féminisation du métier d'enseignant

Il y a encore 50 ans à l’école primaire on rencontrait 54% de femmes enseignants et 46% d’hommes. Une quasi parité professionnelle. Mais aujourd’hui…? Aujourd’hui l’école primaire comporte 82% de femmes dans l’enseignement. Et si on ne considère les chiffres que de l’enseignement privé ça monte même à 91%. Comment vous dire!? Étant moi même enseignant dans le privé on se sent seul pour le coup…

enseignante

1.     Faut-il s’en inquiéter ?

Tout d’abord de nombreuses études indiquent que les garçons réussissent moins bien à l’école primaire que les filles. Celles-ci sont plus studieuses, plus concentrées ce qui explique leur plus grande réussite. Mais des pédopsychiatres, tel Stéphane Clerget pensent qu’ il faut réintroduire des hommes à l’école. Pour Stéphane Clerget, l’école est trop féminine, ce qui peut entrer en contradiction avec la construction de l’identité masculine. Je vous laisse d’ailleurs découvrir une interview sur RTL qu’il avait réalisé sur la question en septembre 2011

En 2008 Marcel Pochard dans son rapport sur les conditions du métier affirmait que les recteurs devraient «veiller à éviter une féminisation totale dont on peut penser qu’elle donne une représentation partielle de la société aux élèves»

Le formateur Jean-Louis Auduc qui a écrit un essai: Sauvons les garçons! affirme pour sa part qu’avec la féminisation des métiers d’enseignement les garçons ne rencontrent plus de modèles masculins auxquels ils peuvent s’identifier.

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2.     Les hommes délaissent-ils autant les métiers d’enseignement?

enseignant

Au niveau de l’école primaire oui!

Tout d’abord parce que le salaire des enseignants sans avoir baissé a décru car il n’ a pas (et de loin) suivit le cours de l’inflation. Ensuite le métier est très connoté « féminin » (à tort d’ailleurs). Beaucoup d’hommes voit le métier de professeur des écoles comme un métier féminin permettant d’avoir un salaire d’appoint à celui du mari (si si on est au XXIe siècle!).

Mais le problème est peut être plus profond, avec un concours qui s’est durci et qui nécessite une formation universitaire plus longue et réussie. Or à l’université on trouve jusqu’à 70% de femmes dans les filières lettres ou langues, sciences humaines et sociales. De plus on valorise le choix d’une femme qui choisit ce type de métier et qui va « pouvoir concilier vie professionnelle et vie familiale » alors que dans le même temps on dénigre le choix d’un homme à vouloir faire de même.

Cependant comme le dit très bien la sociologue de l’éducation Marlène Cacouault il existe des « niches masculines » dans l’enseignement. Les chef d’établissement ou les inspecteurs sont par exemple sur-représentés en hommes!

Il y a donc encore des hommes dans l’enseignement mais ils convoitent très vite les postes avec plus de responsabilités ou de pouvoir. Je vous invite à lire l’excellent article de Marlène Cacouault: La féminisation de l’enseignement en France, des faits et des préjugés

Et puis il y le nom même de l’école des touts petits: l’école maternelle. Certains s’inquiètent de ce nom qui stigmatiserait un homme y travaillant. Une députée : Sandrine Mazetier a d’ailleurs proposé, il y a peu, d’abandonner ce nom d’école maternelle qui serait «trop sexiste» selon elle. «La maternelle, c’est une école. Ce n’est pas un lieu de soin ou un lieu de maternage. C’est aussi un lieu d’apprentissage», argumente-t-elle, en précisant que dans ce mot il y a «mère», ce qui renvoie spécifiquement et exclusivement aux femmes. Enfin, elle ajoute que la responsabilité de l’éducation nationale des enfants est partagée entre les parents, et qu’elle n’est pas la spécificité des femmes

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3.              Pourquoi plus d’hommes et comment surtout ?

Alors pourquoi lutter contre l’inexorable effritement des effectifs masculins ? Personnellement, je ne pense pas qu’un homme ait plus d’autorité qu’une femme comme je l’ai vu écrit dans de nombreux débats sur le retour de l’autorité à l’école. Mais les hommes apportent une sensibilité autre, une approche qui peut permettre à des enfants (notamment ceux de familles monoparentales) de découvrir d’autres rapports aux adultes et à la société.

Le risque de ne proposer que des « enseignantes » aux élèves peut les empêcher de s’enrichir de toute l’étendue des rapports humains et des rapports si complexes hommes-femmes. Surtout l’arrivée au collège puis au lycée peut être ressentie comme brutale par rapport au cocon que constitue l’école.

Pour le comment, j’ai été très étonné en me documentant sur le sujet que nos amis québécois aient poussé bien plus loin que nous le débat en allant jusqu’à s’interroger sur de la discrimination positive envers les hommes à l’embauche dans les métiers de l’enseignement. Je ne suis pas sûr que cela puisse constituer une évolution bénéfique pour notre métier – voir cette vidéo sur la discrimination positive au québec) – cela étant dit, il existe de telles discriminations positives pour que les femmes intègrent des corps de métiers jusque là réservés aux hommes, alors pourquoi pas l’inverse. Mais rien n’est tranché au Canada comme l’atteste cet article. En effet, les formes de discrimination positive pratiquées au bénéfice des femmes l’ont été pour leur permettre d’intégrer des corps de métier où on leur refusait l’accès. Côté enseignement rien n’empêche les hommes de postuler… Il y a juste panne de vocation.

Personnellement je pense qu’il faudrait:

A bon entendeur.

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Si vous souhaitez aller plus loin voici quelques excellents articles ou vidéos:

 

3 réponses

  1. Bonjour, je m’appelle Maydison, je suis au lycée Fabert en classe de 1ere ES et je vais présenter dans 1 mois mon TPE :  » être femme dans l’éducation publique depuis 1968″ .
    J’ai trouvé votre article très intéressant qui m’a beaucoup aidé. Toutefois j’aimerais savoir si il y aurait possibilité de vous poser d’autres questions sur le sujet.

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