De la magie ?

Sans doute avez-vous déjà été confronté vous aussi à cet échec personnel : vous essayez par toutes les stratégies possibles et inimaginables (ou inavouables même !) de faire entrer une notion dans les neurones au cœur de la matière grise d’un de vos élèves mais malgré votre intention, vos efforts et votre volonté, rien n’y fait.

Arrive alors le copain, l’élève voisin, qui en deux trois mots (très proches des vôtres pourtant !), parvient, lui, à ses fins : en moins d’une minute chrono, l’élève a COMPRIS ! Et pour en rajouter une louche à votre sentiment d’impuissance, il aime à s’écrier, les yeux pétillants de vérité : Aaaaaah ! J’ai COMPRIS !

Mais que diable avez-vous de moins que cet élève qui, dans sa grande naïveté d’enfant, vous a volé la vedette et sorti la « formule magique » qui débloque les têtes ?

C’est peut-être ça : la naïveté d’une explication raccourcie, l’écoute attentive d’un copain à un autre, la jeunesse, l’envie exponentielle d’aider un terrien en détresse…

Au lieu de me morfondre dans mon coin sur mon incapacité partielle temporaire, j’ai décidé de profiter des « pouvoirs magiques » de mes mini-profs pour en faire une nouvelle force dans ma classe.

La « shérifaction »

Voici que débarquent comme des protecteurs du savoir, comme des invincibles cow-boys téméraires de la grammaire, comme des cavaliers au galop de l’ortho ou des chasseurs de l’erreur : les shérifs !

Ce n’est ni plus ni moins qu’un tutorat entre élèves mais avouez quand même que de se voir décerner une étoile de shérif à porter temporairement sur sa poitrine le temps de cet échange riche en production est bien plus valorisant qu’une annonce magistrale : « On va faire un temps de tutorat ».

Valorisation et reconnaissance déjà de ceux qui ont réussi et compris et savent réinvestir, mise en confiance ensuite de ceux qui sont en attente d’aide (on est bien plus à l’aise avec un copain qu’avec la maîtresse) et, curieusement, efficacité et compréhension (le fameux « Aaaah, j’ai COMPRIS ! »).

En veillant à ce qu’il n’y ait pas plus de shérifs que d’enfants en besoin, pas non plus d’abus de camaraderie ni de prise de grosse tête au détriment de la réussite de l’autre, ce temps de tutorat est remarquable. Certains élèves, même dans le besoin, refuseront l’aide d’un shérif lorsqu’ils auront compris pour montrer qu’ils savent maintenant faire tout seul ! D’autres, demanderont à un autre shérif de veiller sur leur production pour juste voir « si c’est bon ».

Malgré tout, vous restez le super shérif : c’est vous qui validez, jetez un dernier regard sur les réussites, orchestrez les shérifs (ils aiment bien en aider certains et moins d’autres).

J’ai testé ce temps de « shérifaction » en calcul (pose et résolution de soustractions) et en numération (décomposition d’un nombre) mais aussi en grammaire (connaissance des noms et différenciation du nom commun et du nom propre) et ces trois temps se sont avérés être de beaux moments d’apprentissage qui ont réjoui tout le monde : l’élève à la maîtrise satisfaisante, l’enfant dont la maîtrise est à renforcer et l’enseignant.

Comme il n’est pas rare de trouver des enfants brillants dans l’un ou l’autre domaine, il est important aussi de varier les shérifs pour permettre à chacun de goûter, à son tour, à la fierté de l’étoile…

N’oublions jamais que chaque élève est capable de briller à sa manière.

 

Une chronique de Claire Maurage

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