J’ai bien utilisé les IM au collège pour restaurer la confiance de l’élève décrocheur en lui créant une petite bulle. En effet, je partais de ce qu’il savait faire, de ses talents comme savoir dessiner par exemple pour lui créer une zone de confort dans mon cours. Ensuite, peu à peu, je l’amenais à développer des intelligences plus scolaires comme l’I. verbale ou l’I. logicomathématique.
Arrivé au lycée, je me demandais que faire de ce fabuleux outil pédagogique. J’avais par ailleurs comme problème d’inviter mes élèves dans les textes, de créer un sujet lecteur comme le dit très bien A. Vibert dans son fameux rapport de mars 2011. En effet, trop d’élèves passent directement à l’analyse mécanique du texte sans avoir pu l’explorer, se l’approprier. Le cours de Lettres se résume alors à du par cœur pour l’EAF. Il a perdu sa substantifique moelle…
J’ai eu donc l’idée d’utiliser les IM dans la phase d’appropriation émotionnelle du texte avant celle de la réflexion et de l’analyse. Je propose donc aux élèves plusieurs activités :
• Visualiser le texte comme si on devait en faire un film en disant : « Je vois… » (I. visuelle) – quels sont les différents cadrages utilisés ?
• Préparer une mise en voix en repérant les accents syntaxiques et émotionnels (I. verbale, kinesthésique, musicale)
• Choisir un personnage et le mimer (I. kinesthésique) : que ressent-il ? comment son langage corporel exprime-t-il ses émotions ?
• Faire le plan du texte (I. logicomathématique) sous forme de liste de mots ou de schéma
• Présenter le texte au groupe (I. verbale, I. interpersonnelle) à partir d’une prise de notes
Les élèves choisissent d’entrer dans le texte de la manière qui leur plait.
Après cette phase, nous commençons l’analyse.
Ce sont des activités courtes, habituelles (pendant l’appel par exemple) qui installent les élèves, en début de séance, dans une posture de travail et de concentration et qui préparent le terrain pour la séance imminente.
Les élèves arrivent de l’extérieur (récréation, interclasse…) et sont dans une ambiance festive. Il convient donc de les mettre dans un cadre propice à l’étude.
Les rituels liminaires permettent à la fois une meilleure gestion de classe et une meilleure approche didactique et pédagogique de la compétence et des notions à voir pendant la séance.
Les rituels permettent :
de créer une atmosphère propice au travail
de réactiver des notions, pré requis, dans la tête des élèves (tissage ou réinvestissement)
d’anticiper des difficultés dans la séance (compréhension du vocabulaire par exemple)
de rendre les élèves autonomes (écrits de travail, révisions avec le brouillon puis vérification dans le cahier par l’élève sans besoin de personne)
d’interroger les représentations initiales des élèves sur l’objet de la séance
de faire le point sur ce qu’on sait, ce qu’on croit savoir faire…
2. Exemples de rituels liminaires
Il ne faut pas oublier de préparer les élèves à la séance qu’on va leur proposer. En effet, plusieurs facteurs vont venir parasiter le cours comme l’absence de compréhension due à des lacunes lexicales, notionnelles ou encore à des fausses représentations , la passivité parce qu’on n’aura pas installé l’élève dans une posture adéquate ou que l’élève n’aura pas la méthode idoine pour effectuer les activités à venir…
On comprendra donc qu’il faut impérativement soigner son entrée sur la scène pédagogique.
Voici des exemples de rituels liminaires pour la classe de français au collège :
Révision d’une ou de plusieurs notions qui sont les prérequis, sans lesquels les élèves ne pourront pas comprendre la séance, sous forme d’écrits de travail sur feuille de brouillon (listes de mots, schémas, tableaux…)
Jeux de vocabulaire pour anticiper certains problèmes de compréhension (jeu solitaire des lettres mystérieuses par exemple, mise en commun puis défi pour apprendre les mots sous forme de jeu collectif)
Exercices avec la leçon sous les yeux
Questions sur les représentations des élèves sur la notion à aborder (Que savez-vous de….?) sous forme d’écrit de travail sur feuille de brouillon
Apprendre une citation courte signifiante (poésie, théâtre, roman…)
Regarder une 1ère de couverture et formuler des hypothèses sur la diégèse, les personnages, les lieux, l’époque… pour préparer une lecture et/ ou une rédaction
Formulation des impressions de lecture (image, texte lu précédemment)
Justification des impressions
Formulation d’un point de vue à partir d’une question de réflexion
Rappel de la méthode pour… (écrit réflexif sur feuille de brouillon par chaque élève suivi d’un débat “Comment fait-on pour… ?”)
3. Mais, au fait, mes élèves ne sont pas autonomes
Vous regardez ces exemples d’activités mais vous pensez que vos élèves ne sauront pas les effectuer seuls. Cependant, je vous rappelle que les rituels liminaires sont à construire progressivement et très régulièrement.
Néanmoins, il convient de leur faire construire quelques outils que vous trouverez sur ce blog.
C’est le moment de les former à la Gestion Mentale, aux écrits de travail. De ce fait, les élèves seront capables d’apprendre en autonomie et progressivement de construire leur propre cours comme dans une classe inversée.