Mon avis sur Epopia : le cadeau original des enfants

Je teste beaucoup de nouveaux concepts en classe, mais également en famille. Cette année, avec mes enfants de 6 ans et 8 ans, nous avons testé Epopia, les histoires par courrier, et l’expérience fut réellement magique. Epopia, c’est un jeu de rôle par échange de courrier postal entre les enfants et leur propre monde magique. Ils deviennent ainsi rois d’un royaume ou directrices d’une réserve d’animaux, reçoivent dans la boîte-aux-lettres des lettres à leur nom remplies de surprises et doivent eux-même répondre par écrit pour décider de la suite de leur propre histoire. En un an, mes enfants ont échangé chacun près de 10 lettres et je les ai vus lire, écrire, imaginer, rêver et prendre confiance en eux grâce à cette correspondance féérique.

Pourquoi j’ai décidé de tester Epopia avec mes enfants

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Le plan numérique : le grand gâchis !

L’école française est malade. Les enseignants sont en sous-nombre, on manque de matériel de base, on envoie inexorablement toute une partie de nos élèves vers l’échec… Mais pendant ce temps-là, le gouvernement décide de poser un gros chèque sur la table pour mettre des tablettes dans les mains de tous nos élèves : un énorme gâchis ! Donner des outils spécialisés, c’est bien, mais penser que cela va tout changer et en faire l’alpha et l’oméga d’une politique éducative, c’est se tromper lourdement. Toutes les études ont montré que la mise à disposition de tablettes n’améliorait en rien le taux de réussite des élèves, et puis cet outil n’apporte aucune aide à l’apprentissage du numérique et de la programmation. Et pendant que l’état français laisse ses derniers sous filer dans la poche des constructeurs, ceux-ci envoient volontairement leurs enfants dans des écoles sans écran… Est-ce que l’on ne serait pas en train de se faire complètement arnaquer ?

les tablettes à l'écoleEn pleine période de restriction budgétaire, nos écoles souffrent. Crise des moyens, crise des vocations, mais surtout crise des résultats. Dans tous les classement internationaux, la France recule et il est impératif de remettre la maison École sur les rails. La solution ? Un grand plan numérique annoncé le 2 septembre dernier pour faire changer l’école de siècle et de millénaire. La mesure phare ? Mettre une tablette numérique dans les mains de chacun de nos petits élèves.

 

Rien de neuf sous le soleil

Déjà, alors qu’il présidait la Corrèze, François Hollande avait distribué des tablettes à tour de bras aux petits élèves de sa circonscription. Malgré un jugement sévère de la Cour des comptes sur cette politique dépensière et profondément inefficace, le président de la République récidive aujourd’hui à l’échelle de la France. En voulant passer pour moderne, le gouvernement passe surtout pour incompétent.

Les tablettes n’ont aucun effet positif pour les élèves

En effet, cette politique n’est pas nouvelle et elle a déjà eu le temps d’être évaluée à de nombreuses reprises. Les résultats sont toujours les mêmes : la mise à disposition de tablettes n’apporte aucune amélioration du niveau des élèves. Un élève éduqué à l’école avec tablette et un élève éduqué sans tablette auront exactement le même niveau à la sortie du cursus scolaire. La seule différence, c’est que pour l’un des deux, on aura jeté beaucoup d’argent par la fenêtre !

Les tablettes, ce casse-tête logistique

Et puis, c’est bien beau de donner des tablettes à tous le monde, mais qui va assurer le service après-vente ? Une tablette ça se casse, ça doit se recharger, ça prend du temps à réparer et ça coûte cher. Avec des enseignements reposant fortement sur le travail en autonomie sur tablette, que fait-on de ceux qui l’auront oublié à la maison, de ceux en panne de batterie, de ceux qui seront en réparation ? Un élève, ça va, mais 10% d’une classe, ça devient très handicapant. Et puis payer une tablette une fois, ça va, mais il en faudra chaque année pour les nouveaux élèves, et il faudra remplacer toutes celles arrivées en fin de vie (le taux de casse va faire mal). L’état aura-t-il les moyens d’assurer cette politique dans le temps ?

Les tablette, oui, mais pour faire quoi ?

La tablette est un bel objet, personnellement, je suis fan, mais que va-t-on mettre dessus ? Si vous distribuez des tablettes juste pour numériser les manuels et alléger les cartables, c’est que vous n’avez rien compris du tout au numérique ! Et s’il y a bien un élément qui fait consensus, c’est que ce n’est pas le contenant, mais le contenu qui fera la différence, hors là-dessus, nous sommes complètement à la ramasse. L’offre est très pauvre, mais, en plus, il va falloir encore payer des applications. Avec quels moyens ?

