Bouleversements

Pandémie, terrorisme, crise économique… Nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation extrêmement anxiogène, dont la fin est incertaine et sur laquelle il est difficile d’avoir prise. 

Nos élèves subissent évidemment de plein fouet ces bouleversements sanitaires, politiques et sociaux, qui trouvent des échos plus ou moins forts au sein de leurs familles et auxquels s’ajoutent l’enseignement à distance et la modification des modalités d’examens. 

Comment les aider, en tant qu’enseignants, à supporter un contexte aussi déstabilisant ? Voici quelques pistes pour tenter de ramener un peu de sérénité au sein des esprits et des salles de classe…

Être attentif et bienveillant

D’abord, soyons attentifs aux manifestations du stress : irritabilité, sautes d’humeur, nervosité, problèmes de concentration, fatigue, isolement… ces attitudes ne doivent pas trop rapidement être rangées dans les catégories « crise d’adolescence » ou « élève en difficulté ». En cette période particulière, il faut y prêter attention, et en parler avec la vie scolaire, les parents et le personnel médical au besoin. Il se peut en effet que d’autres symptômes soient associés, tels que des douleurs d’estomac, des maux de tête, des troubles du sommeil, des palpitations, qui pourraient confirmer l’anxiété ressentie.

Ensuite, ayons conscience que les préoccupations ont un impact sur la réussite scolaire de nos élèves : difficile de mémoriser une leçon ou d’écouter un cours quand on pense au pire ou qu’on est en déficit de sommeil. Ayons soin, par conséquent, de ne pas venir ajouter du stress supplémentaire par notre enseignement. Offrons-leur, pour ce faire, un cadre de travail rassurant, c’est-à-dire stable (fait de routines de classe), prévisible (sans contrôles « surprise ») et bienveillant (à travers des objectifs atteignables, la valorisation des efforts et le soutien apporté pour dépasser les difficultés).

Un travail d’écoute collectif

Veillons par ailleurs, en concertation avec l’équipe pédagogique et les parents d’élèves, à la charge des devoirs donnés. Aidons-les, dans cette période où tout semble leur échapper, à garder le contrôle de leur travail scolaire, et consacrons si nécessaire plus de temps à l’organisation pour qu’ils ne se laissent pas submerger. Plus que jamais, nos élèves ont besoin de pouvoir se reposer et de se distraire. 

À cet effet, continuons à proposer des activités stimulantes, via les travaux de groupes ou les projets interdisciplinaires, afin de favoriser l’entraide, la créativité et le plaisir d’apprendre. 

Enfin, prenons le temps de discuter. Les soucis des élèves ne disparaissent pas quand ils entrent en classe, et s’il ne s’agit pas de laisser leurs préoccupations envahir nos cours, il est important de ne pas non plus les ignorer. Le simple fait de leur laisser la possibilité d’exprimer leurs craintes et de se savoir écoutés permet de déjà de les soulager en partie. 

En tant que professeure principale, je prends régulièrement cinq minutes au début d’une de mes heures de cours pour demander à mes élèves de 5e d’écrire ce qui les préoccupe, sur une feuille que je ramasse après. Ils peuvent évoquer des difficultés personnelles, familiales, relationnelles, scolaires, poser des questions ou parler d’un événement dont ils ont été les témoins et qui leur semble problématique. Je leur dis que je reviendrai vers eux au besoin, soit individuellement sans la présence des autres, soit collectivement en heure de vie de classe. À cette occasion, je leur rappelle bien sûr les personnels de l’établissement vers lesquels ils peuvent se tourner : l’infirmier.e, le CPE, l’assistant.e social.e, ou le psychologue scolaire. En effet, le fait d’appartenir à une communauté éducative attentive et soudée constitue un rempart solide pour résister à l’abattement et à l’impression  de délitement qui peuvent toucher les enfants et les adolescents dont nous sommes en charge.

 

Une chronique de Nathalie Anton, enseignante et psychologue, autrice de L’Art d’enseigner

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