L’enseignant Médiateur

Bonjour,

Je suis actuellement enseignant de CP à Tenerife en Espagne. Mes élèves sont à 90% hispanophes et n’ont pour la plupart que trois ans de scolarisation en langue française. Par rapport au rich média qui fut présenté, la médiation que j’utilise le plus, est la médiation langagière. Les élèves se trouvant en phase d’apprentissage de la lecture, je dois m’assurer qu’ils aient une représentation correcte des termes qu’ils lisent. Pour cela, lors de la lecture de textes, il y a toujours une phase de questionnement sur les mots que les élèves ne comprennent pas. Je leur demande de me donner leur définition possible de ce mot en français et parfois en espagnol. Régulièrement leur vision du terme est totalement erronée, il faut donc les amener vers la notion correcte, soit en passant par les quelques francophones présents en classe, soit en leur faisant deviner ou bien en leur donnant directement la réponse.

Comme médiation institutionnelle, il me semble que la plus courante est celle de l’évaluation et de notation entre le système français et le système espagnol. En effet, l’école primaire espagnol utilise un système de notation numérique sur 10 points et aurait tendance à noter plus « haut » que l’ancien système numérique français. Il est donc parfois compliqué d’expliquer aux parents d’élèves l’évaluation par compétences sans notes numériques. Ils se sentent parfois perdus et me demandent si leur enfant a obtenu la moyenne ou non. Lorsqu’apparaît un « Non-acquis », cela est vécu comme un drame pour les parents.

Je pense que c’est dans la représentation de l’évaluation qu’il y a le plus d’altérité entre les deux « écoles ».

L’enseignant médiateur, c’est également être à l’écoute de chaque élève lors de situations conflictuelles en récréation ou en classe et tenter de résoudre les problèmes de façon la plus juste possible. Mais ça c’est le quotidien de tous les enseignants.

 

Samuel CHABOT-VALLÉE

La mediation dans ma classe de CE1

Jai une classe de CE1 dans laquelle j’utilise régulièrement les différentes sortes de mediation,soit pour l’intégration d’un élève, soit pour faire passer une notion. En voici quelques exemples

Médiation cognitive

En classe nous avons fait une leçon sur «  mesurer une longueur avec différentes unités »

Malgré la manipulation certains élèves ne percevaient pas le lien entre les différentes unités de mesures choisit et les mesures trouvées pour une même longueur donnée. Nous sommes donc sortis dans la cours et avons repris la manipulation au sol en utilisant: nos pas, la règle, des plots, des foulards pour mesurer un trait tracé au sol. Enfin ils ont percutés.

Médiation relationnelle

Il m’est arrivé de demander aux anciens élèves de faire l’intégration des nouveaux élèves en jouant avec eux pendant la recréation ou en les aidants à se repérer dans leur nouvelle école.

Médiation langagière

C’est le cas des élèves qui sont confronté à parler le français seulement à l’école. Pour ces élèves, j’utilise des gestes et un petit imagier pour communiquer avec eux. Je permets aux autres élèves francophones de le faire aussi, dans la cours comme dans la classe afin que ceux-ci ne soient pas isolés, car en marge à cause de la langue.

 

Ma pratique de la médiation en classe

Je suis dans une classe de CE1, dans laquelle je me retrouve bien souvent à jouer mon rôle de médiatrice. Voici succinctement quelques exemples de situations de médiation dans mes moments de classe.

Médiation cognitive :

Lors d’une leçon sur les alignements, certains élèves avaient du mal à comprendre malgré la manipulation. J’ai arrêté le cours et avancé ma séance de sport et nous sommes sortis dans la cour de l’école et avec des cerceaux et des plots nous avons fait la version grandeur nature du jeu du morpion et au final sans que je ne leur dise, tous seuls ils ont compris le principe : »maîtresse c’est comme les alignements qu’on a vu en classe ! » . De retour en classe, les exemples ont fusé pour illustrer le cours.

Médiation relationnelle :
Il m’est arrivé en début d’année, de demander à des élèves d’aller vers des nouveaux qui restaient seuls dans leur coin parce qu’ils s’exprimaient mal en français ou qu’ils étaient trop timides pour venir vers eux.
Depuis, c’est eux-mêmes qui accueillent, orientent et accompagnent les autres.

Ou le cas de cet élève qui rencontre des difficultés d’apprentissage et de concentration en classe qui n’osait pas approcher quelqu’un sauf la maîtresse et qui a fini par se faire des amis.

