Utiliser au collège des symboles ou des… bons points
outil pédagogique 1 avril 2013, 11:07Nous avons tous besoin de symboles
Je ne vous dirai pas que notre précédent président (au-delà de toute polémique politicienne, ce blog n’étant pas le lieu pour ce genre de déballage) a perdu les élections car il a commis des fautes symboliques comme augmenter son salaire, fêter sa victoire dans un restaurant luxueux ou encore se détendre sur un yacht. On a dit qu’il était le président des riches. Les Français ont retenu toutes ces images fortement chargées symboliquement et ont sanctionné l’homme dans les urnes.
Nous sommes des adultes et nous recherchons les médailles, les promotions (souvent symboliques.) Alors qu’en est-il des élèves ? Je m’étonne souvent de l’abandon de l’enseignement secondaire des outils qui fonctionnaient si bien au primaire : les ardoises (on voyait d’un coup d’œil qui avait compris ou non la leçon), les bons points et les images. Pis, on donne des notes souvent très sévères qui prennent la place des symboles laissée vacante dans la tête des élèves et, aux bons points, on a substitué les mauvais points qui signifient (pour l’élève) : “Tu es nul !”
Dans notre Collège Unique (expression paradoxale si on mesure les écarts entre les élèves), nombre d’élèves arrivent inadaptés, c’est-à-dire chargés de lacunes du primaire. Ces élèves reçoivent systématiquement des notes très basses qui les enferment dans une spirale de l’échec et détruisent l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. Là où on abandonne le terrain symbolique, les mauvaises herbes poussent car la nature a horreur du vide. Si vous n’agissez pas sur la vision de vos élèves, une image triste et complexe va prendre la place dans leur imagination et vous vous plaindrez de leur manque de motivation, de leur découragement. Heureusement, les compétences du Socle viennent (je ne suis pas ironique), pour peu qu’on sache les utiliser, adoucir ce verdict, cette longue mise à mort pédagogique de l’élève. En effet, aux notes s’ajoute l’évaluation de compétences et si l’on veut encourager les élèves, on peut leur montrer leurs progrès.
Evaluer ou ne pas dévaloriser l’élève : un dilemme cornélien
Les enseignants voient bien que ces élèves souffrent. On ne peut pas leur mettre des bonnes notes illusoires ni cesser de les évaluer. Il convient donc d’équilibrer la construction symbolique qu’ils ont d’eux-mêmes (on ne peut pas changer ce système qui leur fait tant de mal, il faut donc s’adapter !)
Comment (re)construire le système symbolique de l’élève du collège ?
J’ai mis en place un tutorat par les pairs en Sixième dans le but d’agir sur la compréhension et la motivation d’un maximum d’élèves : les forts qui s’ennuyaient dans notre Collège Unique, les moyens qui n’avaient pas de but, les faibles qui sombraient toujours un peu plus dans l’estime d’eux-mêmes. Il s’agit bien, au-delà de tout verbiage idéologique (comme je le lis parfois dans certains blogs prétendument pédagogiques) de s’adapter à quasiment tous les élèves.
On ne peut donner des bons points ni des images car ils sont trop connotés. ll convient donc de construire des symboles nouveaux, idoines au secondaire. Je vous propose ces deux documents donnés l’un au tutoré et l’autre au tuteur. L’élève pourra colorier les étoiles au fil de ses acquis – ce qui sera l’occasion d’un dialogue intéressant et régulier entre l’élève et l’enseignant. On reconnaîtra des personnages de contes (le prince transformé en crapaud, Cendrillon, les adjuvants comme la fée, le prince et la princesse).
J’utilise l’imaginaire du conte au programme de Sixième pour parler à mes élèves. En Cinquième (je n’en ai pas cette année en français), j’utiliserais l’univers du roman de chevalerie…
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Tags : autonomie, pédagogie différenciée, tutorat par les pairs
2 mai 2013 à 1 h 46 min
Pas mal du tout, ces fiches : très parlantes, je trouve. J’ai de loin en loin tenté le système du tutorat, d’après les idées de Robert Guichenuy (« Elèves acteurs, élèves actifs ») . Ce qui m’intéresserait, ce serait de savoir la fréquence d’utilisation de cette relation de tutorat dans les cours-mêmes mais aussi le temps utilisé pour expliquer cette relation puis pour l’évaluer (ou la faire auto-évaluer).
2 mai 2013 à 9 h 37 min
Merci pour le compliment. Je n’ai pas lu le livre auquel vous faites référence (mais il a l’air intéressant.) Le tuteur est assis à côté de son tutoré et a vocation à aider ce dernier à avoir les bons gestes et les bonnes attitudes cognitives, y compris pendant les évaluations. Le tuteur me montre sa copie, je lui fais des commentaires. Quand nous sommes satisfaits tous les deux, il peut aider d’abord son tutoré puis circuler dans la salle et aider ses autres camarades. Les documents mis en ligne sont encore expérimentaux (comme tout ce que je fais pratiquement) et ils font l’objet d’un examen de l’élève et du professeur à chaque bilan (trimestre, demi-trimestre), ce qui permet de mesurer les progrès accomplis. Je souhaite que les élèves s’auto-évaluent et qu’ils deviennent autonomes également par ce biais.
3 mars 2016 à 6 h 57 min
[…] ne doit pas s’enfermer dans les notes et on devrait réfléchir à une valorisation symbolique qui pourrait trouver un écho dans la cérémonie de remise des prix, à travers le parcours […]