D’où viennent les mauvais résultats de l’école primaire en France ?

un-jeune-ecolier-leve-le-doigt-pour-prendre-laDans le cadre de la préparation de la prochaine réforme des programmes, (encore une !), le bilan de l’inspection générale sur la mise en application des programmes de 2008 commence à fuiter sur la toile. En voici les principaux points :

Trop d’écoliers ne lisent pas
L’I.G. pointe un manque de connaissance théoriques concernant l’apprentissage de la lecture chez les enseignants. Du coup, les textes travaillés en classe ne sont pas adaptés car uniquement sélectionnés selon des critères de taille et de thématique.

Pas de compréhension de l’écrit
Principalement focalisées sur l’acte de lecture et de déchiffrage, les activités de compréhension des textes ne sont apparemment traités qu’en groupe et de manière superficielles.

On n’écrit plus suffisamment
Écrire rebute les élèves alors on leur épargne cette souffrance… C’est pas bien! Les dictées sont, elles, bien au rendez-vous, mais pour ce qui est des rédactions, ce serait une autre affaire.

L’anglais, cette bonne blague
L’anglais est au programme et les institutions déclarent que tout est parfaitement mis en place sur le terrain… Mais, finalement, d’après le rapport, ce n’est que du vent.

Où sont les Maths ?
Il est des notions et des concepts indispensables pour avancer dans la vie. La compréhension des longueurs, des masses, des volumes, des aires ou des angles font partie de ces objets non identifiés par les enfants, que l’école se doit d’expliciter. Comment comprendront-ils un jour la notion complexe de « Mole » en chimie s’ils n’ont pas suffisamment manipulé en amont tout ces autres concepts bien plus tangibles. Pourtant, il semble qu’un grand nombre de professeurs fasse l’impasse sur ces chapitres.

Taper au clavier avec un doigt, c’est mal !
Nous ne mettons pas suffisamment les enfants en situation d’utilisation du clavier pour qu’ils y acquièrent de l’aisance. En même temps, ils savent taper des SMS en moins de 10 secondes avec seulement 2 pouces, alors est-ce si grave? Le nombre de doigt posés sur le clavier, ce n’est qu’une question de volonté, pas d’apprentissage !

Bref, vous l’avez compris, les programmes ne sont apparemment pas le problème. Le problème, ce sont les professeurs des écoles et leur formation. Ou alors le problème est le temps disponible pour mettre en application l’ensemble des items du programme. Où alors, c’est finalement un peu tout ça en même temps…

Et si l’on arrêtait de réformer le programme toutes les 3 minutes ? En effet, aucun programme, aussi bon soit-il, ne donnera jamais de résultats s’il n’est finalement jamais réellement suivi par personne. Utilisons donc toute cette énergie réformatrice, à commencer par appliquer parfaitement le programme en place, au moins une fois. Après, nous pourrons peut-être enfin effectuer une évaluation crédible de ses effets…

Et vous, l’application du programme actuel, vous en pensez quoi ?

Source: http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2013/11/22/ecole-primaire-le-rapport-qui-accuse/

Un enfant de 5 ans écrit des lettres au monde entier

Mais quelle mouche a piqué ce petit garçon anglais qui s’est mis, à l’age de 5 ans, à écrire une lettre à destination des 193 pays du globe reconnus par l’ONU ! L’objectif est pourtant simple : recevoir, en réponse, une lettre de chaque pays du monde. L’idée lui est venue suite à la lecture d’une livre : « Une lettre à la Nouvelle-Zélande« . Il a alors souhaité écrire lui aussi une lettre à la Nouvelle-Zélande ; … Et puis, emporté par l’enthousiasme, il s’est dit « Et pourquoi ne pas envoyer une lettre au monde entier ? »

Sa maman pensait au début que cette lubie lui passerait vite, mais l’arrivée des réponses réalimentant sans cesse la flamme, le petit Toby a finalement rédigé 251 lettres à destination de 187 pays ! Et des réponses ? Il en a reçu de 68 pays.

Et l’aventure n’est pas terminée, puisque l’on peut suivre sur son blog l’évolution de la carte interactive présentant les pays ayant reçu une lettre (en vert) et ceux ayant répondu (en bleu). Vous pouvez même y lire chacune des lettres envoyées et reçues. Et pour Toby, chaque réponse est une invitation au voyage et au rêve. Il découvre ainsi, d’une manière lente et appliquée, les différents pays, les différentes cultures, et parcourt ainsi le monde.

Une chose est certaine, ce petit garçon ne manquera pas de correspondants à l’avenir et, en grandissant, peut-être que la prochaine étape sera d’aller les rencontrer tous !

Une telle expérience ne vous inspire-t-elle pas un superbe projet pour votre classe ?

 

Suivez son aventure en direct sur son blog: Writing to the world.

Mieux échouer pour mieux réussir

Mauvaise réponse ! C’est faux ! Mais tu te moques de moi ?

La peur de donner la mauvaise réponse ou d’avoir une mauvaise note est la première cause de démotivation de l’enfant face à l’école. Si je me trompe, la sanction tombe, on me juge négativement, on me fera une remarque, on me regardera différemment, j’aurai une mauvaise note, je me ferai gronder, … Autant de peurs qui, loin de motiver l’enfant à mieux travailler, le poussent à se désengager et à abandonner.

