Le tutorat par les pairs

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Qu’est-ce que le tutorat par les pairs ?

Pour les collègues du collège Gérard Holder, voici le diaporama de la formation du mercredi 02/03/2016.

 

Je précise que la vidéo qui sert de support a été trouvée sur Youtube à cette adresse :

https://www.youtube.com/watch?v=y3WVn5FrKK0

Merci pour votre accueil.

Un bouquet de questions qui ont été posées :

  • Quand peut-on mettre en place le tutorat par les pairs ?

Certains collègues ont dit qu’il fallait attendre de bien connaître les élèves. Pour ma part, je pense qu’on peut commencer presque dès la première séance, après la première évaluation-diagnostic. Cet outil pédagogique est pour moi une manière de jeter les bases d’une classe coopérative. D’autres outils sont encore à construire. Il ne faut donc pas trop tarder…

  • Les élèves tutorés peuvent-ils être valorisés en dehors du dispositif ?

Oui, un élève en difficulté en français peut être fort en maths par exemple (ou toute autre matière) et jouer le rôle de tuteur dans cette discipline. L’idéal est de communiquer la liste des élèves concernés par le dispositif au professeur principal qui peut décider de s’en emparer et de le proposer aux autres collègues.

  • Les tuteurs peuvent-ils être valorisés ?

On ne doit pas s’enfermer dans les notes et on devrait réfléchir à une valorisation symbolique qui pourrait trouver un écho dans la cérémonie de remise des prix, à travers le parcours citoyenneté ou avec des petits diplômes qu’on peut donner aux élèves méritants (tuteurs mais aussi tutorés). De toute manière, le rôle de tuteur est très valorisant en lui-même.

  • Les élèves ne vont-ils pas en profiter pour bavarder ? Les dyades peuvent-elles changer dans l’année ?

Oui et oui ! Il faudra ajuster le dispositif régulièrement, parfois changer des groupes… D’autre part, certains tutorés deviendront vers le deuxième ou troisième trimestre des tuteurs à leur tour.

  • Que faire si un élève refuse d’être tuteur ou tutoré ?

Rien. Il faut attendre que la dynamique de groupe fasse son effet. Soit l’élève revient quelques jours après, soit on le sollicite de nouveau (mais doucement ! il faut avoir l’accord d’un élève pour le tutorat).

Non, seulement pour les tâches complexes. Autrement, ce serait ingérable.

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  • Le tuteur ne risque-t-il pas d’être victime d’une pression trop lourde sur ses  épaules ?

Je ne le pense pas. Je crois plutôt qu’il s’ennuie et qu’il va finir se désintéresser du cours si on ne lui confie pas des responsabilités.

Voilà les questions que j’ai mémorisées. J’espère que cette courte information vous aura ouvert des perspectives nouvelles ou amenés un peu plus loin pour les collègues qui connaissaient déjà cet outil.

Pour la collègue d’anglais, voici la référence du livre de Baudrit :

A bientôt, au collège Gérard Holder !

 

 

Vous trouverez également des ressources sur le tutorat sur ce blog.

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Réguler le tutorat

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Comment accompagner mes petits tuteurs ?

Éviter le chaos d’un tutorat incontrôlé et incontrôlable

Si je lis bien Alain Baudrit, il convient d’accompagner les tuteurs dans chaque séance où ils doivent intervenir pour éviter qu’ils ne s’égarent et que le tutorat ne devienne une source de confusion. En effet, le tuteur pourrait oublier certains éléments importants, commettre des erreurs… Le tuteur doit aider le tutoré a avoir les bons gestes mentaux comme dirait la Garanderie.  Après l’avoir formé, je vais l’accompagner lors de tâches complexes non notées, pour des évaluations. Comment faire cela ?

fiche guide pour encadrer le tutorat pour la rédaction

fiche guide pour encadrer le tutorat pour la rédaction

Accompagner les élèves tuteurs en cours de français

En français, nous avons 3 domaines, ou 3 tâches complexes, dans lesquels l’élève doit acquérir des automatismes. L’élève en difficulté se retrouve perdu devant le nombre de procédures, l’ampleur de la tâche. Il est pétrifié et souvent abandonne la partie.