Et puis les tablettes sont une source très importante de distraction. Tenir une classe était déjà difficile, mais avec ces objets qui permettent mille usages, cela va devenir l’enfer. Déjà qu’un grand nombre d’enseignants a du mal à gérer des classes sur-équipées en smartphones, qui « sms » et naviguent à longueurs de temps… Cette fois, c’est nous qui leur mettons l’arme du crime entre les mains. La tentation du clic sur le jeu, sur le tchat, sur le web sera forte et difficile à surveiller.

La tablette ne permet pas d’apprendre le numérique

Un enfant de deux ans, si on l’assoit devant une tablette, saura l’utiliser au bout de 10 minutes. L’objet est fait pour être facile à s’approprier, donc son utilisation n’éduque en rien. Comprendre et maîtriser le numérique, c’est comprendre la logique itérative, c’est comprendre comment communiquer avec la machine et comment elle comprend et exécute les ordres. Un tel apprentissage ne nécessite pas l’ombre d’une tablette, même pas un écran ; juste de la logique. Il y a encore 60 ans, nous formions nos informaticiens sans machine. Il y avait un ordinateur (de la taille d’une pièce entière) et les étudiants n’y avait quasiment aucun accès. Eux codaient sur papier et, une fois de temps en temps, ils pouvaient tester leur code (imprimé sur des cartes perforées) sur la machine. C’est donc sans écran que nous avons formé notre première génération d’ingénieurs informaticiens. Au lycée, les geeks développent leurs premiers programmes sur leur calculatrice. En Nouvelle Zélande, des chercheurs éduquent les jeunes enfants au numérique avec des cartes magnétiques, pour seulement 3€ de matériel. Dans cet apprentissage, à quoi va servir la tablette ? On se le demande encore…

Il faut faire tout le contraire

Pendant ce temps là, dans la Silicon Valley, au cœur de la révolution numérique, on fait exactement l’inverse. Les petits génies de l’informatique, devenus les géants du numérique que nous connaissons tous, envoient leurs enfants dans des écoles sans écran. Pas de télévision, pas d’ordinateur, pas de tablette dans l’éducation. Pourquoi ces riches informaticiens font ce choix extrême ? Peut-être parce que, pour le moment, tout semble indiquer que l’exposition anticipée aux écrans n’a que des effets négatifs sur l’évolution de nos enfants. Quoi qu’ils apprennent devant ces écrans, ils l’apprendront mieux et plus vite un peu plus tard, donc rien ne sert de se presser. Au contraire, pour bien comprendre les machines, il faut d’abord bien comprendre le monde réel dont elles s’inspirent davantage qu’on ne le pense. Une machine, ce n’est que de la logique, et la logique ne s’expérimente jamais mieux qu’en 3D physique. C’est une grande aisance dans le monde physique qui permet d’élever son niveau d’abstraction et donc de mieux appréhender l’univers du numérique. Une preuve ? Tous ces petits génies qui ont choisi ces écoles pour leurs enfants sont devenus de grands informaticiens, alors qu’ils n’avaient ni tablette ni PC à l’école !

 

Et vous, les tablettes pour tous les collégiens, vous y croyez ?

Les profs sont mal payés

Les chiffres du ministère viennent de tomber, les professeurs des écoles françaises sont mal payés. Ils sont moins bien rémunérés que leurs homologues étrangers, ils sont mon bien rémunéré que les autres professions et leur évolution salariale est beaucoup plus lente. Jetons un coup d’œil à ces résultats instructifs à plus d’un titre.

salaire professeurs école franceLe ministère de l’Éducation nationale vient de publier une étude inédite concernant la rémunération des enseignants. On y détaille les différences salariales selon le niveau de diplôme, le grade, l’âge, le sexe… Cette étude permet de mettre en valeurs des situations particulièrement hétérogènes entre les différents types d’enseignants, mais surtout un net décrochage par rapport à la moyenne européenne.

1. Enseignant, un métier déclassé

La première grande leçon, c’est que les professeurs des écoles du primaire sont payés 25% moins bien que les autres diplômés du supérieur. Ainsi, quand un jeune diplômé est rémunéré annuellement aux environs de 28.000€, le professeur des écoles débute à 21.000€. De plus, en fin de carrière, quand notre diplômé type touche une paye annuelle de 40.000€, l’enseignant plafonne en dessous de 30.000€ annuel. L’écart se réduit pour les enseignants du secondaire, mais l’écart reste significatif: 20% de salaire en moins.

2. Les enseignants pauvres de l’Europe

Les enseignants français sont moins bien rémunérés que leurs voisins européens. Par exemple, en milieu de carrière, le professeur des écoles françaises est rémunéré au même niveau d’un Italien, alors que l’instituteur anglais ou belge est payé 50% plus cher, et l’enseignant allemand presque le double (80% de mieux)… et je ne parle même pas du salaire luxembourgeois !

3. Les femmes sont moins bien payées

On retrouve davantage de femmes dans l’enseignement primaire que dans l’enseignement secondaire. Arpentez les couloirs d’une prépa. et vous verrez qu’elles se font rares. Mécaniquement , cette injuste répartition se retrouve dans les moyennes salariales et creuse nettement l’écart.

