Le colloque « Le droit des élèves présentant des troubles des apprentissages d’être accompagnés collégialement », organisé par le docteur Pouhet, spécialiste du sujet, a rassemblé plus de 400 personnes. Il était question du lien entre l’école, la famille et les professionnels spécialistes des troubles des apprentissages, lien si difficile à créer, mais pourtant possible et nécessaire.
Car « les dys sont les troubles qui se situent à l’exacte intersection du pédagogique et du neurologique » a démontré judicieusement le docteur Michèle Mazeau.

dys- ou difficulté ?
Difficulté scolaire ou trouble des apprentissages : distinction et prise en charge

Un enseignant dans sa classe aura en moyenne trois enfants présentant des troubles dys-. Souvent démuni, il a besoin de comprendre l’enfant pour  le « traiter » de la façon la plus efficace possible. C’est la bientraitance.

L’orthophoniste, le psychomotricien, l’ergothérapeute, le psychologue ou le neuropsychologue, le graphothérapeute ou l’orthoptiste n’a pas seulement une mission de rééducation, il doit cibler au mieux les besoins de l’enfant, pour proposer une prise en charge visant une rentabilité en situation scolaire. Le projet de l’élève doit être construit de façon coordonnée et inclure des aménagements qui permettent de compenser le handicap au plus tôt. Multiplier les rééducations est parfois source de grande fatigue pour l’enfant. Et la fatigue, c’est l’ennemi numéro 1 de l’apprentissage !

Un point important souvent soulevé par les enseignants a été abordé : la présentation du trouble à la classe permet de justifier les outils palliatifs car les autres élèves ne comprennent pas toujours pourquoi l’enfant « dys » a un ordinateur, une AVS ou des travaux aménagés… Quand les professionnels du soin peuvent préparer avec l’enfant cette présentation et se déplacer dans la classe, c’est idéal (expérience conduite et partagée par l’équipe du sessad DELTA 16). Une mise en situation de toute la classe permet la compréhension et le regard bienveillant de chacun pour une ambiance de classe tournée vers l’entraide plutôt que vers l’exclusion. Pour les élèves, mieux comprendre la différence, c’est le premier pas vers la tolérance. Pour l’enseignant, comprendre la difficulté, c’est se donner les moyens d’y remédier.

Il est donc essentiel de faire du lien entre ces deux mondes si différents, entre l’enseignant qui a appris à ne pas « faire de différences » entre ses élèves – par souci d’égalité, mais aussi parce qu’il doit gérer une classe entière – et le spécialiste qui a appris à déceler la différence de son patient, et qui travaille sur le trouble afin qu’il nuise le moins possible à ses apprentissages. Les aides qu’il partage avec l’enseignant visent à rétablir l’équité. Un langage commun mériterait d’être élaboré pour que ces deux mondes puissent communiquer, car le temps de cet échange ne peut être que du temps gagné pour tous. Non seulement du temps gagné, mais aussi et surtout pour l’enfant, une souffrance évitée, une estime de soi sauvegardée, un accès aux apprentissages rendus possible.

Dys- Dr Pouhet
Difficultés scolaires ou troubles dys- ? p.18

Dans cet esprit, un petit ouvrage destiné aux enseignants, écrit par Alain Pouhet et Michèle Cerisier-Pouhet, vient de sortir chez Retz.

Rapide et facile à lire, il se présente comme un outil très sympathique, plein de couleurs et de schémas qui donnent accès à une compréhension instantanée.
« Il ne s’agit pas de médicaliser l’échec scolaire mais de promouvoir un éclairage complémentaire et synergique pour aider ces élèves. » Mission accomplie puisque l’éclairage est lumineux et la synergie explicite.

150 pages divisées en cinq parties :

  1. Difficultés scolaires et troubles Dys-
  2. Fonctions cognitives et conséquences dans les apprentissages en cas de déficit
  3. Fonctions cognitives et mise en œuvre en classe
  4. Aider les élèves Dys-
  5. Analyser une situation

Nous aurons tendance à nous rendre directement à la quatrième partie pour  trouver une boîte à outil directement exploitable : c’est bien le cas !? Mais les auteurs préviennent : il ne s’agit pas tant d’appliquer des recettes que d’apprendre à se poser les bonnes questions au bon moment. Et les pages qui précèdent sont aussi importantes puisqu’elles nous permettent de comprendre les notions de fonctions cognitives, de trouble, de double tâche, de compensation… qui nous aideront à élaborer les aménagements nécessaires.

La compensation (étymologiquement « équilibrer ») du handicap scolaire permet à l’enfant de travailler, de raisonner, de résoudre des problèmes en s’y prenant différemment quand c’est nécessaire. Compenser, c’est permettre de faire pareil mais autrement, il ne s’agit pas de diminuer les exigences mais de permettre à l’élève de viser tous les savoirs du programme scolaire, de lui donner la possibilité d’y parvenir en palliant ses incompétences.

Cet ouvrage est une belle illustration de ce qu’est la compensation puisqu’il nous permet de pallier notre incompétence (due au manque de formation et non à une particularité cognitive !) face aux troubles des apprentissages : et comme toujours quand on améliore notre prise en charge de la difficulté, on améliore notre enseignement pour tous !

Pour feuilleter les premières pages : cliquez ici !

Pour accéder au diaporama d’Alain Pouhet cliquez là !

Une chronique de Claire Nunn

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