Le Méchant Petit Journal des Profs*

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Vous les connaissez ces repas avec la (belle) famille ou avec des potes où vous avez toujours quelqu’un pour évoquer « les profs toujours en grève » et qui laissent un goût amer à ce que vous êtes en train de manger ?

Mais si ! Vous savez : ces repas où en tant que prof-de-service, vous vous retrouvez acculé(e) à balbutier que « euh… nnnon… je suis pas tout à fait d’accord… je euh ne peux pas être d’accord, c’est… euh… réducteur ce que tu dis » mais sans avoir l’argument imparable à dégainer pour pouvoir enfin savourer en paix votre gratin dauphinois.

 

Hé bien, comme vous avez eu la bonne idée de lire le PJP aujourd’hui, ces moments désagréables appartiennent désormais au passé puisque vous trouverez ici non pas un, non pas deux, non pas trois mais… QUATRE arguments démontrant de façon irréfutable que NON les profs ne sont pas toujours en grève.

Pour cela, n’hésitez pas à prendre votre petit ton pointu de prof (vous savez ? Celui que vous utilisez pour demander à Enzo-Arnolphe s’il a si faim que ça pour se curer le nez ainsi) et doctement rappeler tout d’abord que la jurisprudence continue de la Cour de cassation définit la grève comme « la cessation collective et concertée du travail en vue de satisfaire des revendications communes » (le pédagogue en vous identifiera ainsi les connaissances prérequises pour pouvoir solliciter la zone proximale de développement de votre interlocuteur).

En vous appuyant sur cette définition, vous pourrez démontrer point par point que les profs ne PEUVENT pas être « toujours » en grève :

 

PREUVE 1 : Les profs ne peuvent pas « cesser le travail »… puisqu’ils ne travaillent pas.

… Bah oui, Jean-Mi, votre beau-frère, doit être cohérent dans son propre raisonnement vu le laïus qu’il a tenu précédemment sur le thème « les profs qui ont quand même des journées tranquilles par rapport à d’autres métiers qui demandent vraiment du travail » (bravo d’ailleurs si vous avez réussi à ne pas prétexter un geste maladroit pour renverser sur lui le plat de concombres-vinaigrette).

Les profs ne travaillent pas ? Hé bien dans ce cas ils ne peuvent pas « cesser leur travail ». CQFD.

 

PREUVE 2 : Les profs ne peuvent pas se « concerter »… puisqu’ils sont déjà incapables de se concerter sur des questions de base.

…Bah oui, si vous expliquez à Jean-Mi les tensions que peuvent générer des questions comme l’achat de capsules à café pour la machine de la salle des maîtres ou le rangement du matériel dans la réserve d’EPS, il devrait convenir rapidement que les profs seraient en effet incapables de se concerter pour agir ensemble.

Sinon, c’est qu’il a abusé du porto blanc à l’apéro.

 

PREUVE 3 : les profs ne peuvent pas agir « collectivement »… puisque rien n’est plus différent d’un prof qu’un autre prof.

…Bah oui, il est temps de révéler la vérité vraie à Jean-Mi : les professeurs des écoles ne fraient pas avec les ennemis de l’enseignement secondaire et d’ailleurs les profs du collège n’ont pas grand-chose à voir avec les profs de lycée, sans parler du fait que les profs de lycée général ne peuvent pas comprendre ce que vivent les profs de lycée pro… et ne parlons pas des profs de l’enseignement supérieur… d’ailleurs est-ce que ce sont vraiment des profs ceux-là ?

Une fois que vous aurez fini cette tirade, laissez Jean-Mi exprimer sa représentation initiale sur le fait que « les enseignants de maternelle font plus de la garderie qu’autre chose, franchement, y a pas besoin d’avoir fait un bac+5 pour apprendre à coller des gommettes ».

… Si vous avez un votre haut-le-cœur à ses propos, profitez-en pour prendre un peu de citrate de bétaïne avant de passer au dernier argument.

 

PREUVE 4 : Les profs ne peuvent pas avoir de revendications communes… puisque leurs conditions de travail ne sont que joie et bonheur.

Bah quoi ? C’est pas vrai peut être ? Les candidatures aux métiers d’enseignant n’explosent-elles pas  ? Les démissions d’enseignants stagiaires ne sont-elles pas en baisse ? Les enquêtes sur la qualité de vie des enseignants ne démontrent-elles pas un épanouissement complet, sans ombre au tableau ?

 

Oups, je crois que j’ai abusé du Chablis… Bon, et sinon, quelqu’un reveut des côtelettes d’agneau avec son gratin dauphinois ? ????

 

Une chronique de Sophie Pouille

*Une fois par mois, deux enseignants prennent les commandes du Petit Journal. Second degré garanti !

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