La dystopie, une fiction ?

Imaginez : un monde où les êtres humains ne peuvent plus s’approcher les uns des autres. Un monde où des papiers spéciaux sont demandés si vous voulez aller au resto, au cinéma. Un monde où toute marque d’affection tactile est interdite. Un monde où la moindre poignée de porte semble dangereuse, qu’elle soit en bois ou en inox.

Cette situation vous rappelle quelque chose ? Il y a deux ans, cela vous aurait sans doute évoqué le scénario d’un énième film catastrophe. Mais aujourd’hui, en mai 2021, c’est une autre histoire. Ce monde dystopique décrit plus haut, on vit dedans.

Comme l’écrit Stéphane Foucart dans une chronique sur lemonde.fr, « L’année qui s’achève restera sans doute comme l’année de la dystopie, celle où l’actualité scandée jour après jour nous aura semblé tout droit sortie d’un roman d’anticipation ». Toutes ces actions qui maintenant nous paraissent banales (saluer nos collègues de loin, se désinfecter les mains en permanence, porter un masque…) sont en fait loin d’être anodines !

À l’heure où l’on vit dans un mauvais film dystopique sans fin, est-il raisonnable ou souhaitable de se réfugier dans des fictions ? Et si oui, lesquelles ?

J’ai envie aujourd’hui de m’intéresser au genre de la dystopie, mais loin de moi l’idée de vous faire un cours en la matière, même si je sors tout juste d’une séquence à ce sujet avec mes 3e !

Les définitions de la dystopie sont nombreuses, mais voici celles que nous avons retenue avec mes élèves : une dystopie est un œuvre dans laquelle l’auteur présente un monde fictif dans lequel il explore une ou plusieurs peurs propres à son époque.
Ces grandes peurs évoluent en même temps que l’humanité, en voici quelques-unes : les armes nucléaires, le réchauffement climatique, le patriarcat et les violences qui en résultent, le racisme… Toutes ces dystopies ont une chose en commun : la volonté de faire réfléchir le lecteur, et, peut-être, l’amener à changer de comportement pour éviter l’avènement d’un tel monde !

C’est pourquoi je dis : OUI ! Réfugions-nous dans la fiction, ne serait-ce que pour éviter qu’une autre catastrophe ne nous tombe sur le nez. Quelques idées de lectures pour vous et vos élèves, ça vous dit ? Je n’ai mis que des autrices contemporaines afin de sortir des grands classiques du style 1984 ou autre Fahrenheit 451 qui sont souvent très étudiés. Ma façon à moi de promouvoir un monde utopique où les autrices seraient autant étudiées que leurs collègues masculins.

Pour les élèves :

Théa pour l’éternité, Florence Hinckel : ce roman explore le thème de l’éternelle jeunesse et des risques à vouloir rester jeune à tout prix.

#Bleue, Florence Hinckel : on suit ici plusieurs adolescents qui vivent dans une société qui a décidé d’abolir toutes les émotions négatives, au risque de modifier les mémoires et les personnalités de ses membres… La souffrance est-elle si nocive que ça ?

Pour vous, ou pour vos élèves un peu plus agiles en lecture :

Le Pouvoir, Naomi Alderman : Et si les femmes prenaient le pouvoir ? Les femmes réalisent, tout d’un coup, qu’elles peuvent, du bout des doigts, infliger une douleur fulgurante, pouvant aller jusqu’à la mort… Les hommes deviennent donc le « sexe faible ».

La désobéissante, Jennifer Murzeau : On suit Bulle, une jeune femme qui vit à Paris en 2050. L’air est tellement pollué qu’on ne peut plus vivre sans masque, la publicité a envahi le moindre recoin disponible, les gens ne pensent plus qu’à consommer et ne pensent plus tout court. Cette dystopie a le mérite de proposer une fin alternative et positive à ce monde qui semble sur le point de disparaître.. Une petite lueur d’espoir qui fait du bien par les temps qui courent !

 

Une chronique de Cécile Thivolle

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