Pierre Choderlos de Laclos.

Repères chronologiques

1741
Naissance à Amiens de Pierre-Ambroise-François, second fils de Jean-Ambroise Choderlos de Laclos et de Marie-Catherine Gallois.
1751
Installation de la famille à Paris dans le quartier du Marais.
1759
Entrée à l’école d’artillerie de la Fère dans l’Aisne.
1760
Élève au corps royal d’artillerie.
1761
Nomination au grade de sous-lieutenant.
1762
Affectation à la Brigade des Colonies, en garnison à La Rochelle, avec le grade de lieutenant en second.
1765
En garnison à Strasbourg, promotion de Choderlos de Laclos au grade de lieutenant en premier.
1767
Publication d’À Mademoiselle de Saint-S… dans l’Almanach des muses. Nomination au grade de sous-aide-major.
1770
Publication de L’Épître à Margot.
1773
Parution des Souvenirs, épître à Églé dans l’Almanach des muses.
1776
Publication d’une nouvelle version de L’Épître à Margot dans l’Almanach des muses.
1777
Promotion au grade de capitaine en second de sapeurs. Parution de L’Épître à la mort dans l’Almanach des muses. Le 19 juillet, unique représentation publique d’Ernestine, opéra-comique tiré du roman de Mme Riccoboni.
1778
Début du travail sur Les Liaisons dangereuses.
1781-1782
En 1781, achèvement des Liaisons dangereuses. Le 23 mars 1782, elles paraissent en quatre tomes chez l’éditeur Durand neveu, et rencontrent un grand succès. Début de la liaison de Choderlos de Laclos avec Marie-Soulange Duperré, fille d’un receveur trésorier de La Rochelle.
1783
Rédaction de l’essai Des femmes et de leur éducation.
1784
Naissance d’Étienne, fils de Choderlos de Laclos et de Marie-Soulange Duperré.
1786
Publication de la Lettre à MM. de l’Académie française sur l’éloge de Vauban – un pamphlet contre Vauban. Mariage de Choderlos de Laclos avec Marie-Soulange Duperré.
1787
Choderlos de Laclos fait parvenir au Journal de Paris un projet de numérotation des rues de Paris.
1788
Obtention d’un congé de l’armée pour devenir secrétaire des commandements du duc d’Orléans. Naissance de Catherine-Soulange.
1789
Rédaction des Instructions aux bailliages – préparation des cahiers de doléances – pour les apanages du duc d’Orléans.
1790
Rédaction de l’Exposé de la conduite de M. le duc d’Orléans dans la Révolution de France. Choderlos de Laclos fréquente le club des jacobins, et devient le rédacteur en chef du Journal des Amis de la Constitution.
1791
En juin, admission à la retraite de l’armée avec le grade de capitaine. En juillet, démission de la rédaction en chef du journal des jacobins.
1792
Choderlos de Laclos est nommé commissaire du pouvoir exécutif par Danton. Mort de sa fille Catherine-Soulange.
1793
Démission de l’armée.
1794
Choderlos de Laclos, emprisonné à la prison de Picpus, est menacé d’exécution pour ses liens avec Danton. Il est libéré le 1er décembre.
1795
Rédaction pour le Comité de salut public du mémoire De la guerre et de la paix, et d’un troisième essai non publié sur l’éducation des femmes. Naissance de Charles, second fils des Laclos.
1799
Réintégration dans l’armée comme général de brigade.
1800
Nomination au grade de général de brigade dans l’artillerie.
1802
Nomination en tant qu’inspecteur général d’artillerie.
1803
Décès de Choderlos de Laclos.
1804
Inhumation officielle dans l’île Saint-Paul au large de Tarente (Italie).

Le poète

Avant de devenir le célèbre auteur des Liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos a publié dans la presse des vers dont les jeux de l’amour sont l’inspiration principale, dans une tonalité souvent satirique. Telle est cette nouvelle version de l’Épître à Margot de 1770 publiée dans l’Almanach des Muses en 1776, qui a pour cible la Du Barry – maîtresse de Louis XV.
« Pourquoi craindrais-je de le dire ? C’est Margot qui fixe mon goût : Oui, Margot ! cela vous fait rire ? Que fait le nom ? la chose est tout. Margot n’a pas de la naissance Les titres vains et fastueux ; Ainsi que ses humbles aïeux, Elle est encor dans l’indigence ; Et pour l’esprit, quoique amoureux, S’il faut dire ce que j’en pense, À ses propos les plus heureux, Je préférerais son silence. Mais Margot a de si beaux yeux, Qu’un seul de ses regards vaut mieux Que fortune, esprit et naissance Quoi ! dans ce monde singulier, Triste jouet d’une chimère, Pour apprendre qui me doit plaire, Irai-je consulter d’Hozier ? Non, l’aimable enfant de Cythère Craint peu de se mésallier : Souvent pour l’amoureux mystère, Ce Dieu, dans ses goûts roturiers, Donne le pas à la Bergère Sur la Dame aux seize quartiers. […] »