Voici ces trois travaux d’Hercule :

Élaborer des fiches-guides en français

Ces fiches sont l’occasion, pour le tuteur, de mettre au point ses propres outils méthodologiques. Pour l’enseignant, le principe est simple : il suffit de proposer une fiche qui rappelle les points méthodologiques importants pour la réussite d’un exercice, d’un contrôle. Dire toujours la même chose (comme Piarrot à Charlotte) n’est pas très productif. On se décourage et on s’use à la longue. Les tuteurs seront des  précieux relais pour faire passer les messages comme « il faut se relire avec un livre de conjugaison » ou « on doit vérifier les mots mal connus dans le dictionnaire »…

Lorsque le tuteur rend la fiche complétée (noms, date …), le professeur a un regard sur chaque tutorat qui dépasse le sien-propre (étant limité, n’ayant pas le don d’ubiquité, il y a forcément des choses qui auront échappé à sa perception lors de l’exécution de la tâche complexe). Il pourra donc ajuster, réguler le tutorat.

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Utiliser au collège des symboles ou des… bons points

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Nous avons tous besoin de symboles

Image associée à la récompenseJe ne vous dirai pas que notre précédent président (au-delà de toute polémique politicienne, ce blog n’étant pas le lieu pour ce genre de déballage) a perdu les élections car il a commis des fautes symboliques comme augmenter son salaire, fêter sa victoire dans un restaurant luxueux ou encore se détendre sur un yacht. On a dit qu’il était le président des riches. Les Français ont retenu toutes ces images fortement chargées symboliquement et ont sanctionné l’homme dans les urnes.

Nous sommes des adultes et nous recherchons les médailles, les promotions (souvent symboliques.) Alors qu’en est-il des élèves ? Je m’étonne souvent de l’abandon de l’enseignement secondaire des outils qui fonctionnaient si bien au primaire : les ardoises (on voyait d’un coup d’œil qui avait compris ou non la leçon), les bons points et les images. Pis, on donne des notes souvent très sévères qui prennent la place des symboles laissée vacante  dans la tête des élèves et, aux bons points, on a substitué les mauvais points qui signifient (pour l’élève) : “Tu es nul !”

Dans notre Collège Unique (expression paradoxale si on mesure les écarts  entre les élèves), nombre d’élèves arrivent inadaptés, c’est-à-dire chargés de lacunes du primaire. Ces élèves reçoivent systématiquement des notes très basses qui les enferment dans une spirale de l’échec et détruisent l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. Là où on abandonne le terrain symbolique, les mauvaises herbes poussent car la nature a horreur du vide. Si vous n’agissez pas sur la vision de vos élèves, une image triste et complexe va prendre la place dans leur imagination et vous vous plaindrez de leur manque de motivation, de leur découragement.  Heureusement, les compétences du Socle viennent (je ne suis pas ironique), pour peu qu’on sache les utiliser, adoucir ce verdict, cette longue mise à mort pédagogique de l’élève. En effet, aux notes s’ajoute l’évaluation de compétences et si l’on veut encourager les élèves, on peut leur montrer leurs progrès.

Evaluer ou ne pas dévaloriser l’élève : un dilemme cornélien

Les enseignants voient bien que ces élèves souffrent. On ne peut pas leur mettre des bonnes notes illusoires ni cesser de les évaluer. Il convient donc d’équilibrer la construction symbolique qu’ils ont d’eux-mêmes (on ne peut pas changer ce système qui leur fait tant de mal, il faut donc s’adapter !)

Comment (re)construire le système symbolique de l’élève du collège ?

tutorat par les pairs

J’ai mis en place un tutorat par les pairs en Sixième dans le but d’agir sur la compréhension et la motivation d’un maximum d’élèves : les forts qui s’ennuyaient dans notre Collège Unique, les moyens qui n’avaient pas de but, les faibles qui sombraient toujours un peu plus dans l’estime d’eux-mêmes.  Il s’agit bien, au-delà de tout verbiage idéologique (comme je le lis parfois dans certains blogs prétendument pédagogiques) de s’adapter à quasiment tous les élèves.

tutorat par les pairsOn ne peut donner des bons points ni des images car ils sont trop connotés. ll convient donc de construire des symboles nouveaux, idoines au secondaire. Je vous propose ces deux documents donnés l’un au tutoré et l’autre au  tuteur.  L’élève pourra colorier les étoiles au fil de ses acquis – ce qui sera l’occasion d’un dialogue intéressant et régulier entre l’élève et l’enseignant. On reconnaîtra des personnages de contes (le prince transformé en crapaud, Cendrillon, les adjuvants comme la fée, le prince et la princesse).

