Prononciation et grammaire, y’a du boulot…
I don’t speak English, I’m sorry ma biche, I don’t speak English no I am just a quiche… En préambule à ma chronique, ces quelques paroles du groupe Les yeux d’la tête, qui narre les mésaventures d’un jeune homme maîtrisant mal l’anglais. Conséquences : il n’arrive ni à faire du rock n’ roll ni à draguer des Américaines. Même si ces raisons d’apprendre l’anglais sont rarement évoquées en classe, elles ne sont pas les moins mauvaises. Bref, je m’égare, mais c’est bavard un prof, en classe, sur des copies et même dans des chroniques, well, well, well…
Figurez-vous que cette chanson, je l’ai passée en classe, à des Terminales et pour la plaisanterie, un samedi matin où nous étions tous un peu fatigués. Pourquoi ? Pour la blague bien sûr, sans moquerie envers qui que ce soit mais pour sensibiliser les élèves à la nécessité d’avoir une bonne prononciation en anglais, pour le bac notamment. Car quand j’entends des grands dire : « Zeu text iz aboute eu manne… » à un mois de l’examen oral, je suis partagée entre envie de rire et de pleurer.
Certains élèves m’avouent, riant eux-mêmes de leurs difficultés : « Madame, je le fais pas exprès, j’ai un accent nul. » Auquel cas, je réponds : « Je me fais un challenge personnel de changer tout ça ». S’ensuit une petite scène de théâtre : imitation d’un Anglais parlant français, visualisation d’une idole anglophone puis go… Gros effort de prononciation. Le résultat n’est pas toujours miraculeux mais ça décomplexe un peu, un objectif est donné, d’autant que c’est un problème courant chez des élèves dont le niveau écrit est correct et qui sont motivés. De plus, je ne cesse de dire : « Un accent trop peu authentique, ça fait baisser la note du bac. » Nos grilles comptent en effet quelques points incluant la prononciation. Mais le vrai problème à mon avis, c’est le (mind the) gap entre l’anglais appris et parlé à l’école comparé à l’anglais de là-bas (Angleterre, États-Unis…). Je me dis parfois que les jeunes qui auront la chance de voyager se diront : « Zut, on m’a berné depuis la primaire, on m’a appris une autre langue. » Car en matière d’accents, il y a je crois autant de profs que de manières de parler anglais, j’exagère à peine, passons.
Autre cas de figure, récent mais récurrent : les élèves ont une prononciation moyenne, je les reprends en leur demandant d’exagérer pour faire plus authentique. Et là, j’entends (souvent d’ailleurs) : « Oui, mais les autres ils vont dire que je me la pète. » Ma réponse invariable : « Pétez-vous la maintenant car sinon, vous n’allez pas pouvoir improviser pendant votre oral de bac ce super accent qui fait envie aux autres… » Et ça désamorce un peu la situation. Parfois, le résultat est bluffant, entrecoupé de rires mais, c’est gagné comme le chante la prof d’anglais télévisuelle Dora l’exploratrice.
Je ne m’étendrai pas très longtemps sur le problème de la grammaire car on n’a plus le droit d’en faire en tant que telle à peu de choses près. Ne souhaitant pas dire de bêtises, je ferai donc short là-dessus ; toujours est-il qu’un petit rappel à coup d’exos de grammaire ou livre de grammaire ne nuit jamais (sans oublier les règles importantes pour lesquelles un exemple piqué à une chanson marche bien voire la chanson elle-même, je pense aux verbes irréguliers de Fluency MC). Car quand le cumul accent pas terrible et maîtrise de la langue pas terrible est là cela donne un mix linguistique pas possible que même un prof francophone ne peut pas décrypter avec la meilleure volonté du monde. On nous demande pourtant de faire preuve de bienveillance dans les évaluations et de prendre en compte le désir de faire passer le message mais parfois, malgré tout cela, le message ne passe pas…
Il y a des jours où je me dis qu’enseigner l’anglais ne sert à rien car corriger parfois des devoirs écrits ou des enregistrements sans une phrase correcte me déprime. Il y a d’autres jours où je me dis justement qu’il y a beaucoup de boulot, et heureusement des profs veri motivatède.
Saint-Cloud vers Limoges pour vos « comments »… Cet après-midi, j’ai eu droit à un « p*** » au lieu de « put » dans une lecture à quinze jours des oraux de bac (c’était drôle, quoique… comme les « industraï », les « ministraï » entendus par un autre plus tard) ! Avez-vous des manières de faire travailler la prononciation qui marchent à tous les coups ?!