L’ autre

L’autre

L’autre, femme ou homme, de la même espèce que moi, et pourtant différent, comment le regarder ? Comment me comporter face à lui ?

Si je vois en lui un ennemi qui me menace, qui me fait peur, je ne songe qu’à me défendre contre lui, et pour mieux me défendre, à l’attaquer. C’est cela le racisme.

Si je vois en lui un obstacle qui gêne ma progression, je ne cherche qu’à le dépasser, à l’éliminer. C’est cela la compétition qui transforme la vie de chacun en une suite de batailles parfois gagnées, en guerre toujours perdue.

Pour être réaliste, je dois voir en l’autre une source qui contribuera à ma propre construction. Car je suis les liens que je tisse ; me priver d’échanges c’est m’appauvrir. Le comprendre c’est participer à l’Humanitude.

Albert Jacquard

J’ai fait de nombreuses recherches pour trouver un poème et je suis tombé sur cette poésie très interessante de Jacques Albert. J’ai donc décidé de la publier et la soumettre à vos commentaires.

Pourquoi étudier ce poème en classe?

Ce poème est en fait une charte de vivre-ensemble nous amenant à developper beaucoup plus notre humanisme. Au delà de l’autre que l’auteur nous permet de voir, non comme un.e ennemi.e mais comme un collaborateur, une collaboratrice;Il nous donne aussi les clés pour vivre bien en société, à savoir:  accepter la différence, se battre contre le racisme, et éviter de faire la guerre.

Cette poésie peut être étudiée en classe à partir du CM1. Les pistes d’exploitation envisagées :

  • Permettre aux élèves de découvrir le poème

  • Laisser un moment de débat et d’expression libre sur les ressentis des élèves.

  • Un atelier d’écriture peut être envisagé: les élèves peuvent rédiger en groupe leur propre poésie autour du thème “humanitude”.

  • Afficher la production des élèves dans la classe

  • Pourquoi pas, travailler sur des concepts tels: racisme, différence, être réaliste

A mon bel amour: dans un miroir 

 

Ces vidéos sont pour moi révélatrices de la lutte contre le regard de l’autre.

La musique au tempo très cadencé, ainsi que l’utilisation d’un champ lexical dépréciatif  créent une ambiance pesante. A laquelle s’opposent la liberté de mouvement des danseurs ainsi que le champ lexical du beau et du (re)nouveau.

Je les vois comme  une mise en abyme de la célèbre phrase de Platon  « comme dans un miroir celui qui y regarde voit son image », où la pupille de l’Autre est un miroir, on y aperçoit son reflet.

En effet, à travers le prisme de l’autre nous pouvons voir notre propre image, mais parfois altérée. Le miroir est l’autre.

Ces videos sont un « cri libérateur » contre le conformisme et une puissante ode à l’ouverture à l’altérité.

Des vidéos qui invitent chacun à faire une introspection sur son regard sur les autres et à réfléchir sur ceux que l’on a pu poser sur nous. Les effets qu’ils ont pu avoir sur ceux en quête  de leur identité.
Les mots utilisés , les témoignages, la mixité des danses et  la réalisation en elle même sont poignants , lourds de sens et amènent  à une réflexion qui est je pense le but final d’une telle  représentation.

L’ensignant un médiateur

L’enseignant a un rôle de médiateur

Je souhaite vous l’exposer, vous l’illustrer, par des exemples concrets vécus dans mon rôle de teacher aid d’une classe de grande maternelle au Lila school de Los Angeles.

Être un médiateur Langagier : Les élèves du Lila school sont à 90% américains et pour la plupart c’est leur première année d’enseignement français. Il est donc important de leur donner une explication ou les consignes, en français puis en anglais. J’utilise également un vocabulaire facile et compréhensible au mieux par et pour tout le monde. Ex : « nous allons aujourd’hui construire les maisons des 3 petits cochons » « today we are going to build the houses of the 3 little pigs ». Mimer les choses, utiliser un langage gestuel, leur montrer les objets en les citant en français leur permet également de mieux comprendre et apprendre le français.