4. Le salaire des enseignants régresse

Si l’on compare le niveau de salaire entre les différents pays européens, on découvrira une dernière mauvaise surprise : le salaire des enseignants français a diminué de 7% ces 15 dernières années !

 

ecole change autorité parent enseignantOn comprendra, en regardant ces différents indices que la situation française n’est pas brillante. Nombreux sont ceux qui regrettent le temps où l’instituteur était autant respecté que le médecin, mais le changement qui a eu lieu dans les esprits se retrouve clairement sur le bulletin de paye. Si l’état veut rendre à nouveau ces métiers attractifs, il sait ce qu’il lui reste à faire!

Et vous, estimez-vous être rémunéré équitablement ?

 

Source: Bilan social 2012-2013 ? Partie 1. Enseignement scolaire

Pour résumer, voici les salaires bruts moyens annuels des enseignants titulaires :

– Premier degré : 31 280€ (dont 5,0 % de primes)
– Second degré : 39 200€ (dont 14,6 % de primes)
– Tous les enseignants : 35 400€ (dont 10,6 % de primes)

Pisa, révélateur des faiblesses de l’école française

vincent peillonA la veille de la sortie des résultats du nouveau test PISA, les grands titres accrocheurs sont déjà de sortie: Niveau scolaire : la France recule dans le palmarès mondial. Monsieur le ministre a prévenu, nous allons encore reculer. A ce rythme dans quelques années, nous seront tout au fond du classement…

En attendant de pouvoir voir les chiffres, je vous invite à relire ma très ancienne chronique sur la pertinence du test PIRLS: Nos enfants savent-ils lire ?

Et puis, jetez un œil à cet article afin de comprendre ce qu’est un test PISA: A quoi ressemblent les tests Pisa ?

Bref, n’oublions pas que tout cela est à étudier avec un peu de recul et de sang froid!

D’où viennent les mauvais résultats de l’école primaire en France ?

un-jeune-ecolier-leve-le-doigt-pour-prendre-laDans le cadre de la préparation de la prochaine réforme des programmes, (encore une !), le bilan de l’inspection générale sur la mise en application des programmes de 2008 commence à fuiter sur la toile. En voici les principaux points :

Trop d’écoliers ne lisent pas
L’I.G. pointe un manque de connaissance théoriques concernant l’apprentissage de la lecture chez les enseignants. Du coup, les textes travaillés en classe ne sont pas adaptés car uniquement sélectionnés selon des critères de taille et de thématique.

Pas de compréhension de l’écrit
Principalement focalisées sur l’acte de lecture et de déchiffrage, les activités de compréhension des textes ne sont apparemment traités qu’en groupe et de manière superficielles.

On n’écrit plus suffisamment
Écrire rebute les élèves alors on leur épargne cette souffrance… C’est pas bien! Les dictées sont, elles, bien au rendez-vous, mais pour ce qui est des rédactions, ce serait une autre affaire.

L’anglais, cette bonne blague
L’anglais est au programme et les institutions déclarent que tout est parfaitement mis en place sur le terrain… Mais, finalement, d’après le rapport, ce n’est que du vent.

Où sont les Maths ?
Il est des notions et des concepts indispensables pour avancer dans la vie. La compréhension des longueurs, des masses, des volumes, des aires ou des angles font partie de ces objets non identifiés par les enfants, que l’école se doit d’expliciter. Comment comprendront-ils un jour la notion complexe de « Mole » en chimie s’ils n’ont pas suffisamment manipulé en amont tout ces autres concepts bien plus tangibles. Pourtant, il semble qu’un grand nombre de professeurs fasse l’impasse sur ces chapitres.

Taper au clavier avec un doigt, c’est mal !
Nous ne mettons pas suffisamment les enfants en situation d’utilisation du clavier pour qu’ils y acquièrent de l’aisance. En même temps, ils savent taper des SMS en moins de 10 secondes avec seulement 2 pouces, alors est-ce si grave? Le nombre de doigt posés sur le clavier, ce n’est qu’une question de volonté, pas d’apprentissage !

Bref, vous l’avez compris, les programmes ne sont apparemment pas le problème. Le problème, ce sont les professeurs des écoles et leur formation. Ou alors le problème est le temps disponible pour mettre en application l’ensemble des items du programme. Où alors, c’est finalement un peu tout ça en même temps…

Et si l’on arrêtait de réformer le programme toutes les 3 minutes ? En effet, aucun programme, aussi bon soit-il, ne donnera jamais de résultats s’il n’est finalement jamais réellement suivi par personne. Utilisons donc toute cette énergie réformatrice, à commencer par appliquer parfaitement le programme en place, au moins une fois. Après, nous pourrons peut-être enfin effectuer une évaluation crédible de ses effets…

Et vous, l’application du programme actuel, vous en pensez quoi ?

Source: http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2013/11/22/ecole-primaire-le-rapport-qui-accuse/