Madame de La Fayette.

Mme de Lafayette (1634-1693).

lafayette-mme-de

Repères chronologiques

1634
Naissance à Paris de Marie-Madeleine, première fille d’Isabelle Pena et de Marc Pioche de La Vergne.
1635
Naissance d’Éléonore-Armande, deuxième fille de La Vergne. La famille s’installe dans un hôtel particulier situé rue de Vaugirard, à Paris.
1636
Naissance d’Isabelle-Louise, troisième fille de La Vergne. Les deux cadettes seront destinées à la vie religieuse pour favoriser le mariage de Marie-Madeleine, l’aînée.
1648
Installation de la famille au Havre.
1649
Mort de leur père.
1650
Remariage de leur mère avec le chevalier René-Renaud de Sévigné, oncle de la marquise de Sévigné – l’épistolière qui deviendra la plus chère amie de Marie-Madeleine.
1651
Début de la relation d’amitié avec Gilles Ménage, jeune érudit proche de M. de Sévigné, qui conseillera Marie-Madeleine dans ses lectures et l’encouragera à écrire.
1652
Départ de Paris de M. de Sévigné – impliqué dans la Fronde – pour son domaine de Champiré en Anjou, où sa famille le rejoint pour quelques mois. Pendant son « exil », Marie-Madeleine entretient une correspondance suivie avec Gilles Ménage.
1654
En décembre, retour de la famille à Paris.
1655
Mariage « arrangé » de Marie-Madeleine avec le comte François de Lafayette, officier en retraite de trente-huit ans. Ils s’installent en Auvergne.
1656
Mort de la mère de Mme de Lafayette.
1658
Naissance en Auvergne de Louis, premier fils de Mme de Lafayette.
1659
Naissance à Paris d’Armand, son second fils. Début de son amitié avec Henriette d’Angleterre. Publication dans La Galerie de portraits (collectif) d’un portrait de Mme de Sévigné, unique texte paru sous le nom de Mme de Lafayette de son vivant. Année probable de sa rencontre avec Jean Regnaud de Segrais et Pierre-Daniel Huet, avec lesquels se nouent des amitiés durables.
1660
Fréquentation de l’Hôtel de Nevers, un cercle janséniste.
1661
Début du règne personnel de Louis XIV. Mariage d’Henriette d’Angleterre avec Philippe d’Orléans (« Monsieur », frère du roi). Séparation du couple : M. de Lafayette vit désormais en Auvergne ; Mme de Lafayette reste à Paris.
1662
Publication de La Princesse de Montpensier.
1665
Début d’une longue amitié entre Mme de Lafayette et La Rochefoucauld. Rencontre de grands auteurs tels que Corneille, Racine, Boileau.
1669
Publication, sous la signature de Segrais, du tome I de Zaïde – rédigé en collaboration avec Segrais, Huet et La Rochefoucauld.
1670
Installation de Segrais dans la maison de Mme de Lafayette, où il restera jusqu’à son départ pour sa Normandie natale en 1676. Deuxième édition du tome I de Zaïde.
1671
Publication du tome II de Zaïde.
1678
En mars, publication de La Princesse de Clèves. En mai, critique élogieuse de Fontenelle dans le Mercure galant. En décembre, publication des Lettres à Madame la marquise de *** sur le sujet de La Princesse de Clèves attribuées à Valincour. Ces lettres dénoncent le manque de vraisemblance dans le roman.
1679
Publication des Conversations sur la critique de « La Princesse de Clèves » attribuées à l’abbé de Charnes, et qui répondent aux critiques.
1680
Mort de La Rochefoucauld.
1683
Mort de M. de Lafayette.
1689
Composition des Mémoires de la cour de France pour les années 1688 et 1689.
1693
Mort de Mme de Lafayette.
1718
Première publication anonyme de l’Histoire de la Comtesse du Tende dans le Mercure.
1720
Publication posthume de l’Histoire de Madame Henriette d’Angleterre. Ce livre de mémoires est la première œuvre où figure le nom de Mme de Lafayette en tant qu’auteur.
1724
Nouvelle publication de La Comtesse du Tende attribuée à Mme de Lafayette.
1731
Publication posthume des Mémoires de la cour de France pour les années 1688 et 1689.

