Petit flashback…
Vendredi 31 août, salle polyvalente du collège. Une cinquantaine de profs piaffent d’impatience et se tiennent plus ou moins sagement sur leur chaise. Il est 11 h 32, et on ne nous a pas encore distribué nos emplois du temps. Ouf, 11 h 38, la présentation sur les élèves à profils particuliers se termine, 11 h 39, j’ai mon emploi du temps dans la main. D’un coup d’œil, j’embrasse l’ensemble de la feuille, et je soupire de soulagement : mes vœux horaires ont été respectés !! Autour de moi, ça râle ou ça jubile, c’est selon. Ma voisine dit soudain à haute voix : « ahh super, je suis toujours dans la même salle ! »
Tiens. Je n’ai pas pensé à regarder ça, tout à ma félicité concernant mes horaires rêvés ! Je reprends donc mon document et là… Stupeur. Je n’en crois pas mes yeux. Incrédule, je sors ma trousse pour entourer les différentes salles dans lesquelles je vais me balader. Arrivée à la journée du jeudi, je constate que je n’ai pas assez de stylos de couleurs différentes pour accomplir mon repérage…
Neuf salles différentes
Oui oui, je fais 20 h de cours dans 9 salles différentes.
Évidemment, en bonne française que je suis, j’ai commencé par râler. Puis je me suis souvenue que c’était bien beau de dire à mes élèves d’arrêter d’être négatifs, mais que je ferai peut-être bien de m’y mettre, moi aussi ! Alors voila, pour vous, en exclusivité, les 3 points positifs à avoir neuf salles différentes :
1) Une organisation militaire !
Ceux qui me connaissent diront que je suis assez organisée de nature, mais là… j’ai vraiment dû mettre les bouchées doubles. Avoir autant de salles ne laisse pas de place à l’improvisation : si j’ai besoin de dictionnaires, il faut anticiper pour les apporter dans la bonne salle, si j’ai besoin de telle photocopie, c’est pareil… Si je dois rendre des copies, je dois les apporter (alors qu’avant je les laissais juste dans ma salle !). Bref, cette année, tout est millimétré ! Et mes sacs… bien chargés !
2) Penser à mes lombaires
Après une semaine à trimballer 4 sacs différents et à toujours oublier un truc dans la salle d’avant, j’ai décidé d’agir avant le lumbago : j’ai acheté un CHARIOT ! Depuis, tout roule ! Ha ha. Plus sérieusement, j’ai tout le nécessaire sous la main, sans avoir besoin d’ouvrir/fermer trois sacs, et je vois du premier coup d’œil ce dont j’ai besoin, et surtout, je ne porte plus RIEN. C’est un genre de salle de classe sur roulette : on y retrouve une mini-bibliothèque (certes, rien à voir avec celle-là ! mais c’est mieux que rien) et quelques dicos notamment… Je n’ai jamais voyagé aussi léger, et j’ai un succès fou en salle des profs ! Voila la bête :
3) Transformer la contrainte en projet artistique
D’où m’est venue cette idée ? Je ne sais plus trop, mais elle m’a bien aidée à prendre de la distance avec cette situation de PSDF (prof sans domicile fixe) pas très avenante de prime abord ! Comme dit le proverbe : mieux vaut en rire qu’en pleurer ! Je vous laisse juge : )
Autoportrait aux neuf salles
20 h de cours – 9 salles différentes – 5 joursComment rester entière face à la fragmentation des espaces ?
L’artiste questionne la notion d’identité et sa relation à l’espace-temps, transcendant une apparente contrainte par une exploration gestuelle du champ des possibles, maillant ainsi ces fragments en un Tout par l’expression du corps et par un investissement spirituel de l’espace.
PS : si jamais mon chef lit cet article, voici un message pour lui : j’ai trouvé 3 points positifs à avoir 9 salles, mais je peux vous en donner 1000 d’avoir sa propre salle ! Je compte sur vous pour l’année prochaine !