Instit et maman à la fois

Quand je suis devenue prof des écoles, mon entourage s’exclamait souvent : « Ah ! Super ! C’est LE métier idéal pour élever des enfants ! »Longtemps, ces paroles sont restées très abstraites pour moi jusqu’à ce beau jour du mois de mars 2017 où je suis devenue à mon tour… MAMAN. Ou plutôt devrais-je dire : « teachmum » !

teachmum

J’étais exclusivement MAMAN pendant mon congé maternité, oui. Mais le 1er septembre suivant, je me suis métamorphosée en hybride… Tiraillée entre la volonté de (bien) faire mon travail sans négliger ma descendance. Et là réside toute la difficulté dans ce métier très prenant.

Avant, mes élèves étaient les seuls enfants qui avaient leur place dans mon cœur tout mou. Aujourd’hui, ils sont sur le paillasson et pour cause, ils ont été délogés par un joli poupon aux joues bien roses.

Adieu bons principes d’instit nullipare ! On revoit ses priorités, Filliozat remplace Meirieu sur votre table de chevet, on troque le cartable contre le sac à langer, le classeur « CAFIPEMF » (oui un jour j’ai eu cette idée saugrenue) est parti aux oubliettes. Mais pas de panique, voici un petit manuel de survie pour la nouvelle maman que tu es ou que tu t’apprêtes à devenir un jour.

Manuel de survie

Oui car…

AVANT : Tu montrais ta frimousse au portail, souriant fièrement aux parents. Ces derniers toujours fidèles au poste pour venir te tenir la jambe.

AUJOURD’HUI : Tu annonces la couleur à ta réunion de rentrée. Aucune entrevue à la volée, l’heure c’est l’heure ! D’ailleurs, tu prends garde à tenir une distance de sécurité avec le portail. Ton poupon que tu dois récupérer à l’autre bout de la ville la plus embouteillée de France n’a pas à patienter sous prétexte que Jean-Rayan a fait des siennes. Bien sûr, tu donnes les jours où tu peux recevoir les familles mais uniquement sur rendez-vous. À 16 h 32 tu es dans ta voiture.

AVANT : Tu pestais contre les profs qui avaient toujours leur portable allumé en classe. Non mais c’est vrai, montrons l’exemple bon sang !

AUJOURD’HUI : Ton téléphone est planqué derrière une pile de cahiers. DÈs que tes élèves sont au travail (ou pas) tu « zieutes » la dernière photo du poupon envoyée par ta nounou. Cœur chamallow garanti, même si Jean-Rayan se cure le nez avec son stylo rouge.

AVANT : Tu n’enviais pas tes collègues à temps partiel car tu trouvais que partager sa classe avec quelqu’un d’autre, c’était vraiment la loose.

AUJOURD’HUI : Tu te damnerais pour être à 50 ou 80 %, quitte à manger des pâtes le restant de ta carrière.

AVANT : Tu étais toujours la première arrivée à l’école. Tu faisais ton stock de photocopies pour la semaine en toute sérénité.

AUJOURD’HUI : Tu es parmi les dernières à franchir le portail et tu as enseigné l’art de la photocopie à la fille d’une collègue que tu as dans ta classe. Si tu devais la payer à chaque fois que tu l’envoies en faire à ta place, elle aurait de quoi se payer le permis de conduire à 18 ans (et ta collègue te dirait merci !).

AVANT : Tu choisissais soigneusement tes animations pédagogiques en fonction de tes besoins et de tes lubies de jeune enseignante se voulant innovante.

AUJOURD’HUI : Magistère est ton meilleur ami… peu importe le thème, du moment que tu peux avoir un semblant de formation entre deux biberons à la maison.

AVANT : Ton cahier journal était parfois photocopié par l’inspecteur et montré en exemple en formation.

AUJOURD’HUI : C’est une feuille volante écrite à la main que tu dissimules honteusement dès qu’un stagiaire s’approche trop près de ton bureau.

AVANT : Ta classe tournait.

AUJOURD’HUI : Ah ben tiens ! Ta classe tourne toujours !

Bref ! Je suis « teachmum » !

À méditer…

Une chronique de Céline P

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