Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Blog 20

Ceci est un complément à la page 55 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Apprendre par concept, un exemple en enseignement moral et civique

L’enseignement moral et civique est un programme de cycle. Pour le cycle 4, en conseil d’enseignement, il a été décidé dans le collège de l’auteure que « Reconnaître les grandes caractéristiques d’un Etat démocratique » serait traité en 3e. L’auteure a fait le choix d’une démarche à la Britt-Mari Barth. Des exemples « oui » et « non »[1]  sont projetés alternativement sur le TNI. Ce cours venant après l’étude des régimes totalitaires, les contre-exemples sont choisis dans l’URSS de Staline et en Allemagne nazie. Chacun prend des notes sur son cahier au fur et à mesure de la projection, en silence. Les exemples auraient pu être choisis parmi des chapitres étudiés les années précédentes (Athènes au Vème siècle ante- christum par exemple) mais l’auteure a choisi dans cette séance de réactiver les connaissances sur les caractéristiques des dictatures. Spirale, quand tu nous tiens… Ceci dit, cela aurait spiralé aussi avec la démocratie athénienne.

 

Quelques « exemples oui »

DDHC 1789 : Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme.

 

Constitution 1958 : La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum.

Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la Constitution. Il est toujours universel, égal et secret.

Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.

Le gouvernement est responsable devant le Parlement

Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire

 

Montesquieu, De l’esprit des lois : Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers.

 

Ensuite, ce sont des images qui sont projetées. La classe doit alors se demander, collectivement, en argumentant, s’il s’agit d’exemples « oui » ou « non ». Par exemple sont projetées des photos de manifestations (lycéens dans la rue selon l’actualité du moment, les anonymous), des reproductions de tracts syndicaux pris en salle des professeurs, des logos d’associations caritatives, des affiches de propagande, des portraits officiels (Kim Jong- Il, Pétain). Enfin, une dernière série de phrases est projetée, présentées comme exemples ou contre-exemples. Les élèves doivent expliquer pourquoi telle phrase est bien une caractéristique d’une Etat démocratique ou l’inverse.

 

Quelques « exemples non »

Montesquieu, De l’esprit des lois : Un gouvernement où un seul gouverne, mais par des lois fixes.

Un gouvernement où un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et ses caprices.

Diderot, article « autorité politique », Encyclopédie : Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres

Lénine, l’Etat et la révolution : La dictature du prolétariat apporte une série de restrictions à la liberté pour les oppresseurs, les exploiteurs, les capitalistes.

Là où il y a répression, il y a violence, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de démocratie.

Décret sur la presse (octobre 1917): Pourront être suspendus les organes de presse qui appellent à la résistance ouverte ou à la désobéissance au gouvernement ouvrier et paysan

 

Dans un dernier temps, chaque élève a dû se débrouiller seul avec un exercice d’application : retrouver parmi une dizaine de phrases, toutes « oui », les caractéristiques d’une démocratie.  Ainsi  » Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi » devient la liberté d’opinion et d’expression constitutive d’une démocratie.  Enfin, les élèves, à plusieurs, établissent le brouillon d’une rédaction sur le sujet puis, individuellement, font cette rédaction à la maison. De retour en classe, une activité d’amélioration de textes est menée avec segmentation en différentes parties et ajout de connecteurs logiques. Les arguments, les exemples et les citations sont mises en évidence par un jeu de couleurs.

 

Cette démarche se rapproche de la démarche d’auto-socio-construction chère au GFEN dont il a déjà été question dans cet ouvrage. Suivant le concept à enseigner, il n’est pas toujours facile de trouver ces exemples et contre-exemples pertinents. Mais au vu de l’efficacité de la méthode, on pourrait imaginer que des collègues, d’un même établissement ou pas, construisent ensemble ces outils. La mutualisation reste difficile dans notre profession de réputation individualiste, on ne peut que le déplorer.

[1] Ainsi l’auteure, toute jeune institutrice, n’ayant pas encore compris ce qu’est la formation continue et pestant qu’on lui « supprime » des cours, a vécu son premier choc pédagogique. Britt-Mari Barth elle-même (mais l’auteure confesse qu’elle ne savait pas qui c’était…) faisait vivre une séance sur la découverte de l’impressionnisme, avant la publication de sa thèse. Double choc: l’auteure ne savait pas non plus ce que c’est que l’impressionnisme. plus de trente ans après, elle n’a toujours pas oublié.

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