Le jacobin

Choderlos de Laclos est rédacteur en chef du Journal des Amis de la Constitution de novembre 1790 à juillet 1791. Organe du club des jacobins, c’est un hebdomadaire qui rend compte de ses débats internes et des travaux de l’Assemblée nationale. Une partie du journal est réservée à la correspondance des sociétés affiliées. Les lettres sont triées par Choderlos de Laclos qui choisit les extraits à publier. Après la tentative de fuite de Louis XVI et son arrestation en juin 1791, la question la plus débattue est celle du sort à réserver au roi. Les jacobins proposent une pétition demandant sa destitution et son remplacement « par tous les moyens constitutionnels », formule que l’on attribue à Choderlos de Laclos, où l’on discerne son projet d’une régence du duc d’Orléans. Présentée au Champ-de-Mars, sur l’autel de la patrie, la pétition jacobine est retirée dès que le décret du 15 juillet innocentant le roi est connu. Une pétition plus radicale est alors lancée par les Cordeliers, réclamant le jugement de Louis XVI et « l’organisation d’un nouveau pouvoir exécutif ». L’Assemblée, effrayée par la montée de l’idée républicaine, décrète la loi martiale. Le 17 juillet, la garde nationale commandée par La Fayette disperse la foule dans le sang. Dans la crise, les jacobins se divisent ; un grand nombre d’entre eux se réunit au couvent des Feuillants, dont ils porteront le nom dans l’histoire politique de la Révolution. Ils prennent le contrôle du Journal des Amis de la Constitution. Choderlos de Laclos, toujours secrétaire du duc d’Orléans, abandonne la rédaction du Journal et se retire un temps du premier plan de la vie politique pour devenir simple militant de sa section de la commune de Paris, celle de la Butte-des-Moulins. Lors de l’insurrection du 10 août qui aboutit à la destitution de Louis XVI et à son arrestation, Choderlos de Laclos est l’un des commissaires représentant sa section auprès de la Commune. À la fin du mois, Danton, ministre de la justice, le fait nommer commissaire du conseil exécutif auprès du ministre de la Guerre. Après une traversée du désert qui n’aura duré qu’un an, Choderlos de Laclos fait donc son retour sur le devant de la scène politique et dans le domaine qui est le sien depuis toujours, la guerre.
Lettre écrite par Choderlos de Laclos à Mme Riccoboni en avril 1782.
Lettre écrite par Choderlos de Laclos à Mme Riccoboni en avril 1782.

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« C’est encore moi, Madame, et je crains bien que vous ne me trouviez importun. Mais le moyen de ne pas répondre à votre obligeante lettre ! de ne pas vous remercier de vos remerciements ! Enfin que vous dirais-je ? Cette correspondance peut cesser, et même je m’y attends : je sens que vous avez le droit de vous taire, et que je n’aurai pas celui de réclamer contre votre silence ; mais sans doute vous ne vous attendez pas que ce soit moi qui donne l’exemple ; ce sera bien assez de m’y conformer. J’ai appris depuis longtemps à supporter des privations, mais non pas à m’en imposer. Non, Madame, je ne vous ai point soupçonnée de la partialité d’un auteur : et qui pourrait vous en inspirer ? Que pourrait-on écrire qui détruisît jamais le charme de ces ouvrages délicieux, que vous seule nommez des bagatelles ; mais qu’on chérira toujours, tant qu’on sentira le prix des sentiments honnêtes délicatement exprimés ? Mais, dites-vous, vous êtes femme et Française ! Hé bien ! ces deux qualités ne m’effraient point. Je sens dans mon cœur tout ce qu’il faut pour ne pas redouter de tribunal. Peut-être ces mêmes Liaisons dangereuses, tant reprochées aujourd’hui par les femmes, sont une preuve assez forte que je me suis beaucoup occupé d’elles ; et comment s’en occuper et ne les aimer pas ? Que si j’en ai rencontré quelques-unes, jetées en quelque sorte hors de leur sexe par la dépravation et la méchanceté ; si, frappé du mal qu’elles faisaient, des maux qu’elles pouvaient faire, j’ai répandu l’alarme et dévoilé leurs coupables artifices ; qu’ai-je fait en cela, que servir les femmes honnêtes, et pourquoi me reprocheraient-elles d’avoir combattu l’ennemi qui faisait leur honte, et pouvait faire leur malheur ? […] »
Sources : http://www.ibibliotheque.fr/les-liaisons-dangereuses-choderlos-de-laclos-lac_liaisons/autour-de-l-auteur/page1

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