« Au commencement était l’émotion », écrivait Céline.

Bah ouais, clairement ! Dans la façon dont je conçois mon métier d’enseignante, l’émotion – toutes les émotions – sont au cœur de tout.

Si le métier d’enseignant vise à agir sur la sphère cognitive de nos zapprenants, ce serait littéralement déraisonner que d’oublier que la dimension émotionnelle est le socle de toute rationalité.

Au commencement de mon entrée dans le métier

J’ai déjà raconté pendant des kilomètres de blogging comment je suis devenue prof et le maelström que j’ai vécu à cette occasion.

J’avais pourtant fait initialement le choix d’une autre carrière professionnelle et en apparence je remplissais toutes les cases de la « réussite ».

Oui mais voilà, j’ai été rattrapée par une autre zone de mon cerveau : celle qui me chuchotait insidieusement que je devais me confronter à ce que je cherchais à éviter jusque-là. L’intensité perturbante de souvenirs personnels – certains heureux mais, surtout d’autres bien plus tristes ou plus choquants – qui me rattachent tous à la question de l’enseignement et au lien professeur-zapprenant.

Je suis donc devenue professeur des écoles. J’ai littéralement envoyé bouler, pas seulement un métier ou une carrière mais une façon de vivre et de voir le monde, et je ne l’ai jamais regretté.

Entendons-nous bien ; je ne vis pas dans le monde des bisounours et je n’aurais pas assez de doigts pour pianoter suffisamment vite sur mon clavier pour lister tout ce qui me donne littéralement envie de hurler dans ce métier.

MAIS, je sais qu’en l’exerçant j’aligne ma personnalité (dont toute ma sphère émotionnelle) avec ma capacité à agir.

Au commencement de l’année scolaire

À chaque début d’année scolaire, j’ai le même rituel : je revis mes souvenirs personnels de rentrée, en tant qu’élève. Je me rappelle comment j’ai pu ressentir de l’impatience, de l’espoir, de l’appréhension, de l’ennui, du soulagement, du désappointement et même parfois de la colère.

Et je me fais la promesse de ne pas vivre cette journée comme une litanie de pages de garde à préparer et de règles à rappeler.

Mes rentrées scolaires, je les vis avant tout comme des rencontres, avec toute la dimension affective que cela implique.

Une rencontre entre eux et moi.

Une rencontre entre eux.

Une rencontre, même plus furtive, entre leurs parents et moi.

Et dans cette rencontre, je sais que se détermine une part phénoménale de ce que nous allons pouvoir faire pendant l’année.

Je préviens d’ailleurs les parents en début d’année : nous allons commencer TRÈS lentement en termes d’apprentissage. Vraiment TRÈS lentement. C’est une approche « escargotale » que j’assume pleinement.

Pas simplement parce qu’il faut laisser les élèves revenir de vacances, évaluer leur niveau (et avoir envie de sauter par la fenêtre), réactiver tout ce qu’ils ont oublié pendant l’été, de la façon de souligner à l’interdiction de courir dans les couloirs.

Je prends le temps parce que je tiens à créer d’abord le lien affectif qui va me permettre d’aller titiller la zone de leur cerveau qui ne demande qu’à s’enthousiasmer.

Parce que sans plaisir d’apprendre il n’y a pas d’apprendre en fait.

 

Une chronique de Sophie Pouille

 

Pour aller plus loin :

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