Madaaaaaaame, on peut pas plutôt le faire à l’oral ?

Je ne compte plus le nombre de fois où, proposant un exercice écrit, mes élèves de collège me font cette demande, parfois enthousiaste, parfois suppliante. Ce qui prouve à quel point l’oral est apprécié, surtout quand il s’agit de différer, voire carrément annuler le passage à l’écrit pour des élèves qui entretiennent avec la plume un rapport plutôt compliqué.

Enseignante en histoire géographie, ma matière me permet de mélanger de façon quasi équilibrée dans chaque cours l’écrit et l’oral, d’autant que celui-ci est évalué depuis plusieurs années sous différentes formes. La dernière en date est l’oral du brevet qui permet à l’élève de présenter son stage en milieu professionnel ou un projet de son choix parmi ceux qui l’ont marqué dans l’année. Et pour ceux qui poursuivent au lycée, il y aura le fameux « grand oral » coefficient 10. C’est aussi un mode d’évaluation à privilégier pour les élèves présentant des profils multidys. Dyslexiques, dysgraphiques, dysorthographiques sont en effet pénalisés par le passage à l’écrit.

L’oral permet de faire passer pour ludiques des exercices de restitution de connaissances. Par exemple, j’ai instauré un rituel à chaque retour de vacances. Beaucoup d’ados ouvrent plus volontiers leurs notifications sur téléphone que leur cahier d’histoire et reviennent de ce fait avec une amnésie presque totale de ce qui a été fait avant les vacances. Je leur demande de préparer 3 questions à réponse courte, du style « Comment appelle-t-on une religion qui a plusieurs dieux ?» à l’aide du cours, qu’ils doivent pour le coup lire, relire ou même découvrir pour certains. Ensuite, ils doivent se poser mutuellement les questions. L’élève qui a répondu à la question pose une de ses questions à un autre élève, le but est que ça s’enchaine rapidement entre eux et que ça remobilise les connaissances. Tout le monde doit avoir parlé, soit pour poser une question soit pour y répondre.

Profitant que les élèves aiment s’interroger entre eux, sûrement l’illusion d’un petit pouvoir (hahaha, pauvres naïfs !) je mets en place d’autres activités du même style. Lorsque nous étudions un texte, j’ai rarement des cris de joie au moment où on aborde les questions. Selon le niveau des classes, ils conçoivent les questions et s’interrogent entre eux pour répondre, ou alors je prévois un questionnaire mais c’est eux qui interrogent un.e camarade. Ainsi, la parole circule entre eux. Gros point positif, ils hésitent moins à répondre que lorsque c’est moi qui les interroge. Ils doivent également faire preuve d’observation pour éviter qu’une même personne passe plusieurs fois tandis qu’une autre n’a jamais été sollicitée.

Le succès est total lorsque l’oral est combiné avec de la mise en scène. Ainsi, après avoir expliqué les mots qui peuvent poser problème, surprise ! Je demande aux élèves si certains se sentent capables d’interpréter ce qu’ils ont lu. C’est vrai que certains textes s’y prêtent mieux que d’autres, comme la cérémonie d’hommage ou d’adoubement. Mais les cris d’enthousiasme et les fous rires déclenchés par les prestations des camarades sont tels qu’on hésite à se diriger vers une carrière du spectacle, une fois qu’on a goûté à la chaleur du public et à la lumière du vidéoprojecteur !

Toujours est-il que sans vraiment s’en être rendu compte, mes élèves ont mobilisé différentes compétences de compréhension et d’analyse de document, ont utilisé un vocabulaire spécifique et assimilé des connaissances. Connaissances qui sont ensuite gravées dans l’inévitable trace écrite, donnant lieu au fameux « Madaaaaaame il faut écrire ? » mais c’est une autre histoire.

« Vite, posez-lui des questions, comme ça elle nous fera pas écrire » !

 

Une chronique d’Anna

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