L’enfant-roi, victime de son pouvoir ?

Bonjour à tous,

En ce moment je suis en formation de direction et nous avons eu aujourd’hui une intervention de madame Christiane Durand membre de l’observatoire national de la pédagogie pour l’enseignement catholique. Son intervention m’a tellement marqué que je souhaitais la partager avec vous.

Le question abordée aujourd’hui sera donc la suivante : L’enfant-roi est-il une victime inconsciente de son pouvoir ?

L’enfant-roi, victime de son pouvoir ?Nous le constatons tous de plus en plus, que ce soit dans les familles ou à l’école, le phénomène de l’enfant roi progresse. Ces petits bouts en viennent à tyranniser leurs parents, à rendre leur vie impossible. Il n’est pas rare de voir des enfants imposer leur « timing », leur volonté, leur emploi du temps à des parents dépassés.

L’école tente, tant bien que mal, de casser ce modèle et de rappeler à tous ces enfants « centre du monde » qu’ils ne le sont justement pas et qu’il faut bien tenir compte de chacun comme entité d’un groupe et surtout pas comme membre exclusivement individuel. Mais il faut se rendre à l’évidence : il est de plus en plus courant de constater sur une classe de 25-30 élèves la présence d’une dizaine d’égos bien fixés et d’enfant « trop écoutés » chez eux. L’enfant-roi enfonce les portes de l’école.

Mais alors pourquoi ?

D’où vient cet enfant-roi ?

Quelle part de responsabilité ont les parents?

Quelle part de ce phénomène d’ enfant-roi repose sur l’évolution même de notre société?

Madame Christiane Durand a répondu à bon nombre de ces questions ce matin et je vais essayer ici d’en synthétiser le contenu. Elle a tout d’abord rappelé que ce phénomène trouvait sa cause dans :

 

1. Le statut même des enfants aujourd’hui

 

En effet, nous sommes passés d’une société où l’enfant naissait naturellement d’une union, que ce soit désiré ou non, comme une conséquence de chaque couple à une société où les enfants d’aujourd’hui sont des « enfants du désir ». On les a tant « voulus », à un moment lui même voulu, à les observer sous tous les angles à coup d’échographies de complaisance. Et lorsqu’ils sont là, ils deviennent le tout, le sens de l’existence pour beaucoup de parents.

On les met au « centre » de tout. L’enfant est sacralisé, sa parole également. Certains parents ont pris le discours de Françoise Dolto à la virgule près. L’enfant peut écouter, se mêler des discussions d’adultes, donner son avis, exprimer ses envies ou ses refus. Les adultes se retrouvent à obéir à ceux qui sont justement censés les obéir. Nous agissons comme des « adultes à la solde de nos chers petits tyrans ». Ils ont l’objet de tous nos soins, de toutes nos attentions. Il n’est plus rare par exemple de voir des parents venir réclamer des comptes aux enseignants sur la journée de leur chère progéniture et de donner un crédit bien trop important aux dires de celle-ci, aussi incroyable et invraisemblables soient-ils. Nous lui donnons trop vite également le statut de personne.

De cette place centrale de l’enfant-roi résulte un pouvoir dont il sait abuser.

 

2. Un trop grand pouvoir qui les rend paradoxalement malheureux

 

De la place trop importante qu’on accorde aux enfants, résulte un pouvoir lui même trop grand.

Or l’enfant-roi n’est pas prêt émotivement à l’assumer, car un pouvoir sous-entend des responsabilités et une angoisse sous-jacente . En effet, ce pouvoir exorbitant leur procure une grand source d’angoisse. Ils sont par exemple le centre de tant d’attentions que celles-ci génèrent une attente immense de la part de leurs parents. On attend beaucoup d’eux et une pression s’accroit progressivement. Or cette pression peut les pressuriser au  point de produire les effets inverses à ceux attendus.

À force de « tout avoir », de tout leur donner, les enfants désirent toujours plus et se lassent d’autant plus vite. Ils s’enferment dans un modèle d’éternelle insatisfaction et se frustrent.

En voulant leur « offrir le meilleur de nous même, nous leur offrons peut-être le pire des cadeaux ». Car un enfant a besoin d’évoluer dans un cadre bien posé et affirmé.

 

3. Offrir un « droit à l’enfance » et non pas tous les droits

 

Voilà peut-être la seule vraie réponse à ce phénomène : redonnons à l’enfant-roi un « cadre » et sa réelle place. Ce cadre est nécessaire. Même s’il est contraignant, il est rassurant.

Je renvoie l’enfant à sa place d’enfant. Je lui offre un « droit à l’enfance ». Il n’a pas a être au courant de tout. L’enfant-roi ne pourra être que malheureux s’il n’a même plus sa place d’enfant.

Il ne peut pas s’immiscer dans la vie des adultes, leurs discussions et leurs préoccupations. Il n’est tout simplement pas prêt à recevoir tout ces messages. Nous n’avons pas à tout lui expliquer (sauf en cas de névrose naissante)

Laissons le vivre sa vie d’enfant candide et innocente en l’éclairant pas à pas sur la vie future.

Préparons le progressivement mais ne lui donnons pas les clefs de la maison alors qu’elle est encore sur plan.

Vos chères petites têtes blondes (ou non) sont des enfants et doivent le rester.

A bientôt pour de nouvelles chroniques !

Mathieu Quénée

Professeur des écoles -Ludologue et maître tuteur

Si vous souhaitez relire mes anciennes chroniques cliquez ici : Mes chroniques parues pour le webpédagogique

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Image en une : © cherezoff / Shutterstock.com

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Une réponse

  1. J’ai malheureusement un gros doute concernant la phrase : « L’école tente, tant bien que mal, de casser se modèle ».
    Il me semble que les enseignants, du moins majoritairement, essayent tant bien que mal de s’opposer à ce modèle.
    Concernant l’institution, elle se montre de plus en plus complice, et c’est très regrettable !

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