Être un médiateur relationnel : Il est important de travailler dans un climat de confiance entre les élèves, les parents et l’enseignant. Il y a quinze jours un parent de la classe, paniqué, m’a envoyé un email en m’expliquant que sa fille avait peur d’aller aux toilettes de l’école et se retenait d’y aller toute la journée. Après un long échange avec les parents pour trouver des solutions nous avons convenu que je pourrais l’accompagner les premières fois pour la rassurer puis au bout de 3 jours je lui ai demandé si elle voulait essayer d’y aller avec une copine, et après 2 semaines elle y allait toute seule.  Nous avons communiqué, échangé à 3 afin de trouver des solutions ensemble pour remédier à ce problème.

La semaine dernière, Mathilde est venue me voir en pleurs, car Valentina sa copine lui avait dit que sa robe et elle-même étaient moches. Je suis donc intervenue de manière la plus neutre en demandant d’abord à Mathilde « qu’est-ce que tu ressens » « de la colère ? tristesse ? peur ? Quelles insultes ont été prononcées ? Que signifie le mot « moche » ?  C’est important de faire un travail sur le langage, après quelques explications, j’explique à Valentina pourquoi il est important de prononcer des excuses, car cela veut dire que l’on respecte l’autre. 5min après que Valentina se soit excusée auprès de Mathilde, les deux fillettes jouaient ensemble.

Être un médiateur Cognitif : Il y a chaque année dans chaque classe, des élèves qui ont des difficultés et beaucoup d’entre eux perdent confiance s’ils sont mal accompagnés. Il est donc important pour l’enseignant d’avoir un rôle de médiateur cognitif au sein de la classe. Chaque fois que je le peux j’essaye de donner une ou plusieurs manières de faire et comprendre l’exercice. Lors de l’apprentissage de math en grande maternelle nous apprenons les additions, il y en a pour qui quand je dis 2+2 à l’oral ils me répondent rapidement 4. Il y en a d’autre où il faut schématiser : je dessine donc 2 pommes sur la tableau j’en ajoute 2 autres et pour le total un élève vient dessiner les quatre pommes. Il y a des élèves qui aiment apprendre en touchant : 2 jetons + 2 jetons = 4 jetons

Toutes ces petites techniques permettent au quotidien de faire grandir chaque enfant selon leurs propre compétences. Tous ces processus de médiation se mettent en place naturellement, le plus souvent sans être nommés en tant que tels.

Mes pratiques de médiation

Mes pratiques de médiation.

 

La médiation est transversale, et peut être cognitive, relationnelle ou encore langagière. Aussi, elle fait partie intégrante de la tâche de l’enseignant, qui doit être pédagogue, éducateur, et médiateur. Aussi, celui-ci doit être capable de prendre en compte les spécificités de son groupe classe. Au préalable, lors de l’élaboration des séquences, l’enseignant détermine les pré requis et attendus. Il définit également la tâche finale, et les différents parcours possibles permettant d’y accéder. La médiation sera ici d’accompagner les élèves dans la découverte de la notion, les guider dans leur démarche, en leur permettant d’éviter les écueils. C’est les orienter, reformuler pour leur permettre d’accéder au sens, c’est expliquer, user de stratégies pour permettre à tous d’accéder à la notion , et pour finir la maîtriser.

Ainsi par exemple, dans ma pratique quotidienne de phonologie / apprentissage de la lecture, j’ai décidé d’inclure la méthode  Borel-Maisonny. En effet, il existe certains sons qui n’existent pas en français et qui sont propres aux langues arabes. L’apprentissage de cet alphabet en parallèle permet à l’enfant de prendre conscience de la partie ORL et par exemple de l’aperture ou non de la bouche….ainsi, il me semble que cela peut permettre aux enfants non-francophones une meilleure appréhension et donc une meilleure maîtrise des sons. ( il y a par exemple une réelle confusion des sons [ on ] et [an] ). Ceci n’est qu’une infime partie de la médiation qui est bien de trouver les moyens, les mots, les ressources, les « images » permettant à tous d’accéder à la tâche finale, par n’importe quel chemin.

 

La médiation relationnelle va avoir lieu dans ce qui à trait à l’EMC et aux règles de vie, d’autant plus dans un milieu interculturel.

