Voilà, c’est lundi on déconfine. Enfin, entendons nous, on déconfine, mais on reste totalement chez soi tout en retournant au travail comme on n’avait pas cessé de le faire. Bref… c’est compliqué. Nous pourrions sans nul doute continuer dans cette veine facile et sarcastique, moquant avec ironie la complexité du jour. Mais au WebPédago, on avait plutôt envie de vous souhaiter à tous bon courage, mais pas n’importe quel courage, le bon.
Regardons les choses en face, du courage il en faut. Nous ne voyons rien de très clair. Demain plus rien ne sera pareil et rien n’aura changé, en pire, ajoute Houllebecq. Le traitement miracle du virus est là, il fonctionne merveilleusement mais en fait rien ne le prouve (d’ailleurs on ne s’en sert plus). L’épidémie a une courbe en cloche donc c’est fini, c’est un dromadaire à une bosse, mais les zoologistes n’excluent pas l’hypothèse du chameau qui en a deux. À l’école, qui n’a pas cessé, c’est limpide. On continue de faire classe à distance car c’est très important, la preuve en est que les évaluations ne compteront pas. Tout le monde aura son bac et personne ne le passera. Ainsi, c’est l’incertitude qui demeure notre seule certitude, avec l’envie tout de même de passer à autre chose… Il serait plus simple d’attendre, mais moins courageux. Vous avez charge d’âmes, en classe ou à distance, on vous attend…
Mais où trouver ce courage, quand la fatigue ou la lassitude semblent des options plus raisonnables ? Voici donc les trois sources du courage retrouvé des profs.
- La première est que si avant le 16 mars personne ne vous aimait véritablement (nous on ne compte pas), c’est désormais l’inverse. Les parents vous adorent, surtout si vous pouviez reprendre les gosses. Les parents vous respectent et concèdent après avoir fait un petit bout du programme que finalement, le niveau n’a pas tant baissé que cela. Vos élèves, pudiquement mais sincèrement, reconnaissent que finalement, vous servez à quelque chose. Ma fille m’expliquait d’ailleurs que « sans la maîtresse on n’apprend pas vraiment ». Votre inspecteur s’est finalement rendu compte qu’en ces temps troublés il ne savait pas forcément mieux que vous. Bref, de l’image du prof râleur et feignant, nous sommes passé à celle du prof qui a un vrai métier. Savourez ce moment !
- La deuxième est qu’après le 11 mai, tout le monde compte sur vous. Nous devons changer, apprendre la leçon (tiens tiens, le champ sémantique de la classe qui revient), et avec pédagogie nous devons construire un monde meilleur. Parce que oui, la crise approche et qu’il faudra bien reconstruire quelque chose de nouveau. Nouveau rapport à notre environnement, nouvelles relations aux autres, nouvelles formes de travail, nouveaux métiers. À chaque fois, la solution c’est l’éducation. Et comme finalement c’est un métier, c’est sur vous que comptent les jours meilleurs.
- La troisième est que tout cela est possible car vous avez des super-pouvoirs. Qui a part le corps enseignant a su réinventer complètement son métier en 24 h ? Souvenez-vous, le jeudi matin, les écoles ne fermeraient pas, il fallait juste se préparer à nettoyer le préau pour les élections du dimanche. Et puis le jeudi soir, on fermerait finalement dès lundi. Et vous, le vendredi matin, avec bonhomie et sans crainte, vous aviez déjà tout réinventé (ok, il restait deux trois trucs à peaufiner) et vos élèves sont partis en confinement avec un protocole pédagogique qui n’avait rien à voir avec ce que vous faisiez la veille encore. Que vous soyez techno geek ou technophobe, vous êtes devenu un pro de la classe à distance. Qui peut en dire autant ? Qui a su si vite se réinventer si profondément ? Vous avez fait preuve de créativité, vous l’avez insufflée à vos élèves (merci à la maîtresse de ma fille pour le concours Getty Museum, j’ai le formidable tableau de Veermer avec ma fille en laitière). Vous ne le savez pas encore, mais vous savez déjà faire ce qui sera utile demain.
Nous vous souhaitons donc le bon courage, n’ayez pas peur, on compte sur vous !
Vincent
pour l’équipe du WebPédago qui fait ce qu’elle peut !