Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Blog 33

Ceci est un complément à la page 125 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Utilisation des CED : niveaux de réussite et de progrès

 

Vous souhaitez pratiquer une évaluation positive. Vous avez découvert ou révisé un dispositif porteur et peu coûteux, le mur de la fierté. Vous savez faciliter l’engagement de vos élèves par des pratiques d’évaluation différentes. Vous avez lu précédemment que la tâche complexe ne se place pas nécessairement après l’apprentissage des ressources. Il nous reste donc à voir comment on utilise les compositions d’échelles descriptives évoquées un peu plus haut.

 

De la CED au TNR

A cette appellation de CED l’auteure préfère à présent la dénomination de « tableau de réussites et de progrès » ou TNR[1]. Cela a l’avantage d’être plus clair pour les élèves. Grâce à ce document, on marque des succès et on voit ce qu’on a à faire pour progresser, petit à petit. On sait également au-dessus de quel niveau on doit se trouver en fin de telle ou telle classe, en fin de cycle 3 comme de cycle 4.

Le professeur intéressé par l’utilisation de TNR a appris à les élaborer à partir de vraies copies d’élèves en stage ou bien il en a trouvées toutes faites sur Internet. Quelle marche suivre pour les utiliser de manière simple et efficace ?

Prenons l’exemple de rédactions en histoire. Ce temps a pu être précédé d’une analyse de productions d’années précédentes déjà corrigées et annotées par le professeur[2].  Mais ce n’est pas nécessaire pour comprendre l’utilisation d’un TNR.

 

Les élèves découvrent le TNR

La première fois, les élèves planchent sur un sujet donné, par exemple « montrez que Nîmes est une cité gallo-romaine ». Le professeur ramasse les copies et ensuite se livre à un travail qui est un peu long. Crayon papier à la main, il va au fil de sa lecture aller chercher des indicateurs de réussite pour chacun des critères : le texte est -il soigné ? lisible ? assez long ? Les exigences de la langue française sont-elles respectées ? Le contenu est-il riche ? Intéressant ? situé dans le Temps ? Pour chacun des critères, le professeur place une petite croix sur l’indicateur qu’il a repéré. Ensuite, il n’a plus qu’à déterminer le niveau de réussite de la production en visant la croix placée le plus bas. Oui, c’est parfois crève-cœur. Il inscrit dans la marge ou dans une colonne dédiée, la date et d’un mot le sujet de la production.

Cette première utilisation des TNR est qualifiée de « un peu longue » ci-dessus mais en réalité, l’enseignant fait ce qu’il a l’habitude de faire quand il corrige des copies : il les lit, les annote, se retient de barrer d’un grand trait rouge rageur accompagné de « Oh, réfléchis ! ». Cependant avec les TNR, la corvée s’arrête là, inutile de compter les quarts de points avec les demi-points et d’inscrire une note avec une appréciation peu lue donc…[3]Les productions n’ont pas besoin d’être notées, ici, elles ont valeur d’entraînement.

De retour en classe, le professeur fait distribuer les copies avec leur TNR. Il doit prendre le temps d’expliquer comment le tableau fonctionne et à quoi il sert. Après les explications, chacun est invité à lire toute la ligne du niveau auquel a été évaluée sa production puis celle du niveau au-dessus : « voilà ce qu’il faudra faire la prochaine pour progresser ». Il serait astucieux ensuite de mettre les élèves en travail individuel sur autre chose et d’annoncer que le professeur va circuler pour répondre à ceux qui ont encore des questions à poser. Quand il n’y a plus de questions, la copie est rangée et le TNR est ramassé sinon le risque est très grand qu’il ne réapparaisse jamais.

 

Les élèves utilisent le TNR

Lors d’un nouveau temps d’entrainement à la rédaction, (pas trop éloigné si possible sinon les élèves risqueront d’avoir tout oublié) le professeur fait distribuer les TNR et chacun est invité obligatoirement à relire le niveau atteint la première fois puis le descriptif du niveau au-dessus. Un nouveau sujet est donné et les élèves rédigent leur développement construit en essayant de suivre les indications de progrès. Ce sera ainsi dorénavant lors de chaque temps de rédaction, y compris celui qui « compte », celui qui est noté.