J’utilise l’imaginaire du conte au programme de Sixième pour parler à mes élèves. En Cinquième (je n’en ai pas cette année en français), j’utiliserais l’univers du roman de chevalerie…

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Mise en place d’un tutorat par les pairs pour des élèves de Sixième dans un collège

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Qu’est-ce qu’on entend par « tutorat par les pairs » ?

Il s’agit de former des élèves de Sixième brillants (ou non) et volontaires pour aider leurs camarades qui ont moins de facilités qu’eux -à ce moment-là- pour effectuer certains travaux, comme la rédaction par exemple.

Ces élèves prennent des responsabilités pour le bien commun de leur classe. Ils relaient la parole du professeur et interviennent là où ce dernier ne le peut pas ou plus (voir le premier article de ce blog à ce sujet).

Ce tutorat part de mon cours de français dans ma salle mais il rayonne également en salle d’étude (avec l’accord des surveillants et de la CPE), ainsi que dans d’autres disciplines (de certains collègues intéressés).

C’est un outil au service des élèves et de tous les membres de l’équipe éducative qui veulent bien l’utiliser.

Je précise que les élèves tuteurs comme les tutorés sont volontaires et ne sauraient en aucun cas être forcés.

Quels sont les objectifs de ce dispositif ?

 

Ils sont multiples ! Il s’agit de créer et d’entretenir un esprit d’équipe, de solidarité chez les élèves de Sixième. Plus d’intellos individualistes, ni de nuls… Je parle évidemment des représentations, des clichés qui ont la peau dure. Il s’agit donc d’agir sur les représentations des élèves de manière à ce que tout le monde puisse trouver sa place – et son rôle- au sein de la classe.

Pour les tutorés, cette aide est précieuse. En effet, le professeur ne peut être partout (il faut accepter cette réalité et ne pas polémiquer sur les moyens si on veut survivre dans ce métier et surtout aider les élèves qui n’ont rien à voir avec les conflits des adultes). De plus, la parole de l’enseignant se démonétise vite. J’ai beau effectuer des schémas flanqués de phrases, expliquer les gestes mentaux pour apprendre, me creuser la tête pour solliciter les Intelligences Multiples, je dois accepter mes propres limites. Il arrive un moment où le professeur peut expliquer vingt, trente fois la même chose, en vain. Un élève expliquera avec des mots d’élève à un autre élève, et fera mouche.

Pour les élèves en perdition, ceux qui rendent une copie blanche, le tuteur (souvent aidé du groupe) exerce une pression bienveillante et un élève décrocheur sur deux accepte de se mettre au travail (ce que j’ai constaté l’année dernière, à Poya).

Pour les tuteurs, il s’agit de développer l’intelligence interpersonnelle et donc de prendre une place intéressante dans la communauté de la classe. Ils prennent confiance en eux. De plus, ils bénéficient de mon aide directe : j’accélère leur apprentissage pour leur permettre d’aider les autres. Je peux leur donner tellement de choses car ils sont comme des éponges. Par exemple, au bout de quatre semaines de cours, je vais donner à mes deux ou trois premiers tuteurs, dans mes deux Sixièmes, mes fiches de vocabulaire pour la Cinquième (pour décrire un personnage). Eux qui auraient progressé doucement (peut-être qu’inconsciemment on n’aurait pas envie qu’ils avancent trop vite, les autres étant si lents) peuvent maintenant suivre leur propre rythme. Ils ne s’ennuient plus !

Pour le(s) professeur(s), la joie de voir un groupe avancer plus vite. Je ne sais plus combien de mois mettaient mes élèves de Sixième pour effectuer une rédaction d’un paragraphe de dix lignes auparavant mais, je peux dire aujourd’hui, qu’au bout de quatre semaines,  la majorité réussit à rendre un travail de qualité.

Les objectifs sont de mettre au travail un maximum d’élèves quel que soit leur niveau, de créer une émulation et un esprit d’équipe dans la classe, de donner confiance à chacun, bref de mettre en place une pédagogie différenciée.

Comment mettre en place ce dispositif ?

J’ai présenté d’emblée (dès le premier cours) les Intelligences Multiples à mes élèves. Nous en parlons de temps en temps au détour d’un texte étudié en classe (c’est eux qui y font allusion).

