Être autodidacte

Comme je l’ai déjà dit dans mes chroniques précédentes, je suis une prof autodidacte. Tombée dedans par – un heureux – hasard.

collegues

La première année, j’étais vacataire, à temps partiel. Cela correspondait bien à mon sentiment de ne pas en être complètement, de tâtonner. Mais dès la deuxième année, je signais un contrat qui me disait « enseignante » et à temps plein… plus d’excuse donc ! Plus moyen de dire « je ne suis pas vraiment prof », à moins de se décrédibiliser définitivement aux yeux des élèves, de leurs parents, et de mes collègues !

Mes collègues justement. Ai-je eu de la chance ? Est-ce partout comme ça ? En tout cas j’ai envie de profiter d’une chronique pour les remercier. Car je ne serais pas tout à fait la même prof sans eux…

Les grandes sœurs

La première collègue qui m’a épaulée et conseillée, c’est ma sœur. Alors que nous n’aurions jamais pensé faire un jour le même métier, alors que nous avons beaucoup œuvré pour nous distinguer (jumelles, eh oui !) nous voila profs toutes les deux. Grâce à elle, j’ai eu l’impression de sauter dans le grand bain en douceur, amortie par les montagnes de documents qu’elle m’a e-mailés en pagaille à l’annonce de mon embauche. Elle est souvent la première oreille quand je doute. La première lectrice de ces chroniques, également.

Ensuite sont venues les collègues « un peu grandes sœurs » – même si pas de sang.

L’une m’a montré l’importance de la rigueur et de l’exigence. Elle m’a laissé assister à ses cours quand j’avais l’impression de ne pas savoir inciter mes élèves à participer davantage. Elle m’a encouragée, félicitée, et a toujours positivé. Cette collègue a 20 ans d’expérience, et jamais, jamais, elle ne m’a déconsidérée parce que je n’avais pas le CAPES ou le même statut qu’elle.

L’autre m’a appris la bienveillance, le souci de chacun et de tous à la fois. Elle m’a montré qu’on ne passe jamais assez de temps à faire au mieux pour les élèves. Elle m’a également appris à être une PP engagée, qui ne bâcle pas son heure de Vie de Classe au profit de sa matière. Qui prend le temps. Qui gère les conflits, qui écoute et qui cherche des solutions.

Et tous les autres

Il y a celle qui m’a appris à garder mon petit grain de folie avec mes élèves.

Il y a celui qui m’a montré qu’on ne gagnait pas grand-chose à s’énerver mais qu’à faire preuve de sérénité, on construisait beaucoup.

Il y a celui qui m’a dit que sortir un élève de ma classe n’était pas un échec personnel, mais un passage parfois obligé.

Il y a celui qui m’a appris à me protéger un peu plus et à prendre parfois un peu de distance.

Il y a celui qui me démontre tous les ans qu’on peut être ambitieux même avec des tout-petits.

Il y a celle qui m’a montré qu’apprendre n’était pas qu’une affaire sérieuse.

Il y a celui qui m’a prouvé qu’on ne doit rien lâcher pour obtenir des moyens pour un projet auquel on tient.

Il y a celles et ceux qui me démontrent au quotidien que « équipe » n’est pas un vain mot. Qui se soutiennent quand ça ne va pas. Qui s’unissent quand il le faut. Qui s’admirent et se respectent. Qui se foutent gentiment sur la gueule et qui sont toujours open pour un p’tit apéro débriefing/détente quand il y a besoin (souvent !).

Dans ma petite école du bout du monde, de la maternelle au secondaire, on se serre les coudes. On ne se divise pas en fonction de nos statuts différents ou de nos nationalités, on essaie de comprendre les approches culturelles différentes des uns et des autres. On a le souci de faire front même si on n’est pas toujours d’accord. Faire front pour nos élèves. Leur offrir un lieu où grandir agréable et stimulant. C’est un peu dommage que l’adversité vienne trop souvent de la direction (mais ça, c’est un autre chapitre).

J’ai peut-être de la chance, mais je la mesure ! Et je remercie tous ces collègues dont j’ai croisé la route ! Je vous souhaite les mêmes !

Une chronique de Fanny

2 réponses

  1. Jean-Michel, Je découvre votre article, Fanny, que j’ai parcouru avec grand intérêt. C’est aussi par hasard que j’ai été intégré à l’Aide Sociale et que j’ai commencé sur le tard une petite escapade dans le milieu de l’enseignement. Enseignement Professionnel d’abord, puis Instituteur pour terminer. Tout cela avec la bienveillance d’un Chef des Travaux, mais aussi d’une Directrice qui a cru avant moi en mes capacités d’accompagnement et m’a intégré dans son établissement. Merci à toutes et tous, merci à vous Fanny, car je me sens moins marginal, moins illégitime d’un coup.

  2. Merci Fanny,

    quel beau métier désormais tu réalises. S’il y a bien une chose, et pas des moindres, que tu découvres par le bain de l’enseignement (ce terme est moche), c’est toi même. Il te faudra un jour résister à l’envie de tester tes « pouvoirs » ailleurs.

    Longue vie à toi Fanny !
    Charly

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