le sol polonais – le Blitzpogrom –, la ghettoïsation, les déportations et l’extermination). (22)
Le Livre noir des Juifs de Pologne marquait une rupture dans la révélation des informations avec Le Livre noir de la Pologne dont les informations étaient antérieures à l’offensive de l’Axe contre l’U.R.S.S., c’est-à-à-dire avant le début de l’extermination systématique des Juifs. Par ailleurs, ce projet du Livre noir des Juifs de Pologne, n’a pas de lien direct avec celui, plus connu du Livre noir sur l’extermination des Juifs en U.R.S.S. et en Pologne (1941-1945) du Comité antifasciste juif, projet dirigé en U.R.S.S. par Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman, dont l’idée originelle était venue d’Albert Einstein, et dont les premières publications (roumaine et américaine) ne datèrent que de l’année 1946. Il est à noter qu’Albert Einstein apporta aussi sa caution au projet du livre de J. Apenszlak. Les autres soutiens affichés du projet étaient des membres du Congrès américain, démocrates et juifs le plus souvent, engagés depuis des mois à Washington ou New York pour que l’administration Roosevelt affirme plus ouvertement une condamnation du génocide et pour qu’elle envisage surtout des opérations de sauvetage. L’épouse du président paraissait plus accessible aux organisations juives américaines, mais elle se garda bien de trop se démarquer de la position officielle définie par son mari.
Le livre reste bien-sûr lacunaire sur la réalité et l’ampleur du génocide commis par les nazis, et par exemple l’information des chambres à gaz de Majdanek n’y figure pas. La démarche de la compilation et du travail collectif expliquent aussi quelques approximations, voire des contradictions à quelques pages d’intervalle, comme par exemple sur les fonctions des camps de Belzec et de Treblinka. Mais, sans hésitation, les auteurs de l’ouvrage considéraient que la finalité des persécutions et des crimes commis contre les Juifs de Pologne et des régions avoisinantes était bien leur extermination totale, et qu’il s’agissait là d’une intention souvent déclarée et ô combien manifestée par des responsables nazis et les bataillons de tueurs sur le terrain. Les auteurs affirmaient que « le changement de tactique […] émanait de toute évidence des projets de Hitler en personne. » Ils avançaient même l’idée que l’entrée en guerre de l’Allemagne contre les Etats-Unis constituait bien l’événement déclencheur de l’extermination systématique et accélérée de tous les Juifs d’Europe.
La compilation des déclarations officielles sur les crimes nazis contre les Juifs d’Europe, regroupées dans le chapitre 17, avait pour fonction de rappeler à leurs paroles les gouvernements alliés et de les pousser à agir en faveur du sauvetage des victimes encore en vie. Enfin, une des intentions des auteurs, dont certains étaient directement attachés au Gouvernement polonais en exil, qui par ailleurs fournit une grande partie des informations publiées dans l’ouvrage, était de présenter au public et dirigeants américains la solidarité et l’esprit d’entraide des Polonais à l’égard des Juifs assassinés (à travers, par exemple, le récit de l’assassinat des enfants juifs du sanatorium de Medem, le manifeste des femmes de Pologne, la déclaration du clergé catholique polonais), et d’insister notamment sur des liens étroits entre la Résistance polonaise et la Résistance juive, que l’historiographie de la question a plus que remis en cause. Les auteurs se sont appesantis sur ce sujet lorsqu’ils ont développé le récit de l’insurrection du ghetto de Varsovie (chapitre 16). En 1943, pour le Gouvernement polonais en exil, comme pour bien des Polonais réfugiés aux Etats-Unis, y compris parmi les Juifs non sionistes, le soutien américain à la Pologne libérée du nazisme face à la menace soviétique prévisible était alors une question prioritaire. Et il ne s’agissait pas, par un tel ouvrage, de réaliser une condamnation morale contre les dirigeants et opinions publiques occidentales.
Finalement, la dernière phrase du livre illustrait avec pertinence la question de la difficulté de la réception en Occident des informations liées au génocide alors qu’il se déroulait : « Les Allemands estiment que le monde n’ajoutera pas foi aux appels lancés par les Juifs polonais parce que des êtres humains ne peuvent croire que des hommes soient capables d’un tel sadisme. Mais nous devons protester jusqu’à que le monde décide de prendre des mesures radicales pour faire cesser le massacre des Juifs et des Polonais. »

The black book of Poland

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(1) David Wyman, L’Abandon des Juifs. Les Américains et la Solution finale, pour l’édition française Flammarion, 1987, pp. 44-46.