Pourtant, lorsqu’un enfant apprend à faire du vélo, il est normal qu’il n’y arrive pas tout de suite, qu’il tombe et se relève plusieurs fois. Les parents le savent, s’y attendent et sont même là, à chaque chute, pour le rattraper. Et lorsqu’un enfant apprend un instrument, il est normal qu’il sortent des centaines de fausses notes avant de réussir à obtenir la note juste. Les parents le savent, s’y attendent, se bouchent les oreilles et encouragent l’enfant à continuer d’essayer malgré ses erreurs répétées. Pourquoi cela ne fonctionne pas de même avec le travail scolaire ?

Tout bon apprentissage se fait en se trompant, c’est inéluctable. Si l’on pousse celui qui se trompe à réessayer, à force, il finit par y arriver ; si on le punit, il se décourage et ne veux plus ré-essayer. Il faut stimuler la confiance en soi de l’enfant, pour qu’il prenne avec bonheur le chemin de l’apprentissage. C’est d’une logique enfantine. Mais pourtant, le système est bien plus tourné vers la compétition, les notes et les comparaisons entre enfants. Quel en est l’intérêt ? Valoriser ceux qui comprennent plus vite ? Pourtant, celui-là, il réussira sa scolarité même si on l’y aide un peu moins. La véritable mission de l’enseignant n’est-elle pas d’apprendre à ceux qui n’arrivent pas à apprendre ?

Un chercheur américain, le Pr Croizet (Université de Stanford) en a fait l’expérience. Il a confronté des élèves à des exercices trop durs pour eux. A une moitié, il a signifié leur échec et à l’autre moitié il a expliqué qu’il était normal qu’ils n’y arrivent pas. Il a ensuite enchaîné avec un second test que le second groupe a naturellement mieux réussi. Meilleur ? Non, juste moins peur d’essayer car moins peur de se tromper. 

Tout cela pour vous faire partager cette belle vérité empruntée au Pr Croizet: « Quand des parents me disent que leur enfant a des difficultés à l’école, je commence par leur rappeler qu’il est au bon endroit pour en avoir ».

Et vous, comment faite-vous pour mieux accueillir les erreurs de vos élèves ?

Quelques sources complémentaires:
– L’échec, étape normale de l’apprentissage scolaire
– la pédagogie de l’echec

Mourir de ne pas enseigner

Gros coup de massue en apprenant dans la presse le suicide d’un collègue enseignant qui ne supportait plus ses conditions de travail. Après l’incompréhension préalable, la lecture de sa lettre d’adieu m’assomme d’autant plus.

Il y dénonce, coup sur coup, la baisse générale du niveau des élèves, la catastrophique réforme Chatel avec un coup faramineux pour un résultat absolument incohérent, inutile et même stupide. Et puis le silence des collègues, le silence des syndicats et surtout le silence et la lâcheté des inspecteurs et de toute la hiérarchie de l’E.N. qui donne des consignes impossibles à suivre, le savent parfaitement, mais font comme si tout allait bien.

« La mise en place de la réforme est faite à la hussarde dans un état d’affolement que l’inspection a du mal à dissimuler. Entre temps le gouvernement a changé sans que les objectifs soient infléchis le moins du monde ou qu’un moratoire soit décidé, ne serait-ce qu’à cause du coût astronomique de cette réforme. En effet il aura fallu réorganiser l’implantation de tous les ateliers de tous les lycées techniques de France, abattre des cloisons, en remonter d’autres à coté, refaire tous les faux plafonds, les peintures et renouveler les mobiliers. Ceci est fait à l’échelle du pays sans que la réforme ait été testée préalablement dans une académie pilote. »

C’est ainsi que cet enseignant s’est retrouvé à devoir donner une note décisive au BAC à ses élèves sur la base de critères en complets décalage avec les moyens à sa disposition, les capacités de ses élèves et les objectifs de sa matière; mais également avec la ferme exigence de ne pas noter à la tête du client alors que c’est la seule notation possible dans une telle situation.

« Les critères d’évaluation portent principalement sur la gestion de projet et la démarche de développement durable. Il est explicitement exclu de juger les élèves sur les performances et la réussite du projet. Ceci appelle deux remarques. La première est que les critères sont inadaptés, les élèves sont incapables de concevoir et même de gérer un projet par eux-mêmes. De plus la démarche de développement durable est une plaisanterie en spécialité SIN où l’obsolescence programmée est la règle. »

Voilà comment, refusant de redevenir complice de cette situation inacceptable, ce monsieur a préféré se donner la mort. Geste désespéré, incompréhensible et radical, mais, qu’on lui donne raison ou non, geste qui ne peut laisser personne indifférent.

Moi, je pense sans cesse à M. Pierre Jacque.

Retrouver l’intégralité de sa lettre d’adieu dans l’article de Marianne.

Et vous, vous en pensez quoi ?

Rentrée des classes 2013

Je souhaite une bonne rentrée à tout les rentrants: enfants, parents, enseignants et tout le personnel scolaire sans qui nous ne pourrions rien faire.

En route pour une belle année scolaire.

Chers collègues, ne vous leurrez pas en entendant ces cris de joie à leur arrivée, les enfants ne sont pas contents de retrouver l’école, ils sont juste contents de retrouver la cours de récréation !