En partenariat avec ToutEduc, nous publions les premiers résultats de notre enquête sur les nouveaux programmes du lycée. Vous êtes plus de 500 à nous avoir fait part de votre enthousiasme pour le peu modéré… Ci-dessous l’analyse de l’enquête par Pascal Bouchard, journaliste éducation…
Près de 40 % des enseignants ont pris connaissance « dans le détail » des nouveaux programmes pour le lycée, et 53 % « un peu ». Restent un peu moins de 10 % d’enseignants qui ont répondu « pas vraiment » ou « pas du tout » parmi les 425 professeurs de lycées général et technologique qui ont renseigné le questionnaire que leur a proposé le Web pédagogique. S’y ajoutent 65 professeurs de lycées professionnels ou de collège.
Ils ne sont pas franchement enthousiastes, sur une échelle de 0 à 10, 40 % les notent entre 0 et 3, 38 % leur donnent plus ou moins la moyenne (4, 5 ou 6), et 21 % leur mettent une bonne note. Il est vrai qu’ils ne les maîtrisent pas encore, 30 % carrément pas, 35 % à peine mieux.
A noter parmi les commentaires positifs, « une grande liberté pédagogique », la « continuité avec le collège », et la prise en compte des attendus du supérieur, le dialogue entre disciplines, moins de bachotage, des programmes « clairs, réalistes », « des axes variés », plus d’ambition, la place faite au numérique, à la chronologie en histoire, ou à la grammaire en français, le retour « aux oeuvres classiques », l’arrivée des sciences politiques, de l’écologie. En professionnel, certains citent le co-enseignement.
Mais à la question « quel est pour vous le point positif », beaucoup n’en voient aucun, alors que la colonne « points négatifs » est bien remplie. La disparition des mathématiques du tronc commun est un thème qui revient souvent, un peu plus fréquemment que celle de l’écriture d’invention. Beaucoup dénoncent le caractère « irréaliste » des programmes, ce qui obligera à les « survoler », d’autant qu’ils sont « éloignés des préoccupations des élèves », « encyclopédiques », « trop notionnels » « peu attrayants », « en décalage avec le collège », faisant la part belle au « patrimonial », mais aussi « incohérents », « trop traditionnels », marqués par le retour « à la chronologie et à l’histoire militaire ». S’y ajoutent notamment l’abandon les oeuvres imposées, trop classiques, et le niveau en mathématiques « trop élevé ».
Au total, même s’il faut tenir compte des inquiétudes que suscite tout changement et du conflit qui oppose traditionnellement ceux qui se félicitent de l’élévation du niveau des exigences et ceux qui la déplorent, entre les classiques et les modernes, la part du négatif l’emporte sur le positif. Beaucoup semblent être dans le brouillard, avec deux interrogations sous jacentes : aurons-nous les moyens, en temps et en effectifs ? l’ensemble est-il cohérent ?