Après les César et les Oscar…

… il était temps que nous remettions des distinctions au corps enseignant. Je déclare donc ouverte la première cérémonie des Balthazar de l’Éducation Nationale.

Et je vous donne immédiatement les récompenses.

Balthazar du meilleur costume

Pour Qu’un seul tienne et les autres suivront

Racontant les mésaventures de Madame Potié, désirant motiver sa classe de première à s’habiller plus que correctement pour la journée professionnelle. Nous suivrons avec passion comment elle devra convaincre Enzo de retirer pour la première fois son survêtement L*****e qu’il conserve ardemment depuis le début de l’année. Oui, c’est toujours le même puisqu’il semble se mouvoir de manière autonome et odorante.

Balthazar du meilleur décor

Pour Ceux qui m’aiment prendront le train

Les déboires de cet enseignant d’anglais partant avec quarante bambins pour une épopée de 8 heures outre-manche. Monsieur EPS l’abandonnant au début du long métrage pour cause de gastro fulgurante ; le voici seul dans ce huis clos dont il ne sortira sans doute pas indemne (car il ne sait pas encore que, LUI AUSSI, il a la gastro).

Balthazar du meilleur son

Pour Violence des échanges (péda) en milieu tempéré

Quand ce matin Ludovic se rend compte qu’il a oublié sa séquence sur les inégalités socio-spatiales, il décide d’instaurer un débat citoyen avec ses CAP métallier-chaudronnier. Il ne sait pas encore que son heure va virer au cauchemar. À noter que des bouchons d’oreilles étaient distribués avant chaque séance afin de profiter au mieux des borborygmes, éructations et autres flatulences.

Balthazar du meilleur montage

Pour Si tu meurs, je te tue

Une journée entière passée dans les vestiaires d’EPS d’un lycée. Ou comment les jeunes appréhendent la montée à la corde ou le 200 mètres haies, pensant mourir dès leur première suée. Plus particulièrement Théo et Nicolas, qui préparent leur interro d’algèbre de 16h après avoir enchaîné quatre défaites au handball. Leur motivation passera-t-elle au-dessus des effluves acides de déodorants bon marché ?

Balthazar du meilleur court-métrage

Pour J’aimerais pas corriger et crever un dimanche

Quand Fanny regarde ses 80 copies. Dimanche à 14 h 13. Elle se dit qu’elle préfèrerait qu’une météorite s’écrase dans son salon immédiatement pour faire la poussière sur ses meubles. Puis elle range ses copies et va se promener. Court métrage de 3 minutes maximum, générique compris.

Balthazar du meilleur scénario original

Pour Et soudain tout le monde me manque

Qui raconte les vacances de Pâques de ce professeur de mathématiques. Un jour, alors qu’il bine son jardin pour y planter des cucurbitacées, il a cette pensée pour Dylan. Et pour Kevin. Puis pour toute sa classe de seconde. Ses quinze jours de repos vont être bouleversés. À jamais. À noter que ce film est classé dans la catégorie science fiction/fantastique.

Balthazar de la meilleure musique

Pour Parlez-moi de la pluie

Ou l’histoire d’une compétence d’écriture de type imaginative qui va déboucher sur de magnifiques rédactions de quatre lignes. La musique, omniprésente dans le long-métrage, accompagne bien les envolées lyriques telles que : « La pluie ça fait chier, j’ai fait les plaques. » ou encore « Quand il pleut je mate Netflix OKLM me rends pas fou avec ça. ». Terrence Malick a déjà demandé les droits pour une adaptation américaine.

Balthazar du meilleur espoir masculin

Pour Je vais bien, ne t’en fais pas

Patrick, enseignant en PSE arrive au lycée ce matin-là et découvre qu’on a omis de lui dire que son rendez-vous de carrière, c’est ce matin. 8h. Classe entière avec les trente premières SN. Le film démarre sur un long plan séquence de lui en PLS devant la machine à café. On n’a jamais vu une prestation aussi fine, le visage de l’acteur passant de l’effroi au désespoir en quelques secondes. Des spectateurs sont sortis durant la séance, ne supportant pas cette agonie comparable à La Passion du Christ de Gibson.

Balthazar de la meilleure actrice dans un second rôle

Pour Pars vite et reviens tard

C’est la phrase que lance Monsieur Michu, prof d’éco-gestion, à Michel, en l’envoyant chez le CPE. Michel, qui a passé une demie-heure à se gratter les parties intimes devant le PowerPoint de présentation des PMI/PME. Mais le Balthazar est attribué à Léa, la déléguée de classe, qui devra l’accompagner dans tous les étages de l’établissement car Michel fera tout pour retarder sa sentence. La caméra les suit au plus près de l’action, quand ils passent devant la cantine, la salle de muscu, le CDI, l’atelier informatique, la salle des profs, la salle de muscu. Quand Léa sortira du bureau du CPE, il sera 20 h 14.

Balthazar de la meilleure actrice

Pour Je suis heureux que ma mère soit vivante

Long métrage intimiste racontant la vie de Louna, qui, les yeux embués de larmes, va déclarer à son professeur qu’elle n’a pas pu faire son devoir car elle a veillé sur sa mère gravement malade (elle a un « met la nonne »). Mais à la manière d’un Shyamalan, le film se termine sur un twist vertigineux quand l’enseignant remarque sur le FB de la jeune fille qu’elle embrassait la joue de Daisy ce week-end, avec sa maman, radieuse.

Balthazar du meilleur acteur

Pour De battre mon coeur s’est arrêté

Où l’on suit la journée fatidique de monsieur Lopez quand on lui annonce qu’il va être le prof principal remplaçant des troisièmes B, après que Madame Moulard soit partie en dépression (car elle a trouvé des déjections canines dans son sac de cours). Ou comment son quotidien va changer et le propulser du paradis à l’abîme. Le long métrage est interdit au moins de 16 ans et a dû être remonté pour ne pas être interdit aux mineurs.

Balthazar du meilleur réalisateur

Pour Le Premier Jour du reste de ta vie

Sylvie Lingan part à la retraite après 40 ans dans l’Éducation Nationale. Nous suivrons son périple de la France à Las Vegas, puis aux Maldives en passant par les bordels de Jakarta et verrons comment son quotidien est désormais rythmé par la coke, la Suze et les gigolos se travestissant en IEN.

Balthazar du meilleur film et Balthazar d’honneur

Pour deux films du réalisateur Jean-Michel Réformapeuprès : Je vous aime très beaucoup et La Différence c’est que c’est pas pareil

Films documentaires sur la réforme du bac général, technologique et professionnel qui montrent avec brio comment les élèves bénéficient de cours plus adaptés, comment ils travaillent mieux et acquièrent des connaissances en phase avec la société, comment ils deviennent des adultes accomplis, curieux, cultivés. Deux chefs d’œuvre.

 

Une chronique de Frédéric Lapraz

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