« Bonjour à tous et à toutes ; bonjour à tou·te·s sortez une feuille et un crayon… Interro surprise ! »

La tournure est bien tentante, mais j’avoue qu’en tant qu’enseignante d’anglais, je ne l’utilise guère ! Tout simplement car, en cours de LVA, nous ne sommes pas censé·e·s utiliser la langue de Molière. Toutefois, le sujet m’intéresse et je pense que l’on peut aussi appliquer le langage ou l’écriture inclusif·ve en cours d’anglais… mais de manière différente.

Écrit vs oral ?

J’aurais tendance à établir une distinction entre l’écrit et l’oral. Dès que je rédige un mail – donc quelque chose d’assez officiel et formel – à destination des élèves et/ou des parents d’élèves ; j’utilise systématiquement l’écriture inclusive. En effet, même si j’ai tendance à écrire tous mes mails en anglais, il m’arrive toutefois de les écrire en français – je suppose que cela peut aussi dépendre de la nature du mail… Auquel cas, ils s’ouvrent par une formule de politesse du type « Cher·e·s élèves », « je vous tiendrai informé·e·s de… » etc.

Je privilégie donc le langage inclusif à l’écrit plus qu’à l’oral. En effet, les mails demeurent, ils un côté officiel. J’ai ainsi l’impression que les élèves, plus ou moins consciemment, se sentent davantage inclu·e·s derrière cette appellation.

C’est aussi un moyen de mettre en pratique et de rendre concrètes des thématiques que nous étudions en cours et qui sont au programme de langues vivantes. Par exemple, nous sommes nombreux et nombreuses – ou nombreux·euses – à étudier des séquences portant sur les égalités hommes-femmes ; thème auquel les élèves sont particulièrement sensibles car en lien avec la société dans laquelle ils et elles évoluent.

Qu’en est-il de l’oral ?

À l’oral, si jamais j’utilise le français, je veux aller vite. Mais là encore, je dois nuancer mes propos. Certes, il y a dans l’oralité quelque chose qui se veut rapide, qui est rythmé, un peu condamné à être oublié parfois… ! Par conséquent, si jamais je m’exprime en français lors de mes cours, je fais une distinction entre les choses « importantes » et les choses « moins importantes ». Par exemple, si je veux faire passer une annonce officielle – qu’un.e collègue ou que le CVL m’a chargé de transmettre – je sens que je suis dans une posture différente, une posture plus administrative peut-être… J’utilise alors le langage inclusif et j’ai déjà dû dire quelque chose comme « Notez tous et toutes dans votre agenda que…. ».

En revanche, si je dois utiliser le français pour des raisons « personnelles » et très ponctuelles – comme je le répète, en cours de langue, le français doit être banni ! – je veux aller vite comme je disais et ne l’utilise pas.

Et en anglais, ça marche comment ?

En anglais, il n’y a pas d’écriture inclusive en soi. Certes, on peut utiliser « he or she must come tomorrow » [il ou elle doit venir demain] pour faire référence à un groupe constitué d’un homme et d’une femme mais… ça paraît un peu old-school d’employer ces deux pronoms côte à côte. Dans les pays anglophones et aux États-Unis particulièrement, on dira plutôt « they » lorsque l’on ne connaît pas le sexe des membres d’un groupe. Le « they » se veut plus respectueux, plus neutre. Je suppose que les théories féministes, la conscience accrue de la non-binarité et les gender studies [études de genre] – peut-être plus développées ou du moins plus étudiées – aux États-Unis y ont largement contribué.

Qu’en est-il des élèves ?

Dans l’ensemble, dans mes classes, il y a autant de filles que de garçons – sauf dans certaines filières technologiques. Je veille à ce que les filles participent tout autant que les garçons et vice versa. Récemment, en cours de 1re AMC – spécialité anglais – le CVL est intervenu pour sensibiliser les élèves à la journée internationale des droits des femmes. Les filles comme les garçons y ont été très réceptif·ve·s, très sensibles aux clichés et aux discriminations qu’ils et elles peuvent encore subir au quotidien. Pour les élèves, des lois ou des mesures en faveur de la féminisation des noms ou encore de l’écriture inclusive paraissent juste « normales » et aller de soi, même si je constate que mes élèves n’utilisent pas l’écriture inclusive. Ils n’ont pas encore ce réflexe…

Toutefois, ils ont tendance à féminiser les noms de métiers. À leurs yeux, la plupart du temps, je suis une « professeure » et non une « professeur ».

Les élèves doivent-ils apprendre à utiliser l’écriture inclusive ? Je pense que par effet de mimétisme, ils l’apprendront. Certains codes et phénomènes de visibilisation sont ainsi en cours d’acquisition et c’est tant mieux !

 

Une chronique d’Astrid Fizyczak

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