Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Blog 25

Ceci est un complément à la page 91 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

De l‘écrit à lire

La langue française scolaire se trouve présente dans différents types d’écrits qui ne font pas appel aux mêmes connaissances et compétences du « lire » :

  • Les écrits didactiques comme le manuel et le cours ; l’élève va devoir identifier les différentes étapes du discours et les associer, tout en maitrisant les outils de la langue.
  • Les écrits documentaires comme les textes historiques, les articles de presse, les images ou les tableaux, les modes d’emploi, etc. ; l’élève met en fonctionnement les outils de la langue mais aussi les autres langages.

Une deuxième difficulté est le niveau de compréhension d’un texte. Lors d’un exposé dans une formation en 2009, Jean-François Rouet[1] a présenté les quatre niveaux suivants de compréhension suivants :

  1. Mémorisation littérale
  2. Thématisation : compréhension de l’idée principale
  3. Inférence : construction de liens entre les informations puis raisonnement à partir du texte
  4. Évaluation de l’information

En ce qui concerne la lecture documentaire, il a expliqué que devant un document complexe, du type page de magazine, la lecture n’est pas linéaire mais consiste en un balayage couplé avec la sélection des informations. Le lecteur ajuste sa lecture en fonction de ses connaissances méta textuelles, organisateurs, genres, sources : en fonction de ce qu’il sait repérer pour faire du tri ; en fonction de ses capacités d’attention et selon le besoin qu’il en a. C’est donc une activité complexe qui s’acquière au fur et à mesure de la scolarité.

 

Il est sans doute également très utile de comprendre à quoi un élève est confronté quand il lit des textes de natures profondément différentes. En prenant appui sur les recherches menées par Yvette Ginsburger-Vogel[2], on peut résumer dans le tableau suivant la comparaison entre les écrits ordinaires ou littéraires et les écrits scientifiques :

 

  Texte ordinaire Texte scientifique
Tendance générale du discours Dans un même texte ou chapitre, un seul type textuel (narratif, descriptif, argumentatif, injonctif, prédictif ou conversationnel) Coexistence fréquente de plusieurs types textuels : explicatif, argumentatif, injonctif, prédictif.

Interaction constante entre les écrits et les images.

Rôle des images Les illustrations sont simples et ne sont, en principe, pas nécessaire à la compréhension du texte Les photos, images, figures font partie de l’information, elles sont indissociables du texte qui, sans elles, n’est pas compréhensif.
Présentation, aides à la lecture Typographie sage (structure uniforme) ne nécessitant comme seul apprentissage celui de savoir lire. Tout ce qui doit être expliqué l’est par et dans le texte lui-même. Typographie fortement hiérarchisée, avec de gros titres sous forme de questions, sous titres explicatifs. Nécessité d’aides telles qu’un sommaire, lexique et parfois … mode d’emploi.
Langage Langue naturelle Langue naturelle + langage scientifiques ou technique + codes (formules mathématiques par ex) + images symboliques (dans certains schémas) .
Style Le bon texte est aéré.  Les redondances aident à la compréhension des mots ou des concepts nouveaux Chaque phrase a son importance et le texte est donc très dense.

 

Les textes scientifiques ont donc des caractéristiques qui font leur spécificité :

  • La décontextualisation, la généralisation
    • Pas de trace de l’énonciateur
    • Pas de spécification de lieu ou de temps
  • Les temps verbaux
    • Le présent de l’indicatif à valeur de vérité générale, et non de présent d’énonciation.
    • Le passif
  • Le code linguistique ; on utilise 3 codes simultanément
    • La langue naturelle
    • Le langage mathématique
    • Les symboles
  • Le contenu des parenthèses a une valeur variée.
    • Exemples qui illustrent un terme générique : « Une graine placée dans des conditions favorables (température, humidité) … »
    • Reformulations ou synonymes pour expliciter un terme savant : « Le dioxyde de carbone (gaz carbonique) … »
  • Les articles définis : valeur générique
  • La polysémie des mots : dans les matières scientifiques, des mots très usuels ont une acception précise : appareil respiratoire, le milieu, un vaisseau sanguin, le règne animal, etc.

Pour aider les élèves à s’y retrouver, on trouve beaucoup d’exercices dans l’ouvrage de Rémy Duvert et Jean-Michel Zakhartchouk[3] mais aussi sur les sites disciplinaires des associations de professeurs.

[1] Du Laboratoire Langage et Cognition ; CNRS et Université de Poitiers

[2] Yvette GINSBURGER-VOGEL, 1987, Apprentissages scientifiques au collège et pratiques DOCUMENTAIRES, INRP et Lire en classe de sciences :  quels problèmes ? ASSOCIATION FRANÇAISE POUR LA LECTURE ; LES ACTES DE LECTURE n°25 (mars 1989) : http://www.lecture.org/revues_livres/actes_lectures/AL/AL25/AL25P45.pdf

[3] JM. Zakhartchouk, R. Duvert, 1999, « 52 outils pour un travail commun au collège » français/mathématiques, CRDP d’Amiens

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