Écol-ogie

Bon, il va falloir vous y faire, l’écriture inclusive arrive. Et même si j’émets des réserves quant à la difficulté de lire un texte écrit avec cette nouvelle syntaxe, je reste convaincu du bien fondé de la démarche pour l’égalité homme-femme en pleine évolution. Mais je m’éloigne, alors que je n’ai même pas commencé.

ecolier-ecolo

Ces dernières années, une idée s’est imposée : l’écologie, ou le développement durable, ou la préservation de la nature… nommons-la sous toutes ses formes. C’est bien un changement de société qui s’opère. J’en veux pour preuve que mes jeunes enfants qui apprennent à lire en primaire, le font sur des textes qui les sensibilisent à la cause environnementale. Ainsi, j’ai fait lire mon garçon sur des textes où l’on bannit l’utilisation de l’engrais, où l’on se félicite d’essayer de manger moins de viande, où le héros fait attention à sa consommation d’électricité. Sans parler de tous les projets sur la gestion de l’eau : votre petite tête blonde arrive chez vous avec son réducteur de robinet pour vous expliquer que désormais il va falloir faire mieux pour la dépense d’eau. Le roublard va même jusqu’à rechigner à aller sous la douche sous prétexte de voir baisser votre facture d‘eau alors qu’il est juste réfractaire à ce qu’il adorera dans quelques années, j’ai nommé être propre, sentir bon, avoir une peau douce… Bon j‘arrête, je suis sûr que tous ceux qui ont eu à élever un chromosome XY sont d’accord avec moi.

Sous surveillance

Désormais donc je suis épié, et, dans les moments calmes où je corrige mes copies à la lumière, il n’est pas rare que je voie une main se glisser derrière la porte pour éteindre ma source lumineuse, toujours en arguant d‘écologie et du fait que la lumière d‘une fin de journée d‘hiver pourrait suffire à mon éclairage. Le pédagogue né que je suis argumente alors sur le réel besoin en électricité associé à mon métier et, après quelques débats (je pense que mes enfants seront meilleurs en argumentatif qu‘en narratif), après débats donc, je parviens à négocier mon temps de lumière. Il en est de même pour mes déplacements, que mes enfants m’invitent à faire uniquement en transports en commun. J’ai beau leur expliquer que ce moyen n‘est pas toujours le plus adapté, ils n’en démordent pas, il faut protéger la planète. Par contre, quand je dois en urgence les amener à un anniversaire, le fait de prendre la voiture, qui semblait si polluante il y a quelques minutes encore, apparaît comme une évidence. Ils sont mignons ces petits, avec leurs contradictions d’enfants qui deviendront des contradictions d’adultes.

Alors, qu’on soit bien d’accord, je souscris complètement à l’évidence écologique comme à celle de l‘écriture inclusive. Je ne peux pourtant m’empêcher dans mon quotidien d’enseignant de dire à mes élèves de laisser des espaces dans leur prise de notes, de me rendre des copies propres, dussent-ils pour cela utiliser une feuille simple en plus. Pour rassurer les regards affolés que je devine en pensant à l‘hérésie que je suggère (comprenez, l’abattage d’arbres pour obtenir du papier), je précise qu’en France des arbres sont spécialement plantés et destinés à la papeterie. Donc, en me rendant une copie digne de ce nom, mes élèves ne seront pas responsables, en tout cas pas à cause de leur travail d’écriture, de la déforestation en Amazonie.

Bon je vous laisse car à partir de 20h nous avons pris l‘habitude de couper le wifi et je tiens à vous poster cette chronique d’écolier écolo.

Une chronique d’Octave

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