J’ai également un élève qui a du mal à rester en place. Au début de l’année il était très difficile et perturbateur. Il m’a dit, tout énervé, quand je lui ai demandé pourquoi : « maîtresse je m’ennuie ! « , « je ne veux pas venir à l’école ! « , « je ne sais pas bien former mes lettres ! »…
Je l’ai écouté gentiment et lui ai demandé s’il voulait bien que je l’aide car sans son accord je ne pouvais pas.
Il a séché ses larmes.
Je pense qu’il avait besoin d’être entendu.
Aujourd’hui, même s’il bouge beaucoup, ce n’est pas dérangeant et il fait parti des plus attentifs et travailleurs. Toujours prêt à rendre service.

Médiation langagière :
En classe certains élèves ont plus de mal que d’autres à comprendre une consigne, je la leur reformule en utilisant parfois des termes de maternelle pour qu’ils l’appréhendent mieux.
Il arrive que des élèves se plaignent de moqueries d’autres élèves. Il s’avère qu’en général s’est surtout une incompréhension qu’il faut le leur expliciter et tous seuls, ils comprennent et dépassent l’incident.

J’ai une élève anglophone dont les parents ne s’expriment pas bien en français. Ils ne participent donc pas aux réunions et leur fille a du mal à transmettre leurs besoins. Nous avons eu la présentation des travaux artistiques des élèves à l’école et ils ne sont pas venus. Mon élève a pleuré parce que les autres élèves avaient leurs parents.
J’ai finalement pu rencontrer la mère qui a vu que bien que francophone, je pouvais les comprendre et me faire comprendre. Depuis je trouve mon élève plus épanouie et ses parents semblent rassurés.

La médiation comme antidote cognitif

En milieu scolaire, une multitude d’élèves développe des appréhensions, des blocages, voire des phobies quant à certaines matières, disciplines, notions. Ainsi, certains élèves déclarent ne pas aimer la géographie, d’autres détestent l’orthographe, pendant que certains sont terrorisés par les mathématiques (dans le contexte où j’enseigne, l’apprentissage des mathématiques est un gage de réussite sociale et subit de ce fait une grande pression de la part des familles et de la société en général).
Un processus de médiation cognitive est nécessaire afin de permettre aux élèves de surmonter leurs appréhensions, accumulées tout au long de leur parcours scolaire et de leur permettre d’entrer dans les apprentissages.
Cette médiation cognitive, bien entendu, peut revêtir plusieurs formes. L’une de ces formes, à mon sens, et pour reprendre le cas des mathématiques, consiste à préparer des supports qui aideraient les élèves à atteindre l’abstraction nécessaire à la compréhension et in fine, à l’apprentissage.
L’une des bêtes noires des élèves en mathématiques porte le nom de « fractions ». Il suffit de prononcer ce mot pour que le taux de mélanine de certains élèves ne baisse drastiquement, provoquant un blêmissement instantané.
Pour éviter ce phénomène, contrairement à mes séances « normales », j’ai pris l’habitude de n’écrire le titre de la leçon qu’après avoir proposé une situation déclenchante qui crée un climat réconfortant. Par exemple, aujourd’hui, de retour en classe, après une récréation athlétique, j’ai proposé aux élèves de se partager des clémentines pour se réhydrater et pour reprendre des forces. Implicitement, l’introduction des mots « division » « parties » « dénominateur » « numérateur », ont commencé à être utilisés, jusqu’à ce que les élèves ne se rendent compte qu’on est en train de travailler sur une notion qui certes était redouté, mais qui semble désormais familière, inoffensive et finalement compréhensible.

Mes pratiques de médiation

Je pense que je mets en œuvre la médiation relationnelle lorsqu’un enfant de ma classe n’a pas très envie de faire un atelier. Souvent je lui laisse le choix d’en essayer un autre ou d’aller dans un des différents coins de la classe, le coins jeux par ex: mais je lui demande de revenir plus tard sur la tâche.

Pour la médiation cognitive, il arrive que les enfants ne rentrent pas dans une tâche, il faut parfois découper l’exercice en plusieurs parties pour qu’ils y arrivent.

Par exemple, lors d’un atelier : Je classe et je range les objets selon leur couleur, deux élèves n’ont pas réussi. J’ai reformulé la consigne et je suis passé par des étapes pas à pas : d’abords les verts, puis les bleu … Nous avons aussi revu les couleurs avec eux deux.

La médiation langagière est quotidienne en maternelle. Je crois que mon premier exemple sur les fruits et légumes est aussi un bon exemple de la mise en œuvre de cela dans ma classe

Mes pratiques de médiation.

La médiation relationnelle:

En géographie, en cycle 3, il y a une leçon qui s’inscrit dans l’étude des moyens de transports en France et plus particulièrement les moyens de transport collectifs et urbains, en plein développement. Pour les élèves dont la majorité sont des égyptiens considèrent que les moyens de transports en commun sont plutôt pour les gens qui n’ont pas d’argent « pauvres ». Donc je leur explique que c’est totalement différent de l’Egypte et même je peux avoir de l’argent mais aussi prendre un transport en commun parce qu’il est peu polluant, plus rapide…etc  et j’essaie de leurs montrer des vidéos qui expliquent la vie en France.

