Le « mode examen »

Mon fiston, fier de son récent bac scientifique, est venu me voir avec sa belle calculatrice, dite « mode examen », pour me dire que, désormais, il n’en avait plus besoin et que je pouvais la vendre. Je me suis alors plongé avec lui dans mes souvenirs de la naissance de l’objet et je ne peux m’empêcher de « l’avoir mauvaise », passez-moi l’expression.

Beaucoup de bruit…

En effet, si on remonte trois ans en arrière, on nous annonçait l’arrivée en fanfare de cet objet, arme ultime pour décourager les fraudeurs au bac. Ils allaient voir ce qu’ils allaient voir, le nouveau modèle serait infaillible, et les surveillances les jours d’examens seraient une partie de plaisir. Du coup, en classe de seconde, mon jeune ado (Eh oui, ça me fait drôle de penser qu’il est adulte désormais ! Nostalgie quand tu nous tiens…), mon jeune ado donc, rentre un soir en m’expliquant que la calculatrice de sa sœur aînée, « ça va pas l’faire », et qu’il doit impérativement se procurer ce nouvel accessoire, faute de quoi il sera « has been » et n’aura pas la possibilité de passer son bac. Beau joueur, j’ai fait le chèque pour la commande groupée au sein de l’établissement pour avoir cette « machine de course », pour que mon chérubin ne soit pas pénalisé par mon côté économe, voir écolo s’agissant d’utiliser les objets jusqu’à leur terme. C’était sans compter sur l’obsolescence programmée par ces calculateurs que je ne sais nommer.

Car enfin, je vois bien que ce n’est pas l’enseignant de maths qui engrange des royalties sur ledit objet. Le pauvre bougre semble être un intermédiaire plein de bonne volonté qui s’adapte aux réformes successives et qui, m’a-t-il dit, a dû prendre sur ses deniers pour avoir la Ferrari du calcul et préparer ses futures séances. Décidément, je ne connais que des enseignants qui sont obligés de se fournir à leurs frais en matériel de travail, mais bon, ça, c’est un autre sujet. Revenons donc au bijou qui va révolutionner les pratiques. L’idée est que cette calculatrice sera mise en « mode examen » le jour du bac devant le surveillant de la salle, qui rappelons-le n’est statistiquement pas un prof de maths, même le jour de l’épreuve de maths. Ce faisant, tous les fichiers stockés dans la calculatrice seront temporairement indisponibles et tous les élèves seront égaux : le deuxième pilier du triptyque de la République est sauf.

… pour rien.

Sauf que dans la pratique, les p’tits loulous, à l’heure de la tablette, des réseaux, de Youtube, ont vite compris que ce petit verrou numérique était de la roupie de sansonnet à faire sauter. En outre, même en imaginant que ce verrou soit solide, ce qu’il n’est pas, mais même en l’imaginant, la mise en pratique de l’utilisation de cet objet s’est révélée un bide total : je revois encore mon fiston faire toutes ses manipulations pour mettre et enlever le « mode » attendu. Vous m’assaisonnez tout ça à la sauce « pression du bac » et vous obtenez une usine à gaz.

À ma connaissance, ce mode n’a jamais été utilisé et toutes ces nouvelles calculatrices ont été achetées disons… pour rien, enfin pour ceux qui les ont achetées, pas pour ceux qui, fins promoteurs, les ont vendues. Décidément, les calculatrices font la part belle aux calculateurs… qui sont parfois des calculatrices, écriture inclusive oblige.

Une chronique d’Octave

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