Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

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Ceci est un complément à la page 17 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Concevoir des situations d’apprentissage

En juin 2015 et en mars 2017, lors de deux conférences visibles sur Internet[1], André Tricot, psychologue cognitiviste, s’interroge sur les conditions d’apprentissage des élèves. Il fait part la recherche menée par Chi et Wylie (Etats-Unis) en 2014[2]. Elles proposent une grille de lecture hiérarchisée de l’apprentissage selon les niveaux d’engagement et d’attention des élèves :

 

1. Passif: lorsque les élèves sont focalisés sur et reçoivent des explications, ils leur accordent de l’attention

2. Actif: lorsque les élèves font quelque chose qui manipule sélectivement et physiquement les supports d’apprentissage

3. Constructif: lorsque les élèves génèrent de l’information au-delà de ce qui a été présenté

4. Interactif: lorsque deux (ou plus) élèves collaborent à travers un dialogue à une co-construction

De manière très schématique :

Dans le 1, ils reçoivent de manière attentive

Dans le 2, ils font, sont en activité au sens physique

Dans le 3, ils réfléchissent, ils infèrent, font des liens

Dans le 4, ils confrontent leurs hypothèses

 

De plus, elles apportent l’idée que ces engagements seraient inversement plus coûteux en termes de temps et d’exigence par exemple. Ce qui fait que les élèves les plus en difficultés peuvent être mis encore plus en difficultés si on propose un engagement de niveau 4 sur un temps court. C’est le cas également si on lui propose une tâche de niveaux 3 ou 4 trop coûteuse en attention et en concentration ; il pourrait rester bloqué sur la tâche sans atteindre le but d’apprentissage.

Or, les apprentissages scolaires sont spécifiques. Sans avoir d’utilité immédiate, ils nécessitent, nous rappelle Tricot, des efforts, du travail, du temps, de la motivation. Ils sont fondés sur la distinction entre tâche, qui est un moyen, et connaissance, qui est le but ; ils mobilisent et ont des effets sur la représentation de soi et de la tâche.

Il faut en tenir compte dans la conception des situations d’apprentissage.

Tricot a démontré qu’il n’y aurait en fait que très peu de tâches proposées dans les pratiques d’enseignement. C’est plutôt leur combinaison qui en fait le nombre. Parmi ces tâches, Fiorella et Mayer[3] ont répertorié en 2015 celles qui permettraient d’apprendre dans le niveau 3 selon leur niveau d’efficacité montrée dans des études ; la dernière colonne indique cette fréquence d’efficacité :

 

Stratégie Description Etudes >
Résumer Réaliser un résumé oral ou écrit 26/30 (87%)
Réaliser une carte Réaliser une carte mentale, une matrice 36/39 (92%)
Dessiner Réaliser un dessin qui décrit le texte 26/28 (93%)
Imaginer Imaginer un dessin qui décrit le texte 16/22 (72%)
S’auto-évaluer Produire une explication écrite ou orale qui met en œuvre la connaissance acquise 70/76 (92%)
Expliquer à autrui Expliquer à autrui ce que l’on est en train d’étudier 44/54 (81%)
Agir physiquement Manipuler des objets, réaliser des gestes en relation avec ce que l’on est en train d’étudier 36/49 (73%)

 

De plus, Chi et Wylie ont montré, dès 2014, que chaque tâche est compatible avec les 4 niveaux d’engagement. Il y aurait donc corrélation possible entre chaque tâche et le niveau d’engagement proposé dans la tâche, plus précisément la quantité de ressources attentionnelles demandée par le niveau d’engagement.

Par exemple, quelles pourraient être les situations d’apprentissages des différents niveaux concernant la propriété caractéristique du parallélogramme ? Pour rappel, c’est le seul quadrilatère ayant un centre de symétrie.

 

Niveau 1

Attitude attendue/induite « Attentif-passif »

Niveau 2

Attitude attendue/induite « Actif »

Niveau 3

Attitude attendue/induite « Constructif »

Niveau 4

Attitude attendue/induite

« Interactif »

Le professeur présente et explique.

L’élève écoute attentivement et note sur son cahier.

L’élève propose un placement de baguettes pour que la figure obtenue ait un centre de symétrie. Parmi plusieurs représentations de quadrilatères, l’élève choisit celles qui ont un centre de symétrie et propose une définition. Les élèves, en petits groupes, classent des représentations de quadrilatères et proposent une explication de ce classement.

 

Ce que l’auteure traduit pratiquement par : suivant la notion étudiée et la classe de cette année-là, c’est au professeur de choisir ce qui sera le plus efficient par rapport au temps, aux niveaux de difficultés des élèves et à l’engagement que chacun peut investir. C’est sans doute un apport que les formations d’enseignants ont à intégrer. Nous en verrons d’autres exemples au fur et à mesure de cet ouvrage.

 

[1] http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/difficultes-dapprentissage-et-prevention-du-decrochage/ressources/quelques-elements-pour-aider-les-professionnels-a-concevoir-des-situations-dapprentissages-andre-tricot  et https://www.youtube.com/watch?v=FS6VsuAngBo

[2] Chi, M. T. H., & Wylie, R. (2014). The ICAP framework: Linking cognitive engagement to active learning outcomes. Educational psychologist, 49, 219-243.

[3] Fiorella, L., & Mayer, R. E. (2015). Learning as a generative activity : eight learning strategies that promote understanding. New York : Cambridge University Press.

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