reunion

La réunion parents-profs, c’est un moment de la scolarité dont les humoristes se délectent. Beaucoup ont choisi d’en rire (ici François Damiens ou là François Pirette) car la réunion parents-profs peut cristalliser les incompréhensions et les ratés entre les acteurs de l’éducation. Quand le contrat qui unit profs-élèves-parents vole en éclats alors qu’il devrait y être renforcé, c’est du pain bénit pour les caricaturistes. Si l’on est très loin de la réalité, ces sketchs obligent à un constat : offre t-on vraiment aux élèves et à leurs familles des outils pour fixer un nouveau cap et remédier à leurs difficultés ?

D’après les textes officiels, l’objectif affiché de la réunion parents-profs est de « favoriser la réussite des élèves en resserrant les liens familles/professeurs ». L’organisation des ces réunions incombe à l’établissement qui doit proposer par l’intermédiaire des équipes pédagogiques des solutions aux maux scolaires. Un document récemment actualisé de l’École Supérieure de l’Education Nationale fixe les objectifs pour chacun des acteurs, l’institution, les professeurs et les les parents. Bizarrement aucun alinéa ne mentionne les objectifs de la réunion parents-professeurs pour l’élève. Bien sûr, tout le monde sait qu’on y recherche des solutions pour que l’élève progresse et suive une scolarité la plus aboutie possible. Mais si l’on n’implique pas l’élève avant, pendant et après ce temps de réunion comment faire en sorte qu’il saisisse et se saisisse des conseils formulés par l’équipe enseignante. Voici quelques pistes pour donner du sens à la réunion parents-profs et offrir aux élèves et à leurs familles des outils pour mieux comprendre nos attentes.

 

— AVANT LA RÉUNION —

1. Distribuer une feuille de route

Cette année, je vais distribuer aux élèves de 3ème dont je suis professeur principal une feuille de route (voir chronique précédente). Présenté sur une seule page, cet outil d’auto-évaluation rappelle aux élèves qu’il est nécessaire de faire le point sur sa scolarité en fin de trimestre pour identifier les ingrédients qui les feront progresser ou qui manquent à leur réussite. Tout en offrant quelques pistes pour remédier à leurs difficultés, je tâche de baliser le chemin qui les sépare de la fiche de vœux qui déconcerte toujours des familles.

feuille de route

 

Les élèves auront le temps en classe de remplir cette fiche et de fixer leurs objectifs pour le 2ème trimestre, ce qui me permettra de discuter avec certains. Je ramasserai cette fiche, la consulterai et la garderai jusqu’à la réunion parents-profs pour partir du bilan de l’élève, le commenter et l’amender si nécessaire.

 

2. Demander à l’élève d’être présent

Avant de distribuer cette feuille de route, je vais expliquer aux élèves le sens de la réunion parents-profs qui arrive et leur demander d’y participer. Leur présence est pour moi indispensable : nous sommes là pour eux. Cette semaine, un élève m’a dit « Je vais encore me faire allumer ». Il préfèrerait esquiver la réunion pensant qu’elle tient plus du jugement que du diagnostic. Je compte bien qu’il change d’avis d’ici là.

— PENDANT LA RÉUNION — 

1. Partir de choses concrètes : copies, bilan par compétences, bulletin, feuille de route

S’il l’on veut que les parents accompagnent plus efficacement leurs enfants dans leur scolarité, il faut que nous fassions preuve de pédagogie avec eux. C’est pour cela que je pars souvent des productions de l’élève (on peut demander à l’élève d’emmener avec lui sa dernière évaluation) pour commenter ce qui va et ce qu’il faut améliorer. Dans cet esprit, j’ai confectionné un code de correction pour qu’élèves et parents comprennent mes annotations. Ce document est collé dans la cahier d’élèves et nous permet d’avoir le même langage et les mêmes exigences.  Si les élèves disposent d’un bilan de compétences mis à jour, il est temps de cibler des objectifs pour le trimestre suivant.

code de correction

Pour le professeur principal, le bulletin trimestriel sert de point d’appui mais il ne doit pas être l’unique document pour faire rebondir l’élève. La feuille de route remplie par l’élève est alors utilisée comme support pour comprendre la façon dont l’élève juge son début d’année et quels remèdes il compte appliquer. La feuille balise aussi le chemin de l’orientation pour les parents : cette question les préoccupe et il est essentiel de l’éclaircir avec eux.

