Vaste question !!!

À première vue, le sujet paraît vain : les gouvernements sortent les rames face à la hausse du prix des carburants et certains (que je ne nommerai pas) rêvent d’annuler les aides aux salariés qui utilisent les transports publics (durables) pour se rendre au travail afin de les redistribuer aux automobilistes. Parallèlement, on culpabilise les automobilistes mais on ne parle jamais de la pollution des entreprises, des usines…

Alors devant l’hypocrisie des dirigeants face aux enjeux du réchauffement climatique faut-il réellement continuer à aborder le développement durable en classe ? Ne risque-t-on pas de créer des angoisses chez nos élèves, des stress pré-traumatiques ? Les élèves subissent déjà les aléas du covid et les préoccupations engendrées…

Je doute.

Pourtant je ne pourrais pas ne pas intégrer le développement durable dans mes pratiques pédagogiques. Je suis intimement convaincue de l’importance de sensibiliser et d’éduquer urgemment les générations d’élèves. L’objectif n’est pas de convaincre les élèves du bien-fondé des pratiques environnementales (je ne fais pas de prosélytisme) mais de donner des datas pour qu’ils fassent leurs propres choix. Déjà en cycle 3 on peut faire réfléchir à des sujets de société : la forêt indonésienne est coupée pour planter des palmiers à huile. Vu d’Europe c’est « mal » mais pourquoi les populations locales le font-elles ? Pour survivre pour ou mieux vivre… peut-on critiquer cela ? Penser comme un système, s’intéresser aux causes et aux conséquences : c’est là de la matière à réfléchir pour nous et nos élèves.

À l’école, je vois trois axes d’action

mettre en place le tri collectif à l’école, le compost, demander à la mairie un accompagnement pour être labellisée éco école. Dans ce cadre, en classe, bien sûr le tri et le compost prennent toute leur place mais aussi la sensibilisation à la consommation électrique : apprendre à éteindre les lumières, les ordinateurs et réfléchir à l’aménagement de l’espace. Ainsi, en conseil d’enfants, de classe puis d’école, on discute de l’usage de la cour de récréation : quels jours jouer au foot, comment avoir des espaces plus verts avec des bacs de fleurs/plantes, des espaces plus propres. 

au cycle 3 la géographie et les sciences permettant d’aborder des thèmes propres à l’environnement. Le thème de la consommation en France permet de faire réfléchir à nos différents types de consommation : viandes, poissons, électricité et donc d’aborder la surpêche, les mouvements végétariens, etc. De même la question de l’usage d’internet permet de réfléchir à ses avantages et désavantages pour l’environnement. Et, bien sûr, la question des déplacements pose celle de l’usage de la voiture. Attention, des parents utilisent leur voiture car ils n’ont pas d’autres choix, là encore il faut être prudents dans nos dires et ne pas culpabiliser les enfants. Est-il pertinent de mettre en place des challenges d’éco-mobilité dans lesquels on recense les pratiques des élèves : viennent-ils à pied, en vélo, en voiture à l’école ? Oui pour sensibiliser, non pour stigmatiser.

Cette année par exemple, nous travaillons sur le tissu, de son histoire à la surconsommation de vêtements. Ainsi le trajet d’un jean a été expliqué (à l’aide de capsules vidéos), des discussions sur la mode et les marques ont émergé suite à la lecture de romans abordant ces thèmes (Pas de pitié pour les baskets de Joy Sorman, par exemple). Il est intéressant du point de vue de l’élève de se rendre compte que consommer plein de vêtements c’est générer des pollutions et que dans certains pays il y a beaucoup moins de vêtements. Là encore la lecture d’un livre, Ado-ka-frè de Sylvain Victor a servi de point d’appui aux discussions. Enfin, les élèves et les adultes que nous sommes doivent saisir que le coût environnemental du transport n’est que très peu compris dans le coût final d’un produit. Si le transport maritime coûtait réellement ce qu’il impacte sur l’environnement, produire des jeans qui font une fois et demie le tour de la Terre n’aurait plus de sens économiquement.

De manière plus légère, nous travaillons aussi le sujet en arts : produire des vêtements en papier, réaliser des modèles de vêtements ou accessoires qui nous plaisent (à nous, pas forcément aux autres !), et on s’initie à la couture dans une perspective de réutilisation et de recyclage. Bref, vaste thème de l’année que le tissu, nous visiterons aussi une filature, participerons à une projet de valkyrie d’une œuvre contemporaine au sein d’ateliers avec des couturiers et tricoteurs de la région…

 

Il me faudra déjà bientôt réfléchir au thème de l’an prochain 🙂 Et j’adore ça !

 

Une chronique de Sophie Dupré

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