Je leur vends le tutorat par les pairs et ils se montrent très enthousiastes. Je propose à un ou deux qui finissent très vite leurs travaux. Je n’ai encore jamais essuyé de refus. Je leur donne des conseils, des outils, voire des fiches supplémentaires. Je les encourage à travailler par deux sur ces fiches. Je commence à aider les autres élèves avec mon ou mes tuteurs à mes côtés en les aidant à observer les difficultés (que souvent ils ont eues eux-mêmes brièvement !) et en précisant qu’il faut aider le tutoré et non pas faire (il ne pourrait jamais devenir autonome).

J’attends d’avoir un petit groupe de cinq ou six tuteurs qui finissent par émerger. Je les forme (voir sur ce blog).

Je constitue une liste de tuteurs et je vais voir les surveillants, la CPE, la documentaliste, mes collègues des autres matières. J’informe le Principal et c’est parti ! Je précise que seules les personnes (adultes ou enfants) volontaires font partie du dispositif. Ceux qui refusent d’aider ou d’être aidés sont respectés.

Le dispositif devrait débuter, en principe cinq, à six semaines après la Rentrée des grandes vacances. En Nouvelle Calédonie, nous en sommes à la cinquième semaine.

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Pourquoi préparer ses cours ?

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Comment aider les élèves à construire leur cours en autonomie ?

La classe inversée

Les enseignants aiment en général bien préparer, surpréparer leurs cours. Il m’est arrivé par exemple, comme beaucoup de collègues, de faire de magnifiques présentations Power Point devant des élèves admiratifs, ou indifférents…

Les élèves, dans le meilleur des cas, apprécient cette débauche d’informations et peuvent même nous faire des compliments. Mais qu’ont-ils appris ? Si on leur fait un contrôle, on est souvent déçu. On se dit qu’ils n’apprennent rien, ne comprennent rien. On leur en veut. Après tout, j’ai bien préparé mon cours, moi. J’ai joué le jeu.

Et si on leur demandait de préparer le cours ?

Je commence l’année de manière « classique » avec de belles présentations pour apparaître en position de magister. Il faut absolument soigner son image, particulièrement en début d’année.

Peu à peu, je leur montre comment construire un cours : le titre, l’introduction, les schémas, les phrases… Au bout d’un certain temps, je leur parle des trois types d’élèves : les passifs, les actifs et les autonomes. Je leur vends le troisième type. Je leur propose alors de préparer le cours.

Comment peuvent-ils préparer le cours ?

Quatre à cinq doigts se lèvent pour prendre les documents que je propose quelques jours avant le cours. Je leur donne à chacun une notion ou une partie du cours – par exemple, une photocopie sur les fonctions de l’adjectif : le cours d’introduction, une sur l’épithète et une sur l’attribut du sujet-  et je leur dis que ça va être difficile, qu’il faudra venir me demander des conseils. Ils n’y arrivent pas, je les encourage. Je leur rappelle ce que nous avons vu sur le déroulement d’un bon cours (introduction, schémas, phrases…)

Les volontaires passent au tableau. J’interviens beaucoup au début pour donner des conseils et je m’efface peu à peu au fur et à mesure des interventions orales des élèves. Je joue alors le rôle de l’expert qui précise certains points encore obscurs, veille à ce que l’essentiel soit dit, s’assure qu’il n’y ait pas d’erreurs au tableau…

Mais alors si les élèves préparent leurs propres cours, quel est le rôle du professeur ?

Dans un premier temps, je prends des pages internet que je modifie parfois légèrement, souvent deux articles sur la leçon que je mets en forme pour les photocopies. Ensuite, les élèves qui ont pris confiance me demandent s’ils peuvent trouver eux-mêmes les documents. Je travaille alors en partenariat avec ma collègue documentaliste qui les aide à trouver les informations nécessaires à la construction de leur leçon.

Je félicite (pas seulement moi, les autres élèves aussi) les jeunes orateurs et leur mets une note bonus. Dans une de mes deux sixièmes, j’ai récemment mis un 18/20 à un élève qui a très bien présenté l’épithète.

Une certaine émulation se crée et je peux compter sur 7 ou 8 élèves qui conquièrent leur autonomie en quelques mois. Ces élèves sont souvent tuteurs et ils auront un rôle particulier à jouer pour un jeu-cadre que je mettrai bientôt en place. Ils sont des relais précieux pour aider leurs camarades à mieux comprendre les notions et surtout à s’approprier les méthodes. Ces présentations orales leur permettent de se construire en tant qu’élèves-experts et de prendre confiance en eux.

Si cela vous intéresse, vous pouvez lire également cet article sur Lettre à Condorcet : Etudier la voix passive en Cinquième (en autonomie)

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