Mme de Lafayette à la cour

Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, à la fois belle et spirituelle, connaît très tôt le succès mondain. Sa mère, remariée avec Renaud de Sévigné, reçoit la meilleure société. À seize ans, Marie-Madeleine devient fille d’honneur de la reine Anne d’Autriche. C’est pour elle le début d’une longue carrière à la cour de Louis XIV. Devenue Mme de Lafayette, elle tient un salon dans l’hôtel familial de la rue de Vaugirard. Elle lie une amitié intime avec Henriette d’Angleterre, fille exilée du roi Charles Ier d’Angleterre – mort décapité. Quand son amie épouse le frère de Louis XIV, Philippe d’Orléans, elle devient un personnage incontournable de la cour. Elle a laissé un ouvrage de mémoires, l’Histoire d’Henriette d’Angleterre – qui ne sera publié qu’à titre posthume, en 1720 –, et Mémoires de la cour de France pour les années 1688 et 1689 publiés en 1731.
Portrait d'Henriette peu après son mariage.

Les amis écrivains de l’auteur

Jusqu’à la mort de La Rochefoucauld en 1680, Mme de Lafayette a toujours vécu entourée d’écrivains. C’est d’abord Gilles Ménage, longtemps amoureux d’elle, qui a contribué à sa formation littéraire. Ce seront ensuite Segrais et Huet qui collaboreront à la composition de ses œuvres. L’amitié la plus tendre et la plus constante, que la mort seule interrompra, sera celle du duc de La Rochefoucauld.
Gilles Ménage
« Le plus galant des savants, ou le plus savant des galants » selon la formule de Roger Duchêne – biographe de Mme de Lafayette. Gilles Ménage est de l’entourage de René-Renaud de Sévigné, originaire d’Anjou comme lui. Philologue, auteur d’un Dictionnaire étymologique ou les Origines de la langue française (1650), il suscite l’admiration de la jeune Marie-Madeleine, pour laquelle il nourrit un amour platonique. Il la célèbre – au côté de Mme de Sévigné – dans ses Miscellanea. Quand la famille doit quitter Paris pour Champiré, c’est Gilles Ménage qui permet à Marie-Madeleine de se tenir au courant de la vie mondaine et littéraire par ses lettres et ses envois de livres. C’est à lui que sera confié le manuscrit de La Princesse de Montpensier pour le faire imprimer – sans nom d’auteur – en 1662.
Portrait supposé de Ménage, par Bernard Vaillant (1666).
Portrait supposé de Ménage, par Bernard Vaillant (1666).
Jean Regnault de Segrais
Jean Regnault de Segrais, qui a fait de brillantes études au collège des Jésuites de Caen, est déjà l’auteur de plusieurs œuvres poétiques, d’un roman et d’une tragédie quand il entre au service de « la grande Mademoiselle » en 1647. Traducteur de Virgile, il compose des poèmes pastoraux et publie en 1656 Les Nouvelles françaises – un recueil de nouvelles fait d’historiettes et de portraits de femmes de la cour, dont l’atmosphère galante évoque les fêtes données au temps de la Fronde. L’une de ses héroïnes développe une théorie littéraire de la nouvelle, que Mme de Lafayette illustrera avec La Princesse de Montpensier. Accueilli à l’Académie française en 1662, c’est en 1670 qu’il entre dans la maison de Mme de Lafayette et participe avec La Rochefoucauld à la composition de ses premiers romans. C’est sous son nom que paraît Zaïde en 1670. À partir de 1676, Segrais retourne vivre dans sa ville natale de Caen où il fait un beau mariage. Le recueil de souvenirs intitulé Segraisiana paraît à titre posthume en 1721, vingt ans après sa mort. On y trouve l’attribution de deux romans, Zaïde et La Princesse de Clèves, à Mme de Lafayette.
Portrait de Jean Regnault de Segrais (1624-1701).
Portrait de Jean Regnault de Segrais (1624-1701).
Pierre-Daniel Huet