 

L’instauration d’un échange évaluatif

Après cette deuxième rédaction, avant de rendre la copie, l’élève va se livrer à un exercice d’auto-évaluation de sa production. Le professeur demande « avez-vous atteint le niveau au-dessus de la dernière fois ? Qu’est-ce qui vous le montre ? ». L’élève va écrire ce qu’il en pense sous le TNR. Celui-ci va donc devenir une fiche- navette entre l’enseignant et lui. Les deux vont écrire et petit à petit même ils vont s’écrire. D’une appréciation souvent inutile sur une copie qui disparait, rangée quelque part, perdue ou jetée, le TNR devient un outil d’évaluation et de communication efficace. En effet, il va garder la trace des précédents écrits, questions de l’un ou de l’autre des partenaires de l’apprentissage : celui qui apprend et celui qui l’accompagne dans ses apprentissages. Chacun pourra s’y reporter, voire éviter d’écrire cent fois « en Histoire, il faut toujours situer dans le Temps ». Si c’est déjà écrit il suffit de s’y reporter, de renvoyer par une flèche à la-dite remarque. Peut-être qu’un jour l’élève écrira « mais qu’est-ce que c’est situer dans le Temps ? ». Et là une vraie remédiation pourra avoir lieu.

 

Les TNR ou un gain de temps pour le professeur surmené

Dès la deuxième utilisation des TNR, le gain est patent. Que fait le professeur ? Il regarde à quel niveau était la production précédente de Toto, l’auto évaluation rédigée par celui-ci. Ensuite, il n’a plus qu’à aller chercher dans la nouvelle production les indicateurs du niveau au-dessus. C’est simple

et très rapide. Si les indicateurs sont présents, dans la marge le professeur inscrit la date et le nouveau sujet. S’ils n’y sont pas, le professeur entoure à nouveau le palier atteint et inscrit une nouvelle date. Il peut, et c’est le mieux, inscrire son appréciation à son tour sur la photocopie, en-dessous de l’auto-bilan de l’élève.

 

Les TNR, un outil de feed-back et de dédramatisation de l’évaluation

De retour en classe, on rend les copies et les TNR. Les élèves prennent connaissance de leur réussite. Ils peuvent à leur tour annoter et répondre à l’appréciation du professeur.

Chacun est de nouveau invité à lire les indicateurs de réussite du niveau où ils en sont et ceux du niveau au-dessus. Comptez au moins trois utilisations pour que cela devienne une routine c’est-à-dire que les élèves se saisissent de l’outil.

 

Un vrai outil d’évaluation positive

En utilisant les TNR, on ne recherche que les progrès des élèves. Si le niveau du dessus n’est pas atteint, ce n’est pas une faute qui pénalise. L’élève essaiera une autre fois, à une autre occasion, sur un autre sujet. Il essaiera autant de fois que nécessaire, cela n’est pas un problème. Cela n’empêchera pas le programme d’avancer puisqu’avec ce type d’évaluation, c’est le développement de compétences qui est visé.

 

Un outil d’organisation du travail de la classe en classe

Sur son carnet de notes, au sens de « notes d’information », le professeur relève seulement le niveau auquel chacun est arrivé au temps T.  Cela peut lui servir pour organiser un travail en groupes de niveaux. Cependant, de nombreux chercheurs ont montré le peu d’efficacité d’un fonctionnement en niveaux. Le plus efficace semble être le travail en groupes ou en équipes hétérogènes dites « arc-en-ciel »; par exemple un trio constitué d’un élève avec un haut niveau de réussite, un autre moins en réussite et un troisième dont les réussites pour le moment se situent en-dessous du seuil de coupure. Avec une telle organisation en classe, à un moment le professeur peut travailler avec les élèves qui n’y arrivent pas encore et restent en bas de l’échelle.

Si le professeur a sous les yeux l’ensemble des TNR d’une classe, il peut les utiliser pour préparer un travail en groupes de besoin en se servant des petites croix au crayon à papier qui visent à déterminer le niveau de réussite d’une production.

Di M croquis de Géographie

Si on prend l’exemple du croquis en géographie (cliquez sur le lien ci-dessus), il peut travailler avec les élèves qui en ont besoin autour de la légende pendant que les autres élèves travaillent en autonomie sur les informations à placer sur un croquis ou encore sur le soin à y apporter. L’idéal ici serait même qu’il tourne dans les trois ateliers.

 

Le professeur peut tenir à jour un tableau comme ci-dessous pour noter les progrès des élèves.

L’Antiquité étant le niveau à atteindre en fin de cycle 3 pour le niveau de maitrise satisfaisant.

[1] Joël Macé (non déposé), professeur au collège Voltaire de Sannois (Ile-de-France), rencontré à l’occasion d’un stage « développer les compétences des élèves en Histoire-Géographie » s’est emparé de l’outil C.E.D . (Compositions d’échelles descriptives) et en a conçu une série pour nos disciplines tout en le renommant de cette expression T.N.R. que je trouve bien meilleure, parlante pour les élèves.

[2] Cf. une minisérie de vidéos tournées en classe, que vous trouverez facilement avec un moteur de recherches.  Ici, plus particulièrement, voir l’épisode  » NeoAlta11″

[3] … inutile. Dommage, c’est ce qui nous prend le plus de temps.

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