Contexte de réalisation

Dans mon centre de formation, les innovations pédagogiques sont de mise pour les étudiants alternants en BTS notamment. En effet, je pratique depuis quelque temps des activités annexes à mes enseignements de culture générale dont le nouveau thème annuel 2023 est « Dans ma maison ». Ceci dans le but d’accompagner mes élèves de BTS dans leur découverte et leur appropriation de cette matière.

En quoi consistent exactement ces actions pédagogiques ?

En réalité, il s’agit de séances réalisées en petits groupes et non en classe entière, durant lesquelles j’ai « carte blanche » pour expérimenter de nouvelles méthodes, de nouveaux exercices, faire venir des intervenants extérieurs, etc. La seule et unique consigne étant de ne pas « avancer » sur le programme du cours principal.

Cela offre de multiples possibilités comme, par exemple, le fait de réaliser en complément et en parallèle du cours traditionnel, des entretiens de professionnels préparés avec la collaboration active de mes élèves ou encore des ateliers de recherches documentaires, des ateliers d’écriture, etc. Tout ceci dans le but de dédramatiser l’angoisse de la feuille blanche, malheureusement bien connue de nos élèves en culture générale.  Cela permet également de les « réconcilier », au moins en partie, avec les matières à dominante littéraire, puisque nous y expérimentons l’écrit, mais aussi, bien souvent l’oral.

Or, dans l’enseignement, nous le savons pertinemment, il existe un lien extrêmement étroit entre l’écriture et l’oralité. En effet, la première améliore souvent la seconde, et la seconde, elle, vient bien souvent au secours de la première. Ainsi, pouvoir travailler les compétences d’expression écrite comme orale reste une véritable opportunité à saisir en complément des enseignements principaux pour ces jeunes voués à s’insérer professionnellement d’ici quelques années à peine.

Des recherches documentaires thématiques sur « Dans ma maison » pour préparer des entretiens enregistrés avec des professionnels

Lors des premières séances de quatre heures, j’ai demandé à mes élèves de réaliser une recherche documentaire par petits groupes de deux à quatre élèves maximum, autour d’un sujet, volontairement très large, à savoir « La maison et/ou les autres habitats dans les médias ». Le but recherché étant que les élèves réalisent par eux-mêmes la trop grande « largesse » et donc l’impossibilité de traiter correctement ce type de sujet. Après quelques manipulations à l’aide de mots-clés tels que « maison et presse », « habitat dans les médias », etc., sur internet, les jeunes ont vite compris qu’il leur fallait préciser leur sous-sujet car sinon ils ne pourraient pas en venir à bout. Parmi ces sous-sujets sélectionnés, nous avons eu « la domotique », « les émissions de décoration », « les maisons des footballeurs célèbres », « les logements étudiants » ou encore « la vision des promoteurs dans le marché immobilier ».

Comme souvent, je leur ai proposé de construire une « revue de presse » autour de ces différents sous-sujets avec deux étapes.

La première étape consistant en « une revue de presse des Unes de presse » à l’aide d’un tableau ou d’un schéma de type « carte euristique » dans lequel les élèves, après avoir trouvé au moins cinq documents de presse ciblant leur sous-thématique, devaient répertorier et organiser logiquement les références complètes de la source de chacun des documents sélectionnés. Ceci leur permettait alors de faire une corrélation entre les titres des documents et leur sous-sujet.

La seconde étape visait à réaliser « une revue de presse thématique », cette fois, en utilisant le contenu de leurs documents afin de présenter, sous forme d’un Power-Point accompagné d’un exposé oral d’une quinzaine de minutes, le fruit de leur recherche. Cet exposé pouvait prendre un format classique avec une introduction autour d’une problématique, d’un développement et d’une conclusion. Mais, il pouvait aussi, selon les envies de chaque groupe, prendre d’autres formes plus ludiques comme une interview ou un jeu de rôle. En effet, le but ultime de ce travail était de préparer, en amont, un partenariat pédagogique à venir. Ce partenariat sera mené avec une, voire plusieurs personnes, ayant participé à l’émission de télévision grand public, « La maison France 5 » où le présentateur Stéphane Thébaut fait visiter des décors d’intérieurs autant magiques que pratiques au quotidien.

À titre d’exemple de ces séquences préparées avec la collaboration de mes élèves, je peux citer plusieurs interviews d’artistes enregistrées dans le cadre du thème 2022 « De la musique avant toute chose ? » dont voici le lien vers mon blog pédagogique de culture générale intitulé « Blocs de culture » http://blocs-de-culture.over-blog.com/. Dans ce cadre, mes élèves créent avec mon aide un guide d’entretien qui permet de contrôler, au moins en partie, les questions posées à la personne interviewée de manière à orienter le discours de celle-ci autour des différents thèmes préalablement définis par les élèves enquêteurs et consignés dans ce guide. L’interview est réalisée par mes soins selon la technique de l’entretien semi-directif à visée compréhensive et filmée via YouTube. La réflexion autour des pratiques de l’entretien semi-directif dans les sciences sociales ainsi que, par la suite, sa mise en écriture par les jeunes, donne lieu à de jolies expérimentations d’ateliers d’écriture créative assez atypique pour eux.

 Conclusion sur les apports de ces pratiques créatives

Quelle meilleure façon de conclure cette chronique qu’en abordant brièvement la question des apports de ces séances de pédagogie créatrice autant que créative ? Tout d’abord, il est important de souligner l’enthousiasme croissant que rencontre ce genre de séances chez les élèves qui déclarent se « réconcilier petit à petit » avec les matières littéraires et avec les sciences humaines et sociales. Ensuite, il est à souligner indéniablement l’effet « positif » de ces séances en effectifs réduits pour le moral des élèves qui restent meurtris par leur enseignement à distance durant la crise sanitaire de la Covid-19. Le fait de se voir, de pouvoir discuter et surtout de pouvoir collaborer ensemble autour de ce projet pédagogique innovant et fédérateur leur est précieux afin de retrouver l’envie d’écrire, l’envie de penser, l’envie de réfléchir voire peut-être l’envie de s’engager dans des causes à caractère social. Pour finir sur une anecdote, j’ai un élève qui m’a dit à la fin de l’une de ces séances, s’être sensibilisé grâce à ce « travail en demi-groupe» à la question de la situation des sans-abris notamment dans la population jeune lors de la crise sanitaire que nous vivons actuellement. Il comptait éventuellement s’engager dans une association telle que la Croix Rouge Française ou encore Les Petits Frères de Pauvres. Cet exemple montre combien la pédagogie alternative a sa place dans notre école d’aujourd’hui, et plus encore, dans celle de demain.

 

Une chronique de Séverine Oswald

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