Après des études chez les Jésuites de Caen, puis à Paris, Pierre-Daniel Huet suit son maître Samuel Bochart à la cour de la reine Christine de Suède. Il traduit les Pastorales de Longus, écrit une nouvelle intitulée Diane de Castro et donne avec son Traité de l’origine des romans une histoire du genre romanesque publiée en préface de Zaïde – paraissant sous le nom de Segrais. On lui prête un rôle de « correcteur » des manuscrits de Mme de Lafayette. Esprit éclectique, il traduit des classiques latins, s’intéresse à l’astronomie, à l’anatomie, à la chimie, et fonde à Caen en 1662 une académie de physique. Reçu le 30 juillet 1674 à l’Académie française, il entre dans les ordres en 1684 et occupe différents évêchés, avant de se retirer dans la Maison Professe des Jésuites à Paris. Il y passera les vingt dernières années de sa vie.
Portrait de Pierre-Daniel Huet (1630-1721).
Portrait de Pierre-Daniel Huet (1630-1721).
La Rochefoucauld
On s’est beaucoup interrogé sur la nature exacte de la « liaison » entre Mme de Lafayette et le duc de La Rochefoucauld. Elle fait allusion à « la belle sympathie qui est entre nous » dès 1656, dans une lettre à Ménage. Dans les dernières années de la vie du duc, ils ne se quittent guère. Aussi la mort de l’auteur des Maximes sera-t-elle une rude épreuve pour Mme de Lafayette, comme en témoigne cette lettre écrite par Mme de Sévigné.
À M. et Mme de Grignan
À Paris, dimanche 17 mars 1680
Quoique cette lettre ne parte que mercredi, je ne puis m’empêcher de la commencer aujourd’hui, pour vous dire que M. de la Rochefoucauld est mort cette nuit. J’ai la tête si pleine de ce malheur, et de l’extrême affliction de notre pauvre amie, qu’il faut que je vous en parle. Hier samedi, le remède de l’Anglais* avait fait des merveilles ; toutes les espérances de vendredi, que je vous écrivais, étaient augmentées ; on chantait victoire, la poitrine était dégagée, la tête libre, la fièvre moindre, des évacuations salutaires ; dans cet état, hier à six heures, il se tourne à la mort. Tout d’un coup les redoublements de fièvre, l’oppression, les rêveries ; en un mot, la goutte l’étrangle traîtreusement ; et quoiqu’il eût beaucoup de force, et qu’il ne fût point abattu des saignées, il n’a fallu que quatre ou cinq heures pour l’emporter ; et à minuit, il a rendu l’âme entre les mains de M. de Condom. M. de Marsillac ne l’a pas quitté d’un moment ; il est mort entre ses bras, dans cette chaise que vous connaissez. Il lui a parlé de Dieu avec courage. Il est dans une affliction qui ne se peut représenter ; mais il retrouvera le roi et la cour ; toute sa famille se retrouvera en sa place ; mais où Mme de Lafayette retrouvera-t-elle un tel ami, une telle société, une pareille douceur, un agrément, une confiance, une considération pour elle et pour son fils ? Elle est infirme, elle est toujours dans sa chambre, elle ne court point les rues ; M. de la Rochefoucauld était sédentaire aussi ; cet état les rendait nécessaires l’un à l’autre ; rien ne pouvait être comparé à la confiance et aux charmes de leur amitié. Ma fille, songez-y, vous trouverez qu’il est impossible de faire une perte plus sensible, et dont le temps puisse moins consoler. Je ne l’ai pas quittée tous ces jours : elle n’allait point faire la presse parmi cette famille ; ainsi elle avait besoin qu’on eût pitié d’elle. Mme de Coulanges a très bien fait aussi, et nous continuerons encore quelque temps aux dépens de notre rate, qui est toute pleine de tristesse.
* Il s’agit d’un mélange de vin et d’une infusion de quinquina, remède élaboré par Talbot.
http://www.ibibliotheque.fr/la-princesse-de-cleves-mme-de-la-fayette-lafa_cleves/autour-de-l-auteur/page4

Leave a comment

You must be logged in to post a comment.