Il s’agira d’éviter à tous de rentrer dans des stéréotypes, d’apprendre des cultures de chacun, d’apprendre à vivre avec chacun et de chacun. Il s’agira de rappeler les règles, propres à l’école et à la collectivité. Le rôle de médiateur relationnelle est de donner à chacun une place, sa place, l’autonomiser pour lui permettre de devenir un citoyen conscient et autonome.

Ainsi par exemple en EMC, j’ai fait travailler mes élèves sur des petites vignettes représentant des scènes de respect ou de non-respect des choses et d’autrui, qu’ils devaient classer selon leurs critères. Ainsi, il y a avait une vignette avec un conducteur qui jetait un petit emballage par la fenêtre de sa voiture. Certains de mes élèves n’étaient ABSOLUMENT pas choqués par ce geste, contrairement à d’autres…heureusement ! Différence des cultures. Cela m’a permis de rebondir sur une petite aparté écologie, sur le fait qu’il ne faut rien jeter par les fenêtres…..culture ou non !!!

 

Enfin, les actes de médiation langagière sont constants. Ils entrent en compte dès que l’on a face à soi un public hétérogène et de surcroit pluriculturel et plurilingue. Puisqu’elle est transversale, elle rentre en ce moment même dans ma pratique d’enseignement des mathématiques, plus précisément dans la résolution de problème et la modélisation en barres. ( Méthode de Singapour). , je suis amenée à user de médiation en transposant l’énoncé : reformulation pour m’assurer de la bonne compréhension, modélisation, schématisation, manipulation,… toutes les démarches et stratégies possibles pour permettre à l’élève d’accéder à la maîtrise de la compétence.

 

 

 

Ma pratique de médiation au CP ASSAGBA

Ma pratique  de médiation  au CP.

Médiation langagière :

Habituellement, je fais une reformulation  (traduire, dire autrement, changer de registre de langue) lorsque l’enfant n’a pas compris une question.

Un exemple en mathématiques : j’ai 8 chapeaux.3 d’entre eux sont grands. Les autres sont petits. Il y a combien de petits chapeaux ?

Pour mieux faire comprendre l’énoncé, j’explicite la consigne en leur disant de dessiner d’abord 8  chapeaux  après, entourer 3  qui représentent les grands chapeaux. Ensuite les élèves peuvent déterminer eux même ce qui reste.

Altérité

Réplique du My Wife ant My Mother-in-Low de W. E. Hill (Je n’arrive pas à la coller)

Pour illustrer l’altérité j’ai choisi cette image intemporelle, une illusion d’optique. Ce dessin un et multiple se lit différemment selon le point de vue de la personne qui le regarde. Toutes les interprétations sont correctes même si elles sont divergentes et contradictoires. Une jeune est une vieille.

L’altérité est un bien inhérent aux humains. Elle évoque la multiplicité, l’hétérogénéité, la différence, la variété, tous les grands composants de la richesse. De plus, la diversité est génératrice de la Beauté !

Mais être différent est souvent mal vu. L’altérité est donc une richesse qu’il faut apprendre à apprécier.

Ici il y avait une autre image Indywidualista czy odmieniec? (Individualiste ou taré?) que j’ai trouvé sur le site Demotywatory.pl

Margot

Altérité

L’altérité c’est moi devant mes élèves et les élèves devant moi.

Ma réalité de tous les jours, mon rôle d’enseignant.

Est-ce que je joue un rôle ?

Catherine la maîtresse de CE2 de l’école Jules Verne ou Catherine la femme avec tout ce qu’elle vit hors de son travail ?

Nous portons tous un autre en nous et dès que nous sommes capables d’accepter nos différentes facettes  comme une inestimable richesse nous sommes prêts à accepter les autres avec leurs différences.

Les élèves sont une palette prête à dessiner  le monde. Notre rôle c’est de les aider à se construire grâce aux interactions réalisées pendant toutes ces journées d’école. Reconnaître l’autre,  partager,  accepter  nos ressemblances et nos différences pour édifier les bases  la  société du monde de demain où de grands défis  les attendent.