La médiation cognitive:

Le vocabulaire est souvent à la base des difficultés scolaires chez les élèves. C’est d’ailleurs l’un de mes premiers chevaux de bataille lorsqu’il est question d’aider mes élèves à améliorer leurs discours, leurs phrases et de comprendre ce qui est dit. Par exemple, pour que les élèves ne soient pas  bloquer devant l’exécution des exercices à cause du manque de vocabulaire, j’essaie toujours de reformuler plus simplement les consignes. J’explique avec un vocabulaire plus facile les mots difficiles de l’exercice, parfois j’utilise un langage corporel pour expliquer un mot et je laisse en dernière option de le traduire en arabe.

Mes pratiques de médiation

Je suis enseignante en GS . J’ai eu l’occasion il y a deux ans de prendre un groupe d’élèves de grande section, non francophones pendant les APC. Parmi eux, un de mes élèves qui ne participait pas du tout à l’oral et qui n’osait rien dire tant qu’il était dans le groupe classe. J’observais cependant que toutes les consignes étaient comprises et correctement appliquées. Ce n’était donc pas un soucis de compréhension.

Je fonctionnais beaucoup avec des imagiers pour faciliter les échanges. C’est au sein de ce groupe, entouré d’autres élèves qui ne parlent pas la même langue que lui non plus, que mon élève a réussi à s’exprimer au départ. À force de séances, et de valorisation de ses productions, ses interventions se multipliaient au sein du groupe classe.

Mes pratiques de la médiation dans la classe (en tant qu’ASEM)

Je suis ASEM.
Cette année, je suis dans une classe double niveau moyenne (10 élèves)-grande section (11 élèves).

Dans ma classe (et au sein de l’école en général), les enfants sont déjà habitués à vivre dans une mixité sociale très large (nationalités différents dans la même famille, membres da la famille vivants à la campagne, parfois illettrés, ect.) Ils ne se posent donc pas immédiatement la question de différence culturelle par rapport à leurs camarades. Le fait d’être scolarisés dans une école française dès leur plus jeune âge va petit à petit éveiller leur curiosité.

On remarque rapidement une différence entre la vie à la maison et la vie à l’école, à laquelle ils vont devoir s’adapter.

De mon côté, j’ai eu la chance de grandir bercée entre deux cultures (Française et Marocaine). Travaillant aujourd’hui au Maroc, cette richesse culturelle que j’ai et que je continue à faire grandir, me permet d’appréhender assez facilement les tensions qu’ils peut y avoir entre l’enseignante et l’élève.
Il m’arrive très souvent, depuis le début de la première période, d’assister ma maîtresse lors d’échanges avec un élèves en difficulté (il ne parle qu’arabe, langue que je maîtrise). Cela se fait principalement lorsque cet élève souhaite communiquer avec la maîtresse ; je traduis donc sa requête à la maîtresse pour qu’elle puisse, avec ses outils, lui répondre en français et qu’il comprenne au mieux (images, gestes, sons, reformulation). Depuis le début de l’année, il a fait énormément de progrès grâce aux encouragements quotidiens.
Pour moi, l’élément essentiel c’est la confiance.

Gagner la confiance d’un élèves, c’est lui assurer un gain de estime de soi et de courage pour oser s’exprimer face à ses camarades, poser des questions quand il ne comprend pas et surtout se sentir soutenu.

En MS/GS, la journée et assez structurée ; le matin, après l’accueil ou les enfants jouent, vient le rituel de la date (essentiel pour se repérer dan le temps) puis un bref rappel des règles en classe, surtout en ces temps difficiles (pas de négation/interdiction, « je ne dois pas courir dans la classe » = « je marche quand je me déplace en classe », par exemple) puis viennent les ateliers, les cours de langues (anglais et arabe) et le cours de sport.

A chaque étape de la journée (classe, cantine et garderie) je me tiens à disposition des élèves pour atténuer autant que je peux leurs doutes et appréhensions.

Mes pratiques de médiation dans la classe.

En classe, durant la première période, il m’arrive d’utiliser la langue maternelle de mes élèves pour capter leur attention. La moitié de mes élèves de petite section, ne parlait ni ne comprenait le français lors de la rentrée.

Je ne vais pas traduire mais juste attirer leur attention en darija ,puis parler en français par la suite.

Ce n’est qu‘en ce début de période 2 que je vois l’effet escompté, ces élèves viennent petit à petit vers moi, parlant parfois arabe parfois français, mais ils communiquent et c’était là mon but premier. Au fur et à mesure, je leur parle en français. Par exemple, ils me donne le nom d’une couleur en arabe, et je vais le répéter, puis le dire en français.      La fois suivante, je ne répondrais qu’en français. Mais s’il le faut je changerais de langue, laissant la possibilité à l’enfant de mettre en avant la compétence acquise , d’abord dans sa langue maternelle, et par la suite en français.

