Comment les faire acquérir à vos élèves ?

Un article paru sur le site du journal Le Monde ce jeudi 22 novembre rapportait un certain nombre de réserves suscitées par la réforme du baccalauréat. Parmi elles, « la « faible » prise en compte des « savoirs être », ces soft skills – ou « compétences douces » que sont l’esprit d’équipe, le travail collaboratif, l’estime de soi… – déjà intégrées par bon nombre de nos voisins dans la conception des programmes[1]. »

Que recouvrent exactement ces compétences ? En quoi sont-elles indispensables aux élèves ? Comment pourrait-on les intégrer dans le système scolaire ? Telles sont les trois questions auxquelles mon dernier essai, « Le Potentiel caché de votre ado », publié aux éditions Eyrolles, cherche à répondre. Voici quelques pistes pour nourrir la réflexion sur ces trois points.

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Compétences « douces » ou compétences « de vie » ?

Les compétences « douces » ou « soft skills » s’opposent aux compétences « dures » ou « hard skills ». Ces dernières désignent les connaissances et les savoir-faire acquis à travers des enseignements, que l’on peut évaluer notamment par des notes et des diplômes. Elles constituent donc le cœur de nos disciplines scolaires, et seront plus tard mises en avant dans les curriculum vitae de nos élèves. Ainsi, et selon les études menées : la maîtrise de la dactylographie ou de tel logiciel, un certain niveau en langue étrangère ou en comptabilité, la connaissance des textes législatifs ou du corps humain, etc.

À première vue, les hard skills seules permettraient à un individu de réussir ses études puis de trouver un emploi. Pourquoi donc s’embarrasser d’autres compétences ?

Parce que nous ne sommes pas des robots, et que si les « soft skills » sont moins quantifiables, elles s’avèrent tellement essentielles qu’on les appelle aussi… les « life skills », c’est-à-dire : les compétences de vie.

Elles recouvrent principalement 5 domaines :

Quel lien avec la scolarité ?

Parce que ces compétences touchent aux aspects émotionnels et relationnels des individus, les Anglo-saxons les appellent tout simplement les compétences socio-émotionnelles ! En France, on leur préfère encore le terme de compétences psychosociales (CPS). Mais quel que soit le nom qu’on leur donne, est-il encore nécessaire à ce stade d’expliciter en quoi elles sont indispensables à l’école, et plus largement, dans la vie ? N’est-il pas évident qu’un élève qui sait gérer son stress, différer les gratifications immédiates, échanger et collaborer de manière constructive avec ses pairs, se fixer des objectifs réalistes ou encore solliciter de l’aide en cas de difficulté aura plus de chances de réussir scolairement, mais aussi de s’épanouir socialement et individuellement ? D’après Santé Publique France, l’agence nationale de santé publique, « il est avéré par les études scientifiques que des comportements à risque pour la santé tels que la prise de substances psychoactives, les comportements violents ou les rapports sexuels à risque (non protégés) sont plus fréquents lorsque leurs auteurs ont des compétences psychosociales peu développées[2]. » Travailler ces compétences avec les élèves permet en outre d’agir de manière positive sur le climat scolaire, dont on connaît l’importance sur la qualité des apprentissages… N’en jetez plus !

Quel est le rôle de l’école dans leur acquisition ?

Les programmes de l’Éducation nationale intègrent bien, à différentes étapes de la scolarité, les compétences socio-émotionnelles, au travers notamment des cinq domaines du socle commun de connaissances, de compétences et de culture entré en vigueur en septembre 2016. Quelques exemples :

Domaine 1 : les langages pour penser et communiquer. « L’élève écoute et prend en compte ses interlocuteurs. »

Domaine 2 : les méthodes et outils pour apprendre. « L’élève apprend à gérer un projet, qu’il soit individuel ou collectif. Il en planifie les tâches, en fixe les étapes et évalue l’atteinte des objectifs. »

Domaine 3 : la formation de la personne et du citoyen. « L’élève est attentif à la portée de ses paroles et à la responsabilité de ses actes. »

 

Les programmes scolaires affichent ainsi une réelle volonté de développer les compétences socio-émotionnelles chez les élèves, puisque comme le stipule explicitement le Code de l’éducation, « la formation scolaire favorise l’épanouissement de l’enfant, lui permet d’acquérir une culture, le prépare à la vie professionnelle et à l’exercice de ses responsabilités d’homme et de citoyen. Elle constitue la base de l’éducation permanente[3]. »

Cependant, si elles apparaissent explicitement dans les programmes scolaires, leur enseignement demeure implicite : qui se charge de les faire travailler ? Sur quel temps les éducateurs rencontrent-ils les élèves pour les aborder ? Selon quelle progression ? À partir de quelles activités ? Quels enseignants sont formés à cela ?

Souvent, c’est quand un problème éclate que les adultes prennent le temps de les aborder avec les jeunes, alors même qu’il faudrait les travailler bien en amont. Mais on le voit, entre le poids des programmes, les emplois du temps surchargés, le nombre d’élèves par classe, l’absence de formation et de ressources pédagogiques, les freins sont encore nombreux pour que l’école s’empare de manière constructive de ces compétences et que tous les élèves puissent en bénéficier.

Une chronique de Nathalie Anton

Le Potentiel caché de votre ado : découvrir ici.

[1] https://www.lemonde.fr/education/article/2018/11/21/les-enjeux-du-lycee-a-la-mode-blanquer_5386291_1473685.html

[2] Développer les compétences psychosociales des enfants et des jeunes, INPES, 28/04/15.

[3] Article L111-2.

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