Quatre pôles d’étrangeté de V.Lemoine

Dans mon écrit de recherche, je m’intéresse à la manière dont la culture populaire est appréhendée et mise en place au sein du domaine scolaire. Ainsi, cela suppose donc ne pas rester cloisonné dans une certaine culture mais au contraire, s’ouvrir au monde et par conséquent à l’interculturalité comme le souligne V.Lemoine. En effet, ses travaux lui ont permis de mettre en avant « quatre pôles d’étrangeté » pour « éduquer à et par l’interculturel ». Au sein même de ces différents pôles, deux peuvent être directement mis en lien avec mon écrit de recherche à savoir « La relation aux camarades de classe » ainsi que « Les situations proposées par l’enseignant à partir de contenus culturels stéréotypés et dogmatiques ». L’enrichissement personnel ou bien d’une culture sous-entend d’aller vers les autres donc de s’ouvrir au monde et aux différentes formes de cultures qu’il peut contenir. En outre, c’est un des rôles de l’enseignant de proposer des situations propices aux apprentissages culturels et dans différents domaines même si cela nécessite de déstabiliser les représentations de l’enfant. Le but n’est pas de supprimer les représentations ou connaissances culturelles de chacun mais d’inciter davantage l’enfant à en parler afin de briser cette barrière qui l’empêche d’avoir un regard nouveau.

Les quatre pôles d’étrangeté de V. Lemoine

Mon travail portant sur la place que peuvent avoir les sorties scolaires ou les projets culturelles en classe dans l’ouverture culturelle des enfants, il me semble logique de l’intégrer aux « quatre pôles d’étrangeté » de V. Lemoine puisque celui-ci parle du fait que « des situations de ruptures avec les automatismes permettraient aux élèves de développer une stratégie interculturelle de la déstabilisation ». Or, les sorties scolaires ou les projets pédagogiques semblent être de vraies situations de ruptures, que ce soit en termes de lieux ou de formes de travail. En effet, il est ressorti de mes analyses que les sorties scolaires, de part leur cadre atypique, puisqu’en dehors de l’école, sont de vrais atouts pour les élèves. Elles permettent d’appréhender de nouvelles formes de savoirs d’une manière différente car en rupture avec le cadre scolaire parfois trop institutionnel. Cela permet également d’aller à la rencontre de lieux où ils ne seraient pas forcément allés par eux-mêmes et donc de sortir de leurs « sentiers balisés », de voir autre chose, d’aller au-delà de ce qu’on connaît et donc de sortir de sa zone de confort tout en étant dans un cadre rassurant (avec notre maîtresse). Il en va de même pour les projets de classe, qui semblent permettre de fédérer les élèves autour d’un projet commun et donc de donner du sens aux apprentissages.

Les « quatre pôles d’étrangeté » de V.Lemoine

Mon écrit de recherche porte sur l’intégration de la culture personnelle de l’élève dans la communauté culturelle qu’est l’école. Suite à la lecture d’un article expliquant les “quatre pôles  d’étrangeté » au sein d’une classe de V.Lemoine, j’ai pu relier mon sujet à l’un d’eux. En effet,  il s’inscrit dans les pôles de « la relation aux camarades de classe, au-delà des origines, avec lesquels on échange dans la langue qu’on apprend » et le « rapport à soi-même ».

D’une part, chaque élève arrive dans le cercle scolaire avec sa propre identité et sa propre culture. Et, c’est à travers des échanges qu’il va se confronter aux autres pour découvrir d’autres univers et y trouver quelques ressemblances. Que ce soit dans le partage de culture en présentant des objets, ou en évoquant sa propre histoire dans un récit, l’élève se confie à ses camarades sur son identité culturelle. 

D’une autre part, chaque élève va découvrir une nouvelle culture, qui est celle de l’école. Ensemble, ils vont apprendre et comprendre autour d’une langue commune, qui peut être différente de la leur (enfant allophone). Par exemple, pour mieux appréhender la découverte de cette nouvelle langue, chaque élève peut comparer nos catégories grammaticales avec celles de sa langue (présence ou absence d’une notion).