(2) Formule utilisée par Winston Churchill dans son discours du 24 août 1941 diffusé sur les ondes de la B.B.C.

(3) Laurel Leff, Relégué en page 7. Quand le New York Times fermait les yeux sur la Shoah, éd. Calmann-Lévy/Mémorial de la Shoah, Paris, 2007, p. 160.

(4) Les massacres à Babi Yar ont débuté par une première vague fin septembre 1941 (33 771 victimes les 29-30 septembre 1941, environ 100 000 sur ce site jusqu’au printemps 1943).

(5) Walter Laqueur, Le terrifiant secret. La « Solution finale » et l’information étouffée, éd. Gallimard, Collection Témoins, Paris, 1981, pp. 137-138.

(6) Richard Breitman, Secrets officiels. Ce que les nazis planifiaient, ce que les Britanniques et les Américains savaient, éd. Calmann-Lévy/Mémorial de la Shoah, 2005, p. 133.

(7) Laurel Leff, op. cit., pp. 191-192.

(8) E. Thomas Wood et Stanis?aw M. Jankowski, Karski. How one man tried to stop the Holocaust, éd. John Wiley & Sons, New York, 1994, p. 117.

(9) The Black Book of Poland, G. P. Putman’s Sons, New York, 1942, 615 pages. Pour la présentation de l’ouvrage, non traduit en français, voir la Revue d’Histoire de la Shoah, n° 196 (janvier-juin 2012), Paris, Mémorail de la Shoah, pp. 663-665.

(10) C’est la date indiquée de l’avant-propos de l’éditeur Jacob Apenszlak (dans l’édition originale, 1943, p. X).

(11) Les derniers détenus chargés de démantelés le camp ont été transférés à Sobibór le 20 octobre 1943 pour y être exécutés, et le 17 novembre 1943, un dernier transport de matériaux du camp se rendait au camp de travaux forcés de Dorohucza, près de Trawniki.

(12) La dernière exécution de Juifs à Sobibor eut lieu le 23 novembre 1943 et le camp III du complexe fut aussitôt après démantelé.

(13) Selon les chiffres (a minima) avancés par Raul Hilberg (in La destruction des Juifs d’Europe, éd. Fayard, Paris, 1997, p. 1046).

(14) Né en 1894, Jacob Apenszlak a fait ses débuts littéraires avant 1914. Son poème Mowie polskiej (1915) fut un des premiers témoignages du retour des Juifs polonisés à leur culture juive. Avant la Première Guerre mondiale, il écrivait à la fois pour la presse polonaise et pour la presse juive polonaise (Kurier Warszawski, Izraelita), mais dans l’entre-deux guerres, il a contribué principalement à cette dernière. Il a été membre du bureau éditorial du quotidien de Varsovie Nasz Przegl?d, puis éditeur de l’hebdomadaire littéraire Lektura (1934). Ses feuilletons (sérialisés comme « Miedzy wierszami » dans Nasz Przegl?d sous le pseudonyme de Pierrot), des articles politiques, et d’autres écrits, reflètent son influence par le nationalisme juif moderne et son combat contre les manifestations de l’antisémitisme, comme les « bancs du ghetto » dans les universités polonaises. La nouvelle sioniste Pi?tra : Dom na Biela?skiej (1933) dépeint les circonstances historiques, sociales et psychologiques de l’émergence d’une nouvelle génération de sionistes entre 1914 et 1930. Il a été traducteur des œuvres de Théodore Herzl, Sholem Aleichem, et Sholem Asch. En tant que critique de théâtre, Apenszlak a ??montré un intérêt pour le théâtre polonais et juif et fut parmi les cofondateurs de la Société du théâtre juif (1923). Il fut président de l’Association juive pour l’avancement des Beaux-Arts et il a également écrit le scénario pour le film de Henryk Bojm, Shahar, yom ve-lailah shel Erets Yisra’el (1934). (Cf : The Yivo Encyclopedia of Jews in Eastern Europe sur le site du YIVO Institute for Jewish Research).

(15) Ed. The American Federation for Polish Jews, New York, 1944, 80 pages.

