« Maitresse, pourquoi on ne fait pas le voyage à Paris comme les anciens CM2 ? »

Cette question m’a été posée alors que je venais de leur annoncer que l’on avait peut-être réussi à organiser un voyage scolaire cette année : un camp olympique ! Et elle m’a fendu le cœur ! J’ai encore des étoiles dans les yeux en repensant avec nostalgie à cette semaine extraordinaire où, ma collègue de CM1, nos élèves respectifs et moi, nous avons, entre autres, navigué sur la Seine, grimpé les marches de la Tour Eiffel, rencontré nos plus grandes idoles au musée Grévin, marché sur les pas de Marie Antoinette à Versailles, salué la Joconde au Louvre et enjambé les plus grands sites de notre beau pays à France Miniature.

Malgré leur attitude bien souvent blasée, malgré leur adoration pour la télé, Internet et toutes ces nouvelles consoles de jeux, force est de constater que nos jeunes élèves sont en manque de culture.

Il n’est plus question de découvrir de nouveaux musées, de visiter de nouveaux châteaux ou même de voyager pour la plupart d’entre nous. Il faut rivaliser d’ingéniosité pour emmener ses enfants en vacances quand on est parents, pour ouvrir encore plus nos élèves à la culture et à l’art quand on enseigne…

Les enfants trouvent de quoi s’occuper en classe, toujours. Il y a bien évidemment le travail, mais aussi tous ces petits « à-côté » qui comblent les trous dans l’emploi du temps des plus rapides. Néanmoins, aujourd’hui, à la moindre évocation d’un monument, d’un artiste ou même d’un film, les voilà captivés. Comme si je leur parlais de quelque chose d’inaccessible.

L’art et la culture seraient-ils vus comme le Saint Graal des années 2020-2021 ?

Nous sommes tous à l’affut de la date fatidique où enfin nous pourrons prendre notre bol d’art frais, nous sommes tous en quête de cet artiste qui nous offre tant d’évasion.

À la recherche du bonheur… qui n’a jamais vu ce film où il est question de ne jamais perdre espoir ?

Ce bonheur, nous devons leur offrir en classe, ne pas simplement le toucher d’un bout de doigt timide et hésitant, mais plonger dedans la tête la première.

Ce bonheur, il se trouve partout ! Dans la musique, dans les tableaux, dans les films, dans la sculpture, dans la mythologie, dans les paysages, dans les objets, dans la danse…

Ce bonheur, je l’ai trouvé, avec mes élèves, dans la musique.

Après quelques séances sur les instruments de musique à travers le monde et les âges et leur classement en différentes familles, nous avons appris à lire la musique et à comprendre que le rythme est aussi important que les notes pour avoir une mélodie harmonieuse. Chacun a pu ainsi écrire une partie de la partition qui sera notre hymne de CM2. Grâce à ces précieuses connaissances, nous avons pu aborder un thème musical très complexe : la chanson engagée. Et nous y sommes allés de bon train, tout en révolte, en empathie et en incompréhension. Nous avons fait la connaissance de chanteurs impliqués, nous avons été étonnés par l’engagement d’autres personnalités que l’on pensait plutôt ringardes ou au contraire commerciales. Nous avons entonné à tue-tête du « Aux arbres citoyens » de Yannick Noah, « Respire » de Mickey 3D, l’incontournable « Imagine » de John Lennon et le désormais triste « Chacun sa route » de Tonton David. Mais cela n’est qu’une infime partie de ce que nous découvrons chaque semaine, dans le but, nous aussi, d’écrire les paroles de notre hymne avant la fin de l’année.

Ce bonheur, nous le trouvons aussi dans l’art pictural et plastique.

Nous n’avons pas tous la même appétence pour la musique. Il faut donc essayer de contenter tout le monde et ouvrir les autres à de nouveaux domaines. Le thème de mon année scolaire étant la mythologie grecque, nous avons eu tant d’objets à découvrir, à créer, à dessiner. Des amphores décorées à la gloire des 12 travaux d’Héraclès jusqu’à la création d’un décor en 3 dimensions représentant les plus horribles créatures mythologiques, nous avons touché à toutes sortes de matières et surtout voyagé dans les musées virtuels à la découverte des mille et unes représentations des dieux et héros les plus célèbres.

Les enfants, enchantés de savoir que les plus grands musées du monde entier leur ouvrent virtuellement les portes, reviennent régulièrement en classe, les yeux brillants de fierté, et me décrivent avec passion leur dernière visite.

« Tu sais maîtresse, ce week-end, je n’ai même pas joué aux jeux vidéo, j’ai joué à visiter le Vatican. C’était trop bien ! »

A ce moment-là, je me suis dit que tout était gagné, les enfants n’ont jamais perdu espoir et ils sont là pour nous le rappeler au quotidien, avec toute leur sensibilité, émotivité et innocence.

 

Une chronique de Claire Gomez

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