Victor Hugo

Présentation de l’auteur

« Victor Hugo était un fou qui se prenait pour Victor Hugo. » L’hommage mi-ironique mi-admiratif de Cocteau rend compte de l’évidence exprimée – également en demi-teinte – par Gide qui désigne le plus grand poète français dans ce mot fameux : « Victor Hugo, hélas ! » Son œuvre poétique est en effet immense : Hugo aurait écrit 153 837 vers (selon le Quid 2001) ! Comment ne ferait-il pas des jaloux, si l’on pense qu’il est aussi romancier et dramaturge à succès, critique, historien, et qu’il a même un talent reconnu de dessinateur… Moins « penseur » que Vigny, moins sensible que Lamartine, Hugo n’en incarne pas moins le romantisme de la première moitié de son siècle dans toutes ses dimensions : au théâtre avec Cromwell et Hernani, dans le roman avec Bug-Jargal et Notre-Dame de Paris, et en poésie avec six recueils, notamment Les Orientales. Dans la seconde moitié du xixe siècle, alors que s’affirme l’esthétique réaliste et naturaliste, Hugo continue de brandir l’étendard du romantisme depuis les rochers de son exil. Il produit alors ses œuvres poétiques les plus fortes : Les Châtiments, contenant des pièces d’un terrible réquisitoire contre Napoléon III ; Les Contemplations, dont la Réponse à un acte d’accusation qui dresse le bilan d’un demi-siècle de création poétique et des poèmes élégiaques dont le plus émouvant, « Demain, dès l’aube… » ; La Légende des siècles enfin, comprenant des pièces bibliques : Les Paysans au bord de la mer et Le Crapaud, dont la lecture atteste la constance de l’inspiration romantique.

Juliette Drouet, ou l’amour de toute une vie

En janvier 1832, Juliette Drouet, jeune actrice de vingt-six ans, accepte le rôle de la princesse Negroni dans Lucrèce Borgia – drame en prose de Victor Hugo. La période est difficile : Juliette risque la détention pour les dettes impayées d’un ex-ami pour lequel elle s’est engagée. La pièce connaît le succès, Juliette échappe à la prison. Après deux semaines de représentations commence entre elle et Victor Hugo une intense liaison amoureuse qui durera toute leur vie. Juliette écrira beaucoup – plus de 20 000 lettres – au cours de ces cinquante années. Et Victor Hugo lui répondra parfois. Surtout, il ne manquera jamais le rendez-vous épistolaire de leur « anniversaire » du 16 février.
« « Oui, ce livre contient ma vie et la tienne. En écrivant sur ce livre, il me semble que j’ajoute des heures sacrées à nos douces heures, et de l’éternité à notre existence. Dieu nous regarde d’un œil béni, je le sens. Vois comme il fait beau, on dirait que le soleil veut être des nôtres, et que notre humble fête d’ici-bas est une grande fête là-haut. Je le crois, si je me trompe, ce n’est pas dans le fond, car le fond est le vrai. Je t’aime est le grand mot. Dieu le dit à la création, la création le lui redit. Je t’aime, mon ange adoré. Commençons la cinquantième année sainte par ce mot divin : Je t’aime ! » »
Lettre adressée à Juliette Drouet et écrite par Victor Hugo le 16 février 1882.

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