(16) Le nom originel de l’AFPJ fut The Federation of Russian-Polish Hebrews. Celle-ci créa à New York en 1912 l’hôpital Beth David pour ses membres. Elle participa en 1919 au Comité de secours pour les victimes de la guerre (People’s Relief Committee) et envoya la même année un délégué à la Conférence pour la Paix de Versailles. En 1920, le mot « russe » devait disparaître du nom de l’organisation, et en 1926, le mot « Hébreux » fut remplacé par le mot « Juifs ». En 1935, elle fonda The World Federation of Polish Jews pour pouvoir intervenir directement en Pologne. Pendant la guerre, elle ajouta donc à ses activités la récolte et la publication d’informations sur le sort des Juifs polonais. Pour la publication du Black Book of Polish Jewry, elle travailla avec The Association of Jewish Refugees and Immigrants from Poland. L’APFJ publia d’autres ouvrages-témoins pendant le conflit : Armed Resistance of the Jews in Poland (1943), Adam Czerniakow, Burgomaster of the Warsaw Ghetto (1943) et Peace for the Jews (1945) de Joseph Tenenbaum, l’actif président de l’AFPJ, entre 1929 et 1957. Après la guerre, l’AFPJ coordonna les activités de secours des Polonais de New York pour leurs villes et villages d’origine.

(17) L’Institut des Affaires juives avait été créé à New York sous les auspices de l’American Jewish Congress et du Congrès juif mondial, le 1er février 1941, à partir des propositions faites en 1939 et 1940 par le Dr. Jacob Robinson de l’American Jewish Congress. Son but était de mener des enquêtes approfondies sur la vie juive au cours des 25 années précédentes pour mieux établir les faits de la situation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, cela afin de déterminer leurs causes et de suggérer comment les droits des Juifs pourraient être revendiqués dans un règlement d’après-guerre. En 1965, l’IJA s’est déplacé à Londres, et en 1996 il est devenu The Institute for Jewish Policy Research.

(18) Voir sur ce sujet le récit par Walter Laqueur de l’arrivée en Palestine de 69 rescapés échangés en novembre 1942 et des informations qu’ils transmirent à l’Agence juive (in Le terrifiant secret, ibid., pp. 231-236).

(19) Walter Laqueur a insisté sur l’importance de la « filière suédoise », constituée de diplomates et d’hommes d’affaires faisant de Stockholm une plaque tournante de l’information vers Londres jusqu’en juillet 1942 (in Le terrifiant secret, ibid., pp. 129-131).

(20) Entre mars 1940 et avril 1942, Shmuel Zygielbojm, ancien membre du Comité central du Bund polonais, s’installa à New York où il travailla pour la branche américaine du parti de gauche, avant d’être appelé à siégé au Conseil national polonais à Londres.

(21) Avocat et journaliste, Ignacy Schwarzbart fut président de la Fédération sioniste de la Galicie occidentale et de la Silésie, puis choisi pour être délégué au Congrès sioniste chaque année dans les années 1920 et 1930. Il est devenu membre du Conseil général sioniste après 1933. Il contribua à la création à Genève du Congrès juif mondial (1936), puis il fut élu à la Diète polonaise (1938). Fuyant l’invasion allemande en septembre 1939, il participa à l’établissement d’un gouvernement polonais en exil en France, puis en Angleterre. En décembre 1939, il était nommé au Conseil national polonais où il fut un défenseur énergique des droits des Juifs dans la future Pologne libérée. A partir de 1942 il devint un personnage clé dans la transmission à l’Ouest des nouvelles concernant la Shoah et dans la promotion des opérations de sauvetage. Il faisait valoir que les dirigeants polonais devraient consacrer des ressources aux besoins de Juifs, à la fois parce les Juifs polonais constituaient une partie intégrante du corps politique polonais et parce que les Juifs du monde entier pourraient être des alliés importants dans la poursuite des objectifs politiques de la Pologne. Mais Schwarzbart était souvent exaspéré par la réticence polonaise d’inclure les Juifs. (Cf : The Yivo Encyclopedia of Jews in Eastern Europe sur le site du YIVO Institute for Jewish Research).

(22) Les centres de mise à mort de l’Aktion Reinhard sont tous évoqués, mais pas une seule fois le nom d’Auschwitz n’est cité dans le livre.

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