Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Blog 34

Ceci est un complément à la page 132 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

1.     Auto-bilan : Le losange de Roegiers et une CED en maths

 

Une autre manière d’aider les élèves à progresser dans la mobilisation de leurs acquis est de leur donner un outil d’auto-bilan. Le professeur en tant qu’expert de sa discipline fournit à ses élèves une grille, un tableau, une liste indiquant les attendus explicites de l’évaluation. Mais c’est ensuite à l’élève de faire un bilan sur sa production et parfois sur la manière dont il s’y est pris. Voici deux exemples en mathématiques.

 

Adaptation du losange de Roegiers

Dans son livre[1], Xavier Roegiers intitule le schéma suivant ”Losange de l’évaluation” : (cliquez sur le lien ci-dessous)

losange de l’évaluation

L’idée d’une des auteures a été de le proposer en outil de formation de professeurs de mathématiques. A partir de ce schéma, il était demandé aux stagiaires de l’adapter pour en faire un outil d’auto-bilan sur la résolution de problème. Voici un exemple produit par un groupe :

On y trouve quatre critères généraux assez habituels avec des indicateurs génériques qui permettent une utilisation généralisée sur les résolutions de problèmes mathématiques.

Ce schéma a été testé avec des élèves en classe. Il leur a permis de confronter leur production aux attentes explicites au fur et à mesure des étapes utilisées.

Les auteures pensent que ce type d’adaptation doit pouvoir se faire dans toutes les disciplines. L’idéal serait de pouvoir les produire collégialement.

 

A partir d’un tableau d’évaluation sur la résolution de problème, le professeur peut aussi proposer à ses élève de travailler sur une manière de progresser grâce à un schéma de ce type :

Des CED en mathématiques

Dans l’exemple qui précède, les indicateurs ne sont pas hiérarchisés. Pour une démarche pensée sur un temps long, il serait sans doute plus pertinent d’indiquer à l’élève où il se trouve par rapport au seuil de coupure, ce qui implique l’utilisation d’échelles. Comme ici il y a plusieurs critères, ce sera donc une composition d’échelles descriptives appelée précédemment tableau de réussite et de progrès.

Dans un premier temps, quelle serait la hiérarchie pour chacun de critère ?

  • Critère 1 : mes idées sont-elles bonnes ? pertinence de la production
    1. J’ai bien répondu à la question posée (pas de hors sujet)
    2. J’ai fait des essais pertinents en manipulant
    3. J’ai fait une représentation pertinente
    4. J’ai utilisé plusieurs notions de cette année de manière pertinente
    5. J’ai trouvé des liens pertinents dans les années précédentes
  • Critère 2 : ai-je fait le bon choix ? respect des contraintes
    1. J’ai respecté les consignes
    2. J’ai utilisé les bons outils (géométriques, calculatrices, numériques …)
    3. J’ai utilisé les bonnes opérations ou propriétés
    4. J’ai rédigé/présenté en respectant les contraintes habituelles (unités, calculs en ligne …)
  • Critère 3 : mes idées sont-elles bien organisées ? cohérence
    1. Ma réponse à la question est cohérente
    2. Mon raisonnement est structuré
    3. Mes étapes sont cohérentes
    4. Mon raisonnement est complet
  • Critère 4 : les outils sont-ils correctement utilisés ? respect des techniques
    1. J’ai respecté les priorités des calculs
    2. J’ai vérifié les conditions d’utilisation des propriétés
    3. Mes calculs sont justes
    4. J’ai rédigé avec rigueur
    5. J’ai rédigé avec précision

Ce qui donne la CED suivante :

On peut imaginer de faire alors varier le seuil de coupure selon l’année du cycle et regrouper les ceintures en niveaux de maitrise de fin de cycle 4 pour évaluer la résolution de problème (domaine 4 du socle commun).