2. Fixer des objectifs atteignables 

Si l’on demande à l’élève de venir à la réunion, il ne faut pas qu’il la subisse, tête baissée, battant sa coulpe et opinant du chef à chaque remarque. En commentant sa feuille de route, il aura plus de facilités à dire ses difficultés et à se fixer des objectifs atteignables. Mieux vaut ne pas courir trop de lièvres à la fois et recentrer l’élève sur une ou deux disciplines et des points de méthode.

 

— APRES LA RÉUNION — 

1. Revenir sur les engagements de l’élève

La feuille de route est rendue à l’élève le cours suivant la réunion parents-profs. On rappelle à tous qu’ils se sont fixés des objectifs à atteindre. La feuille est collée sur une page cartonnée du cahier ce qui permettra au prof principal de remettre le doigt, si nécessaire, sur les engagements pris par l’élève.

2. Revoir les familles

Revoir les familles d’élèves en difficultés hors du temps de réunion obligatoire est une nécessité. Il faut qu’à chaque moment où l’on voit les parents nous soyons en mesure de proposer une solution aux difficultés rencontrées (les mini-stages, le dispositif relais, …).

Il existe évidemment d’autres pistes pour que la réunion parents-profs porte ses fruits (voir l’expérimentation ci-dessous). Pour l’instant, j’ai partagé cette feuille de route avec mes collègues en charge des classe de 3ème. C’est un outil, pas une solution miracle mais elle peut contribuer à faire avancer l’équipe ensemble et pourquoi pas nous amener à repenser notre façon d’accueillir les parents au collège.

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+ d’infos 

« Et si on changeait la réunion parents-profs ? », une expérimentation intéressante relayée par le site Ecole de demain avec les outils mis en ligne

« Cette année, les professeurs de 6e ont prévu, avec leur principal, de recevoir ensemble les parents de chaque enfant pendant 15-20 minutes. Le professeur principal et trois de ses collègues prennent le temps d’échanger avec l’élève, s’il est présent, et le(s) parent(s). Le professeur principal demande tout d’abord à l’élève puis aux parents son sentiment sur ce début d’année écoulé. Puis il présente le constat de l’équipe éducative sur son travail. Celui-ci est précisé ou tempéré par les trois autres collègues présents. On n’est plus dans l’attribution  de comportements et d’attitudes dans chacune des matières mais on se centre sur l’élève, sur l’enfant : ses difficultés, ses blocages, ses envies, ses facilités. Il en ressort un portrait plus positif de l’enfant. Ainsi la mère de Loïc exprime sa peur que son fils de « n’y arrive pas » et  raconte qu’il faut être derrière lui pour qu’il travaille. Le professeur principal conseille qu’il s’investisse davantage et prenne confiance en ses capacités. Ensuite, à notre demande, Loïc explique qu’en termes d’apprentissage, il se contente de lire ses leçons. Et sa mère d’ajouter qu’il ne le fait qu’en 5 minutes le soir. Nous conseillons alors à Loïc d’apprendre, dans chaque matière, les mots clés et de s’exercer à refaire à l’oral les exercices des cours. Les professeurs d’Anglais, de mathématiques et d’EPS précisent, si nécessaire, la méthode ou l’attitude spécifique demandée dans leur matière.« 

Un dossier du Café pédagogique : Faire face aux réunions parents-profs

Un document de l’IUFM de Grenoble sur les relations parents-professeurs

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