Un sentiment d’impuissance

L’année 2020 commence dans un grand nuage de tristesse : nous, terriens, assistons, impuissants, aux incendies infinis d’Australie qui mènent à la destruction de milliers d’espèces animales, à la pollution accélérée de la couche atmosphérique sans doute au bénéfice d’un réchauffement climatique de plus en plus expressif… Impuissants oui. Le monde pleure, se lamente, crie à la honte et au désespoir…

Le monde adulte partage sans fin les « photos chocs » sur les réseaux sociaux, commentées alors par des mots de colère, de tristesse, de rage… les enfants assistent à ce désespoir encore plus impuissants que les « grands ». Quoique…

Il est temps de revenir sur Terre. Sur notre belle planète qui, par ces mêmes adultes pleureurs, récolte par jour et par années des milliers de déchets en tous genres. Certes, parmi eux, des déchets non conscientisés car peu visibles (gaz, énergies…) mais aussi les déchets jetés au sol, abandonnés sans complexes par ce fumeur à la fin de la combustion addictive, par cet autre qui livre au sol sans regrets l’emballage plastique devenu inutile de son paquet de chewing-gums, de cette maman pressée qui abandonnera, cachée derrière une pierre, la couche et les lingettes du change express de son bébé en voiture…

Nos enfants suivent alors, vierges d’attitude éducative, le comportement des adultes qui leur montrent la route : ils pleurent l’Australie mais jetteront cependant leur papier dans la cour de l’école…
Heureusement, ils restent l’espoir de l’avenir. Et les entraîner à mener un combat pour préserver le peu qui reste de notre planète est bien plus bénéfique qu’on puisse le croire…

L’instant de l’écocitoyenneté partie 2

Voici la suite de notre aventure d’écocitoyenneté commencée en octobre dernier dans la classe de CE1 d’un petit village campagnard fier de sa nature environnante.

Dans la classe, nous avions alors décidé, après un long temps de recherche, de réflexion et de préparation de mener la « chasse aux déchets » dans le quartier de l’école. Mission accomplie et saluée par les parents et les membres de la municipalité du village : 7 sachets de 30 litres récoltés en 1 heure (seulement !) de ramassage…

Même si ce projet était bien évidemment aussi un prétexte à un ensemble d’apprentissages élémentaires, il est allé bien au-delà. J’entends encore ce papa d’élève qui me disait peu après : « Oh ! Mais il faut arrêter là avec vos déchets… il n’arrête pas… Et il nous dit : tu sais combien de temps il faut pour que ton mégot se dégrade dans la nature ? ». Et cette autre maman : « À chaque fois qu’on se promène, il veut toujours tout ramasser… ».

Voilà, c’est ça : quand les petits donnent des leçons aux grands…

Il n’était pas question alors de s’arrêter là. Nous, nous savions ce que nous avions récolté et étions très satisfaits de notre labeur.

Mais qu’en faire ? Recommencer sans cesse, juste parce que les autres ne le font pas ? Non… Il fallait s’en servir pour « faire réagir ». Les enfants, ont tout de suite senti l’occasion de communiquer leurs efforts pour tenter d’obtenir une prise de conscience du « monde pollueur. »

Ce fut alors le début d’un second combat.
Puisque nous avions répertorié les déchets en les pointant 1 par 1 selon leur « nature », nous avions en main la possibilité d’annoncer des chiffres réels. Sans mensonges à valeur «marchande », nous devions alors dévoiler à la Terre entière (tout au moins aux parents et au village) le résultat de notre « chasse aux déchets ».
Cela dit en passant, conscience de prof oblige, l’occasion merveilleuse de travailler l’objectif mathématique de « comptabiliser la totalité des déchets selon leur nature » par la manipulation de cubes, la fabrication de dizaines et puis de centaines sous l’œil effaré des élèves, pour un résultat au-delà de l’imaginable.

En 1 heure, nous avons récolté
– 167 déchets PAPIER
– 118 filtres à CIGARETTE
– 70 déchets ALUMINIUM
– 213 déchets PLASTIQUE
– 108 déchets VERRE
– 4 déchets JOURNAUX
– 15 déchets POLYSTYRENE
– 17 chewing-gums
– 3 pelures de fruits

En 1 heure…

Savez-vous ce que ça donne, des enfants « en colère » ?
De l’action, de l’énergie, de l’envie de changer les gens et de crier au Monde : STOP !

C’est ce que les élèves se sont appliqués à faire pour tapisser les murs de l’école et garnir le hall de la mairie du village… Les photos parlent d’elles-mêmes ainsi que le choix de leurs mots naïfs d’enfants : « Si vous n’aidez pas la planète, vous vivrez dans les déchets ! »

Alors, qui est le meilleur donneur de leçons quand la planète va mal ?

Pas ceux qui y vivent depuis des décennies, mais ceux qui vont devoir y vivre durant les prochaines décennies…

 

Une chronique de Claire Maurage

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