Cela pourrait donner :

Si le professeur n’utilise pas par le losange de Roegiers, il lui sera assez facile d’utiliser des copies d’élèves. L’objectif est alors de faire la liste de tout ce qui est observable, pendant la recherche et sur la production. Il obtient alors la liste des indicateurs concrets, contextualisés au problème donné. Pour pouvoir réinvestir le travail à chaque résolution, il regroupera ces indicateurs en critères généraux décontextualisés selon le schéma suivant[1].

Il est possible également de faire le chemin inverse : partir des critères, puis en tant qu’expert lister les indicateurs possibles. Pour ce faire, on peut utiliser ce que les programmes nomment les six compétences mathématiques dans le rôle des critères : chercher, représenter, modéliser, raisonner, calculer, communiquer.

 

On obtiendra par exemple :

Là encore, les indicateurs sont génériques et non hiérarchisés. Les élèves ont à cocher pour réaliser un auto-bilan mais cela ne nous donne pas directement le niveau de maitrise de la résolution de problème à prise d’initiative.

Il faut encore hiérarchiser les indicateurs et lisser les niveaux.

Voilà par exemple ce qui a été produit en formation de formateurs mathématiques cycle 3 : (cliquez sur le lien ci-dessous)

autre CED maths AMS

Il est évident que ce tableau mérite d’être simplifié pour être donné aux élèves mais au moins, le professeur est au clair avec ses attentes.

[1] Xavier Roegiers, L’école et l ‘évaluation, des situations complexes pour évaluer les acquis des élèves, de boeck, 2010 (2è édition)

[1]François-Marie Gérard, 2008, Evaluer des compétences, guide pratique[1], De Boeck, 1ère édition

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Blog 27

Ceci est un complément à la page 100 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Un exemple : tâches complexe et arts plastiques

Ou comment la résolution d’une tâche complexe mène à une infinité de solutions, toutes valables.

Tâche complexe

Commençons par rappeler ce que l’on nomme tâche complexe. Il s’agit d’une production (la tâche) appartenant à une famille de situations (par exemple faire un croquis géographique). Il est conseillé de la placer après l’enseignement de plusieurs unités du programme. L’élève est alors en capacité de « mobiliser ses ressources » pour résoudre ce qui lui est demandé. C’est-à-dire choisir parmi tout ce qu’il a appris et expérimenté et sélectionner dans sa « boîte à outils » ce dont il pense qu’il aura besoin pour mener à bien cette tâche. C’est dans le choix et surtout dans la combinaison de plusieurs ressources que réside la complexité et non dans le degré de difficulté. Gérer une seule ressource définit une tâche simple –qui n’est pas nécessairement facile-, en « tricoter » plusieurs, est la caractéristique d’une tâche complexe. Il serait peut-être d’ailleurs temps d’abandonner ces termes de simple et complexe pour d’autres prêtant moins à confusion, par exemple tâche unique et tâche multiple. Ou encore tâche mono-ressource et tâche multi-ressources. La complexité évoquée ici est celle chère à Edgar Morin mais l’acception du langage courant nous trouble.

Tâche simple Tâche complexe
Gérer une seule ressource Gérer plusieurs ressources
Tâche unique Tâche multiple
Tâche mono-ressource Tâche multi-ressources

Continuons en rappelant à nos souvenirs qu’une ressource est ce dont dispose l’élève. Les ressources internes sont ce qu’il a appris, ce dont il dispose « les mains dans les poches », comme souvent en situation d’examen : ses savoirs, ses connaissances (14 Juillet 1789, prise de la Bastille ; la règle de l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir), ses habiletés (analyser un énoncé, réaliser une eurécarte (appellation maison pour une carte heuristique) pour faire l’inventaire de tout ce qu’il sait, faire un plan au brouillon pour organiser ses idées, les couleurs et les figurés du langage cartographique…), ses attitudes (la volonté d’aller au bout d’une tâche sans se décourager, rechercher une certaine élégance de rédaction, soigner son travail…). Tout le nécessaire est dans la tête.

