L’enfance est une période clé dans la vie d’un individu, autant d’un point de vue cognitif, intellectuel, psychologique que de construction de repères socio-culturels. Elle est à prendre en compte comme une période très spécifique, et à haute responsabilité pour l’enseignant, car c’est une période de grande fragilité, de grande exposition aux traumatismes.
Voilà pour un cadre général. Toutefois, on est en mesure de se demander ce qui pourrait changer de la perception de l’enfance pour un enseignant dans le monde actuel. Nous avons trouvé quelque pistes de réflexion :
Premièrement, depuis la pédagogie de la transmission et l’idée que l’enfant n’est pas encore parvenu au stade d’individu, nous avons fait du chemin. Ainsi, depuis Françoise Dolto, l’enfant est considéré comme un individu à part entière, et l’enseignement est envisagé dans une perspective beaucoup plus actionnelle, centrée sur l’enfant comme acteur, et donnant à l’enseignant un rôle d’accompagnant plutôt que de figure d’autorité.
Une autre spécificité actuelle repose sur l’idée que l’enfance pourrait être un patrimoine en danger, à préserver. En tâchant d’éviter les écueils réactionnaires, nous pouvons parler d’une surexposition de l’enfance au monde des adultes (par le téléphone, Internet, la télévision, etc.) et d’une certaine hyper sexualisation (maquillage précoce, télé réalité, etc.). Le rôle de l’enseignant serait donc également de protéger une forme d’innocence que nous souhaiterions associée à l’enfance.
Nous aurions enfin voulu parler du nouveau rôle de l’enfant lié aux enjeux actuels de crise économique, sociale, mais surtout écologique. Cela n’est pas réservé au corps enseignant, mais l’enfance est pour beaucoup devenue synonyme de construction d’avenir. L’héritage laissé aux enfants nous confère aussi le devoir de les former à vivre dans un monde instable, à s’adapter. Cette tâche incombe aux enseignants, ainsi que celle de préserver les enfants de la pression associée.