De plus, afin de faciliter les échanges entre élèves, j’ai également fait des binômes . Un élève qui maitrise les langues arabe ,français (et parfois anglais), sera assis à côté d’un élève uniquement arabophone. Afin de permettre à l’élève arabophone de parfois entendre un pair parler dans une autre langue que la sienne, et qui sera la  même que celle du PE, mais surtout afin de créer un lien entre ces deux élèves, qui leur permettra de s’entraider et de s’intégrer au groupe classe.

Mes pratiques de médiation en CE1

PRATIQUES DE MÉDIATION / Vanessa

Classe de CE1 / Leçon de géométrie

Objectif de la séance : découvrir un nouvel outil, le compas. En utilisant des images métaphoriques, l’enseignant permet aux élèves de se familiariser à ce nouveau matériel, finalement pas si éloigné d’eux qu’il n’y paraît.

“A quoi sert-il ?” Le compas sert à tracer un cercle. (1ère notion). L’enseignant propose aux élèves de dessiner un cercle dans l’air et donc à main levée. Les élèves imaginent volontiers que leur cercle ne sera pas parfait.

“D’où vient le mot “compas” ?” L’enseignant donne l’origine et la signification du mot.

“A  quoi peut-il encore servir ?” Il sert à mesurer, à reporter une longueur. (2e notion). L’enseignant insiste sur la formulation de la réponse des élèves.

Distribution du matériel préparé en amont par l’enseignant : les élèves observent l’objet.

Médiation relationnelle“ : A quoi ressemble un compas ?”

L’enseignant fait appel un volontaire pour mettre en relation les parties du corps et les différentes composantes de l’objet. Comme vous, le compas a une tête et des jambes qui s’écartent et se ferment. Une jambe a une pointe, l’autre a un crayon.

“Comment faut-il le tenir ?” Il faut le tenir par la tête. Bien que ce soit une leçon de mathématiques, l’enseignant demande que les réponses soient bien construites. Cela favorise la mémorisation du vocabulaire lié à la leçon en question.

Avec l’aide de l’élève volontaire qui mime et tente de reproduire différents écarts, l’enseignant renforce la notion de l’écartement possible du compas.

Précaution : A quoi faut-il faire attention ? Dans une des jambes, le compas a une pointe. Il est évident qu’elle peut causer une blessure grave si la pointe arrive dans un œil.

L’enseignant invite maintenant les élèves à travailler la prise du compas avec les trois doigts de la main et la rotation possible, de gauche à droite, en l’air avant de tenter le même mouvement sur une feuille de brouillon.

Conseil : Comment tenir le compas ? L’enseignant décrit comment prendre le compas et donne à nouveau une image rapprochant ce nouveau matériel à un autre objet connu des élèves : la toupie ! Bien sûr ! L’analogie tourne rond dans la tête des élèves.

Manipulation guidée : L’enseignant donne deux consignes pour apprendre tout en faisant des essais libres sur une feuille de brouillon.

  • Tenir le compas d’une main (celle qui écrit).
  • Tenir la feuille de l’autre main.

Petite astuce pour débuter : pour les élèves qui le veulent, l’enseignant propose d’utiliser un morceau de pâte à modeler placé en dessous de la feuille. De cette manière, l’élève enfonce la pointe du compas qui va transpercer la feuille et se fixer dans la pâte à modeler.

Médiation cognitive

La séance se termine avec un exercice sur le fichier de mathématiques.

L’exercice consiste à prendre les mesures de deux cercles ayant le même centre et les reporter sur une feuille blanche.

Certains élèves n’ont pas compris toutes les nouvelles notions énoncées en début de séance, ils s’évertuent à tracer un cercle (1ère notion), mais ne comprennent pas encore que le compas sert aussi à mesurer (2e notion).

Pour conscientiser les différents gestes de l’élève et donner du sens au positionnement du compas sur le cercle du cahier d’exercice (prise de la mesure du cercle), l’enseignant va procéder par étape marquant ainsi le geste, comme la notion à retenir. 

Que suis-je en train de faire et pourquoi ?

1ère étape : poser la pointe du compas au centre du cercle – “STOP !”

2e étape : ajuster l’écartement du compas à la taille du cercle – “STOP, je lève mon compas !”

3e étape : “Maintenant qu’est-ce que j’ai fait ?” demande l’enseignant.“J’ai pris la mesure du cercle”, répondent les élèves.

4e étape : “Que dois-je faire à présent ?” “Je dois reporter la mesure sur ma feuille blanche.”

LE TOUR EST JOUE.