Ressources internes Ressources externes
Ses savoirs, ses connaissances

14 Juillet 1789, prise de la Bastille

La règle de l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir

Ses outils

Feutre fin noir et crayons de couleur pour le croquis

Fiche méthode « Présenter un document »

Tutoriel « Images actives »

Recette « Pour faire les tartelettes amandine »

Son T.N.R. –tableau de réussites et progrès dit aussi N.R.P. –niveaux de réussite et progrès-

Ses habiletés

Analyser un énoncé

Réaliser une eurécarte pour faire l’inventaire de tout ce qu’il sait

Faire un plan au brouillon pour organiser ses idées

Les couleurs et les figurés du langage cartographique

Ses pairs

Son voisin de table

Ses camarades de classe

Ses coéquipiers

Ses attitudes

La volonté d’aller au bout d’une tâche sans se décourager

Rechercher une certaine élégance de rédaction

Soigner son travail

Les adultes autour de lui

Son professeur tout disposé à répondre à ses questions

Un autre de ses professeurs en cas de co-animation

Le professeur-documentaliste en particulier

Un assistant d’éducation

  Le monde !

Et ses outils numériques interactifs

Smartphone

Tweetlist et les réseaux sociaux

Internet

Les ressources externes sont, par conséquent, tout le reste, ce dont il peut disposer à sa convenance : ses outils (feutre fin noir et crayons de couleur pour le croquis ; fiche méthode « Présenter un document », tutoriel « Images actives », recette « Pour faire les tartelettes amandine », son T.N.R. –tableau de réussites et progrès[1]– dit aussi N.R.P. niveaux de réussite et progrès,  ses pairs comme son voisin de table sur le travail duquel il pourra jeter un œil pour se rassurer, ses camarades de classe auxquels il pourra demander des éclaircissements, ses coéquipiers, mais aussi les adultes autour de lui par exemple son professeur tout disposé à répondre à ses questions, un autre de ses professeurs en cas de co-animation, le professeur-documentaliste en particulier, un assistant d’éducation : le monde ! et ses outils numériques interactifs comme les Smartphone, tweetlist et les réseaux sociaux, Internet et sa merveilleuse encyclopédie en ligne à laquelle les élèves ne comprennent pas toujours grand-chose….

 

Nature morte à dessiner

Ces rappels faits, passons à l’objet éponyme de cette partie, tâche complexe et Arts Plastiques.

Il était une fois trois amies qui allaient au cours de dessin ensemble, Céline, Sophie et Annie. Un jour, le professeur installe une nature morte et leur propose de la dessiner. Voilà une belle tâche complexe, non ?

Chacune des trois va s’atteler à la tâche à sa manière, Sophie en fouillant dans ses affaires, Céline en attendant un café et Annie en tournant en rond. Ce sont trois élèves bien différentes : Sophie ne voit pas en 3D, Annie ne voit pas les couleurs et Céline est d’une créativité sans borne. Quelles sont leurs ressources internes ? Annie dessine depuis dix ans (merci la prof d’arts plastiques qui l’a traînée à Florence et obligée à dessiner les monuments comme les 50 élèves embarqués dans l’aventure : « on ne regarde bien une œuvre qu’en la dessinant, tu verras ». Vu.) et aime travailler sur du petit format pendant des heures. Sophie vient à l’atelier depuis quelques années, adore les couleurs et rend une des auteures malade de jalousie par sa maîtrise des proportions. Céline les a rejointes depuis l’année dernière, travaille très vite, sur du très grand format et sait détourner les compositions pour créer des fresques multicolores. Toutes les trois gèrent leurs ressources externes très différemment.

Sophie avant de commencer explore sa mallette et sort ses pastels tous neufs avec la ferme intention de les étrenner. La prof lui donne un papier tramé du plus bel effet. Sophie aime interpeler ses petites camarades pour leur demander ce qu’elles pensent de ceci ou de cela. Elle accepte voire recherche les remarques sur le rendu des couleurs, les volumes. Elle appelle régulièrement la professeure pour avoir un avis ou une aide. En quatre séances, de deux heures trente chacune, elle obtient ce qu’elle voulait, son premier pastel : ressemblant à la composition ET interprété.

