La parité contre les clichés
L’année dernière, j’ai commencé à prendre conscience que, malgré moi, le cours de français véhiculait des clichés genrés, et n’était pas du tout un modèle en terme d’égalité homme-femme. J’ai donc décidé de changer des petites choses, petit à petit… Je vous raconte ?
Une de mes premières actions a été d’appliquer une stricte parité quant au transport d’objets « lourds » : les dictionnaires, au hasard ! En général, quand il s’agit de les distribuer, les garçons se jettent sur cette opportunité de montrer leurs muscles. Or, soyons honnêtes, les biceps d’un garçon de 6e, voire de 5e, n’ont rien de plus que les biceps d’une fille ! Et en 4e… Les hormones commencent à faire leur office, certes, mais nous parlons de dictionnaires, pas de sacs de ciment. Donc hop, à chaque fois, un garçon ET une fille. Et je n’hésite pas à reprendre gentiment mais fermement les collègues qui lancent à la cantonade des phrases du genre « il me faudrait deux garçons forts pour porter cette caisse de livres», et leur envoie illico presto un garçon ET une fille (de même taille, c’est mieux ^^).
Conjugaison, grammaire et ordre alphabétique
Et tiens, si je m’écoutais parler, un peu ? Pourquoi dire « un garçon et une fille » ? Si je respecte l’ordre alphabétique, ce serait mieux de dire « une fille et un garçon », non ? Et je pourrais aussi dire égalité « femme-homme », peut-être ?
Et tiens, quand on fait de la conjugaison : pourquoi réciter « je/tu/il/nous/vous/ils » ? Pourquoi ne pas choisir de dire « je/tu/elle/nous/vous/elles » ? D’autant que pour les temps composés, c’est pas mal pour se rappeler que le participe passé s’accorde avec le sujet en cas d’utilisation avec l’auxiliaire être. 🙂 Pour le cas de la conjugaison, j’ai donc décidé d’appliquer, encore une fois, la neutralité de l’alphabet : quand on récite l’ensemble des pronoms personnels, on dit donc « je/tu/elle/il/on/nous/vous/elles/ils ». Et quand on récite des conjugaisons, j’ai coupé la poire en deux, et nous faisons donc selon le modèle suivant : « je/tu/elle/nous/vous/ils ».
Et tiens, quand on fait de la grammaire ? Là, je vous l’avoue, c’est ma petite minute machiavélique ! Depuis l’année dernière, en effet, à chaque fois que j’invente un exercice, ou une phrase d’exemple pour illustrer un concept grammatical, je m’ingénie à déconstruire les clichés du genre, ni vu, ni connu, pour faire germer de nouvelles représentations dans la tête de mes élèves :
- Mon père prépare des lasagnes au fromage.
- Maëva courut tout le long du trajet : elle voulait arriver le plus tôt possible à son cours de boxe thaï.
Alors, certes, ce n’est pas grand-chose, mais je me dis que les petits ruisseaux font les grandes rivières ! Et quand j’entends mes élèves filles de 4e se révolter contre le barème « adapté » qu’elles ont en sport (!), je me dis qu’on est sur la bonne voie… Et vous, comment vous faites ?
(à suivre !)