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Cette année, j'ai testé pour vous…

… les évaluations différenciées

Groupes

 

Avec l’esprit de contradiction qui me caractérise, je me suis lancée dans les évaluations différenciées juste après une « formation » scandaleuse de non sens (d’où les guillemets) à ce sujet. Après avoir subi les logorrhées interminables du formateur qui ne m’ont pas fait progresser d’un iota sur la question, je m’y suis mise… toute seule.

Alors, concrètement, comment ça se passe ?
Ce que je m’apprête à vous dévoiler n’engage que moi, bien sûr !
L’idée était de trouver une façon de différencier qui ne soit pas chronophage, seule manière de tenir la durée, et de ne pas abandonner après la première fois.

Voilà comment je fonctionne :

  • Étape n°1 :
    Ouvrir un document texte, et créer un tableau avec trois colonnes : niveau 1 / niveau 2 / niveau 3.
    L’idée étant que le niveau 2 corresponde au niveau « normal » de ce que je suis en droit d’exiger à la fin d’une séquence, par exemple. Le niveau 1 se doit donc d’être moins difficile, et le niveau 3, plus exigeant. En français, je pars toujours d’un texte littéraire. Tous les élèves auront donc le même texte, mais ils auront des questions et des activités différentes selon leur niveau.
  • Étape n°2 :
    Remplir la colonne « niveau 2 ». Si vous avez des éléments déjà prêts (issus par exemple de l’année précédente), c’est le moment de les mettre. Puis compléter jusqu’à obtenir l’évaluation complète.
  • Étape n°3 :
    Remplir la colonne « niveau 1 ». Ici, deux axes majeurs de travail sont possibles : tout d’abord, on peut décider d’enlever des questions. En général, les élèves qui font le niveau 1, ce sont ceux aussi ceux qui sont plus lents que les autres. L’autre possibilité est de simplifier les questions, en explicitant davantage ce qu’on demande ou en redonnant la définition d’un mot clé de la consigne (par exemple rappeler ce qu’est un champ lexical).
  • Étape n°4 :
    Remplir la colonne « niveau 3 ». Là, on se fait plaisir, on pousse l’analyse plus loin, on va chercher des petits détails dits à voix haute et pas forcément notés dans les classeurs… de l’histoire littéraire… des subtilités dans le texte. Ici encore, deux axes possibles : je peux décider de « complexifier » une question de niveau 2, ou bien j’ajoute des questions. Voilà un petit exemple de ce à quoi peut ressembler mon tableau préparatoire :

    Niveau 1

    Niveau 2

    Niveau 3

    1) Relis cette phrase :

    « Tiécelin, saisissant l’occasion, prend un deux plus beaux fromages dans son bec et reprend son vol. »

    a) Recopie la phrase et souligne les deux verbes conjugués.
    b) A quel temps sont-ils conjugués ?
    c) Rappelle la définition de la « valeur d’un temps ».
    d) Dans cette phrase, quelle est la valeur du temps employé ?

    1) Relis cette phrase :

    « Tiécelin, saisissant l’occasion, prend un deux plus beaux fromages dans son bec et reprend son vol. »

    a) Recopie la phrase, souligne les verbes conjugués, et indique le temps utilisé.
    b) Qu’appelle-t-on la « valeur d’un temps » ?
    c) Dans cette phrase, de quelle valeur s’agit-il ?
    d) Quelles sont les 3 autres valeurs vues en classe ?
    e) Pour chaque valeur, relève un exemple dans le texte.

    1) Qu’appelle-t-on « valeur d’un temps » ?

    2) Combien le présent a-t-il de valeurs ? Pour chaque valeur, trouvez un exemple dans le texte que vous recopierez.

    3) Pour l’auteur, quel est l’intérêt de varier les valeurs dans son texte ? Justifiez votre réponse en citant le texte.

  • Étape n°5 :
    On relit tout ça et on prépare un barème. L’idéal est d’avoir un barème simple, car le but n’est pas de perdre du temps en correction, puisqu’il y aura potentiellement 3 barèmes différents. Puis on copie/colle le contenu de chaque colonne dans un document différent pour chaque niveau et on imprime le nombre voulu pour chaque niveau.
  • Étape n°6 :
    Ah ! Justement ! Le nombre ! Comment on choisit qui fait quoi comme niveau ? Quand c’est la première fois que les élèves font une évaluation différenciée, deux solutions s’offrent à vous :

    • Décider à la place des élèves de qui est en niveau 1, 2 ou 3.
    • Laisser les élèves décider (en influençant un peu leur choix si vous voulez !).

Personnellement, je leur ai laissé le choix la première fois, en leur rappelant bien que de toute façon, le but était que tout le monde finisse au niveau 3 (même si c’est complètement utopique) et que je comptais sur eux pour être réalistes. Et si un super bon élève réclamait le niveau 1, je lui donnais le niveau 3 sans négociation possible. Puis, une fois l’évaluation différenciée corrigée, j’affiche dans la salle un tableau avec 3 colonnes, et je colle à la patafix les noms des élèves dans les colonnes correspondants à leurs résultats à l’évaluation. Il va s’en dire qu’un petit malin qui avait pris niveau 1 et qui a eu 18/20 passe d’office au niveau 2… Ainsi, lors de la prochaine évaluation, je sais directement combien de niveau 1 je dois imprimer, etc., et il n’y a pas de négociation possible.

Certains me diront : « mais, du coup, est ce que tu n’as pas des problèmes de moyennes « trop » élevées ?! » La réponse est : oui… et non. Oui pour la première évaluation, puisque certains se sous-estiment et prennent le niveau 1, et ont par conséquent des notes excellentes qui ne reflètent pas vraiment leur niveau. Mais tout s’équilibre à la deuxième évaluation. Donc, sur une année entière, ça marche très bien (dixit la prof qui a commencé début mars, ha ha !). Trêve de plaisanterie, ce type d’évaluation permet de vraiment remotiver certains élèves, qui sont vraiment fiers lorsqu’ils passent au niveau 2, et permet également de stimuler les très bons, qui ont bien souvent fini 20 minutes avant les autres lors des évaluations « classiques »…

Ah, et une dernière chose : souvent, lorsqu’on parle d’évaluation différenciée, ce qu’on redoute, c’est le temps de correction en plus. Personnellement, j’ai au contraire l’impression d’aller plus vite ! D’abord car je fais attention à construire un barème pas trop casse-tête, mais surtout parce que comme il y a trois groupes, il y a plus de variété et je me lasse moins !

 

Alors ? Vous ai-je convaincu à vous lancer là-dedans à la rentrée prochaine ?! 🙂

Une chronique de Cécile Thivolle-Cazat

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