Céline dessine une première fois la composition puis la réinterprète comme elle le fait à chaque fois. Il lui faut bien s’occuper étant donné que ses copines n’avancent pas et ont besoin que la composition reste exposée pendant de nombreuses séances. La professeure lui a donc proposé dès la première activité de septembre de reprendre le travail avec des lignes, des figures géométriques et des couleurs, beaucoup de couleurs. Au fil de l’année, Céline a donc développé un univers artistique bien à elle. En quatre séances, elle a produit une première production, grand format, au crayon puis cette seconde aux crayons de couleurs.

Annie, à force de tourner-virer une tasse à la main, s’est mise au travail, au crayon à papier, son outil de prédilection. Avantage puisqu’elle l’aime et inconvénient puisqu’elle peut gommer le moindre trait jusqu’à ce qu’elle obtienne l‘effet le plus proche de ce qu’elle cherche. Ce qui n’accélère pas sa vitesse d’exécution. Elle pose peu de questions à la prof, a du mal avec les proportions, puisqu’elle ne prend des mesures qu’une fois sur trois, et avec les perspectives qu’elle interprète à la chinoise quasiment tout le temps c’est-à-dire avec des lignes de fuite inversées. Elle reste une heure puis une heure et encore deux heures entières sur le sac en papier déformé sans être satisfaite. Ensuite, 1 h pour une pomme de terre, celle qui touche la bouilloire. Elle voudrait bien continuer mais la professeure n’en peut plus de manger des artichauts, des choux-fleurs de semaine en semaine. Au bout de quatre séances, ce n’est toujours pas terminé mais on siffle la fin de la partie.

Evaluation des trois productions

Si on était à l’école, le moment serait venu d’évaluer ces trois productions, de leur donner une valeur, pas une note. Ces dessins sont-ils réussis ? La tâche complexe a-t-elle été résolue ? Les dessinatrices ont-elles bien géré leurs ressources pour obtenir un résultat dont elles sont satisfaites ?

Pour répondre à cela, on pourrait utiliser les critères indiqués par François-Marie Gérard[2] : la pertinence, la correction, la cohérence et la complétude. Concernant la pertinence, c’est oui dans les trois cas malgré des différences flagrantes. On a bien un dessin et/ou une interprétation de la composition. Quant à la correction, c’est positif également. Pastels, crayons, gommes ont suivi les règles du genre, couleurs complémentaires pour placer les volumes, ombres. Ce qui ne signifie pas que ce soit parfait. On n’est pas aux Beaux-arts, non plus. La démarche des trois élèves est logique à chaque fois, suivant pourtant des itinéraires divergents selon l’expérience, le « métier », la sensibilité et les envies de chacune. Enfin la complétude. Une seule des trois a terminé son projet. Sophie a mené à bien sa première utilisation des pastels. Céline a terminé elle aussi son dessin mais s’est lancé dans une interprétation géométrique et colorée qu’elle n’a pas eu le temps de finir. Annie est la seule qui n’a pas accompli la mission fixée par la professeure, le dessin n’est pas terminé. Même s’il est fréquent en atelier de ne pas traiter l’ensemble de la composition et de laisser des « silences », des blancs, que l’œil se chargera de compléter. Dans ce dernier cas, trois des quatre critères sont évalués positivement. Le professeur peut donc estimer que c’est bon et qu’on peut passer à autre chose.

Tâche à accomplir : dessiner et interpréter la composition
  Sophie Céline Annie
Gestion des ressources internes Patience

Concentration

Rapidité

Créativité

Acharnement graphique

Démarrage façon diesel…

Gestion des ressources externes Aucune expérience du pastel

Nombreuses demandes à ses amies et à la prof

Crayons de couleurs Crayons à papier, gommes

Interactions avec ses pairs (peu..)

