Chers collègues, vous souvenez-vous de ce jeune collégien qui a pu être perturbateur dans votre cours ? Provocateur ? Insolent ? Qui n’attendait qu’une chose : vous faire sortir de vos gonds ? Celui qui était tellement en difficulté que vous n’arriviez pas à imaginer qu’il puisse un jour s’insérer dans la vie professionnelle ? Ou encore de cette jeune fille extrêmement timide ? Si réservée ? Prête à tout pour se faire oublier ?

Que sont-ils devenus ? (roulements de tambours…)

Eh bien figurez-vous qu’ils sont arrivés dans ma classe, en filière professionnelle… Et pour cette chronique, je vais mettre en avant tous ceux qui ont choisi d’y être (car c’est le cas d’une grande majorité). Devinez quoi ? Au premier conseil de classe, le bilan est extrêmement positif, vous ne les reconnaitriez pas, ils sont motivés, moteurs, sérieux et participent. Ce sont ceux qui font tous les efforts possibles et inimaginables pour réussir ! La première métamorphose a eu lieu.

La suivante arrive au retour du premier stage. Quelque chose a changé en eux, ils dégagent désormais une certaine forme d’assurance et de confiance que nous ne leur connaissions pas encore. Puis, les années et stages se succèdent jusqu’au diplôme, et nous ne cessons de constater combien ils progressent, évoluent, s’accrochent, … Quelques difficultés vont persister, quelques écarts de conduite mais cela n’empêchera pas pour autant leur réussite, chacun à leur niveau !

Et c’est ça qui est magique dans les filières professionnelles ! Ces jeunes qui arrivent dans nos classes et qui ont le sentiment d’avoir trouvé leur place, cette même place qui va leur permettre de grandir, de se construire, de s’épanouir et de se préparer à entrer dans la vie active.

Et nous, enseignants dans tout ça ?

Nous obtenons la plus belle des récompenses : celle d’avoir été aux premières loges de telles métamorphoses, d’avoir pu les encourager, les accompagner ! Exit les bouquets de fleurs, boîtes de chocolat, et autres présents de fin d’année… notre plus beau cadeau, c’est de les voir quitter l’établissement avec un avenir professionnel certain (y compris lorsqu’ils décident finalement de s’orienter vers autre chose) et surtout, d’avoir contribué à ce qu’ils deviennent de jeunes adultes prêts à affronter le monde du travail.

N’oublions pas également dans cette histoire qu’ils ne sont pas les seuls à avoir grandi : nous aussi ! Curieuse de nature et ayant sans cesse soif d’apprendre, je m’enrichis chaque année de la richesse de nos échanges et je dois chaque jour me renouveler, me remettre en question pour m’adapter à qui ils sont et à leurs besoins. Chaque année est un nouveau défi pour moi : Enseigner le français et l’histoire-géographie à des jeunes qui sont là pour apprendre un métier avant tout (souvent au détriment des matières générales avec lesquelles ils ont un passé difficile) me passionne et m’anime au quotidien ! À leur contact, je me sens vivante.

Mon secret ? (ou pas d’ailleurs, car je n’ai pas de garantie de bon fonctionnement…)

J’aborde la rentrée avec l’idée que nous allons vivre des bons et des mauvais moments, mais qu’importe, cela se fera toujours dans la bonne humeur, le respect, l’écoute, la confiance et le partage ! Je leur explique qu’il va y avoir une forme d’échange entre nous et que je ne connais pas leur passé scolaire (car cela ne détermine en rien ce qu’ils seront demain) : je vais leur enseigner ce que j’aime, mon univers, ce qui leur est indispensable pour l’examen et dans la vie de tous les jours. En retour, je vais m’enrichir de chacun d’eux, de leurs expériences professionnelles, de leurs connaissances, etc.

Au départ, ils sont sceptiques… Puis, petit à petit, nous nous apprivoisons, je redouble parfois d’efforts pour tenter de capter leur attention et de temps à autre, je les vois s’accrocher pour me proposer le meilleur d’eux-mêmes.

Puis arrive le jour où, l’air de rien, l’un d’eux va s’intéresser à la dernière BD que j’ai lue et me demandais de lui prêter, un autre va me parler d’un film qu’il a vu et qui fait du lien avec notre chapitre. À ce moment-là, rien n’est gagné d’avance mais je savoure tout de même chaque petite victoire : la notion d’échange est là !

Et le lien qui va s’instaurer ne va cesser de grandir, notamment lors des premières visites de stage. La fierté se lira sur leurs visages et les rôles s’inverseront : c’est eux qui auront tout à m’apprendre et qui devront s’adapter à mes faibles connaissances !

Le mot de la fin ?

Je dirai tout simplement que pour moi l’enseignement professionnel a été une révélation. Au départ, destinée au professorat des écoles (un rêve de petite fille), j’ai découvert les filières professionnelles et j’ai tout de suite su que ma place était ici, auprès de ces jeunes. À tel point que j’ai eu envie de passer mon CAP cuisine en candidat libre (petit défi personnel)… et que je l’ai obtenu en septembre dernier !

Alors un grand merci à tous mes élèves pour tout ce qu’ils m’ont apporté, tout ce qu’ils m’inspirent et à ceux qui croiseront ma route dans les années à venir !

Passionnément vôtre,

 

Une chronique de Madame Sophie

Une réponse

  1. Bonjour et merci pour votre article. Je suis professeur de cuisine alors voir la fin de votre article, fut la cerise sur le gâteau.
    Merci pour nos jeunes de leur donner tant d’enthousiasme et pour ma part, j’ai bien reconnu les changements de nos élèves au fur et à mesure des années. Malheureusement c’est assez compliqué pour les stages en ce moment.
    Bien cordialement. merci pour votre article

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