Peu de questions à la professeure

Qui a dit qu’évaluer les productions des élèves était long et difficile ? Dans la plupart des cas, évaluer une tâche complexe consiste à porter son regard sur quelques aspects de la production et de déterminer si « oui ou non ça passe ». Après, il n’y a plus qu’à renseigner son « carnet de bord de l’enseignant ».

La pertinence Est-ce que l’élève fait bien ce qu’il doit faire (et pas autre chose) ? Bref, a-t-il évité le hors-sujet ? Oui / non
 La correction Est-ce que l’élève fait BIEN ce qu’il doit faire, le fait-il correctement ? Utilise-t-il les outils comme on lui a montré ?  

Oui / non

La cohérence Est-ce que la démarche est logique ? Oui / non
La complétude Est-ce que la production est complète ? Oui / non

 

Métacognition

Toujours si on était à l’école, et si on suivait le processus « compétences- EPS » (voir partie 2, chapitre 2, p 73), on devrait arriver à la phase 4, les étirements c’est-à-dire celle du débriefing, de la métacognition/contrôle exécutif, de la régulation et de l’auto-évaluation.  « Evaluer, c’est s’évaluer » dit André de Peretti[3], il faudrait donc que chacune des trois élèves se livre à un petit temps de retour sur production. Par exemple à l’aide de ces trois questions simples :

Estimes-tu que ta production soit réussie ? Qu’est-ce qui te le fait penser ?

Ta production correspond-t-elle à ce que tu voulais faire ? Qu’est-ce qui ne te satisfait pas ? Comment l’expliques-tu ?

La prochaine fois, …

 

Apprendre, c’est semble-t-il prendre conscience de ce que l’on a fait, de ce que l’on sait, de la manière dont on s’y est pris en repérant les démarches efficaces et efficientes et les travers à améliorer[4]. En prendre conscience et les garder en mémoire ou du moins d’en avoir une trace afin de relire puis repartir du bon pied lors de la prochaine résolution de tâche complexe.

Céline s’est livrée gracieusement livrée à cette petite introspection :

Ma production est réussie, c’est joli. Je n’avais pas de projet à la base. J’ai recherché une harmonie de formes et de couleurs. Je suis satisfaite du résultat. La prochaine fois, j’essaierai de faire un effet de matière.

Sophie a également accepté l’exercice d’autoévaluation :

J’aime assez ma production car c’est la première fois que je travaillais sur un support granuleux. Je pense avoir réussi à reproduire ce que je voulais. Je suis assez satisfaite même si la pose de matière ne correspond pas à ce que je voulais. Ma production n’est pas suffisamment réaliste. La prochaine fois, je voudrais mieux travailler les effets de matière sur des supports différents.

Au tour d’Annie :

J’estime que ma production est réussie bien qu’inachevée. Les objets de la composition sont tous placés, relativement bien proportionnés les uns par rapport aux autres. Plusieurs sont en volume. La texture des oranges est rendue, celle des pommes de terre aussi.

Je voulais tout dessiner et surtout montrer les volumes de tous ces fruits et légumes. Je voulais travailler la surface du chou-fleur et essayer de rendre le côté floconneux des fleurettes. Je n’ai pas eu le temps). Je n’ai pas eu le temps -nonobstant le peu de temps dont je disposais ce mois-là- car je démarre trop lentement et je passe trop de temps sur un seul objet.

La prochaine fois, je pourrais démarrer plus vite (sauf que non, c’est une activité de loisirs, je ne passe pas un concours). Il faudrait que je ne passe pas plusieurs séances sur un même objet car la prof m’a fait remarquer que les lumières changent et marquent les ombres autrement, cela m’égare ensuite. Je pourrais aussi admettre que la perfection n’est pas de ce monde, que le dessin n’est pas une « photo d’identité » de la composition. Il va aussi falloir quand même que je me mette à prendre des mesures, c’est facile, je sais le faire en théorie… Il suffit de tendre le bras en tenant son crayon.

Et c’est exactement ce qu‘elle a fait la séance suivante sur un autre sujet !

Ainsi, face à une même tâche complexe, avec la même consigne, les trois élèves ont produit trois productions qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Que l’on peut considérer toutes comme évaluables positivement. La démarche a permis la mise en œuvre des ressources internes et externes de chacune des trois puis à la mise en projet sur un axe choisi par chacune d’elle pour une production future. Quoi de meilleur pour les apprentissages et l’implication que l’auto-détermination d’un futur objectif de travail ?

[1] Voir Partie 3, chapitre 2 : Utilisation des CED : niveaux de réussite et de progrès

[2] François-Marie GERARD, Evaluer des compétences, guide pratique, de Boeck, 2008, 1ère édition

[3] Cf. la vidéo tournée par Thierry Foulkes sur une idée de François Müller « Dix mots pour le changement en éducation … évaluer » https://www.youtube.com/watch?v=EujlJTT8kHQ&list=PL98D64821BE92DE36

[4] Nous n’écrivons pas « corriger ». Nous essayons de rester dans une démarche positive et d’envisager la suite des apprentissages comme une longue liste de progrès faisables. En classe, nous ne faisons pas de « remédiation », nous essayons de faire en sorte que les élèves fassent des progrès.

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Blog 11

Ceci est un complément à la page 36 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Apprendre à développer son autonomie

Même si les occurrences du mot « autonomie » ne sont pas si nombreuses, on constate tout de même que la demande est là. L’institution attend bien des enseignants qu’ils mettent les élèves en situation de développer leur autonomie. Il s’agit de « développer l’autonomie » car on ne nait pas autonome, on le devient. Notre collègue formatrice et amie, Véronique Flipo, dans le cadre de stages autour de la différenciation pédagogique, explique volontiers que tant que nos élèves adolescents ne sont pas mûrs, ils ne peuvent être chargés de responsabilités. Sinon ils vont passer à côté du temps nécessaire à leur construction personnelle. Ils n’en sont donc pas responsables, c’est comme cela et la maturité va venir, petit à petit et qu’on n’y peut rien, ni les parents ni les professeurs et encore moins l’élève. C’est une question de temps.

L’avantage avec l’autonomie est qu’on peut y faire quelque chose. A la différence de la maturité, l’autonomie, cela s’apprend et peut se développer. Les élèves peuvent devenir plus autonomes, pour peu qu’on leur en donne la possibilité, par des situations pédagogiques qui s’y prêtent. Cela ne signifie pourtant pas qu’il faut les jeter dans le grand bain pour qu’ils apprennent à nager c’est-à-dire passer d’un travail complètement guidé à une séquence « sans filet » avec juste un énoncé. Alors, comment faire ? Ce qui suit n’est pas une solution miracle, seulement quelques réflexions sur du possible en classe. Il ne s’agit pas non plus d’une réflexion en profondeur sur la notion ou le concept d’autonomie[1].

Revenons à l’exercice « C’est à vous » (cf p 27 du livre). Peut-être avez-vous écrit quelque chose du style de ce qui suit ?

–          « Bidule est capable d’apprendre sa leçon et de restituer ce qu’elle a appris. Elle sait s’organiser dans son travail. Les devoirs sont faits avec sérieux : il y a des phrases complètes. Elle a toujours son matériel. Elle est capable de poser les questions nécessaires à sa compréhension.  En classe, elle est attentive même si elle peut bavarder lorsque les explications données ne lui servent pas. Elle capte l’essentiel. Elle n’est pas perdue lorsqu’on lui propose des activités atypiques, moins scolaires.

–          Machin n’est pas concentré : il n’écoute pas le cours, il est lent dans l’exécution des tâches demandées. Il ne sait pas prendre la parole en respectant celle des autres. Il fait ses exercices trop vite mais il est capable de poser des questions pertinentes par moments. Il fait ses devoirs « vite fait » : il est fréquent qu’il se trompe d’exercices, qu’il n’écrive pas dans son agenda. Il ne fait pas de lien entre ce qui est fait en classe et ce qu’il doit restituer pendant les évaluations. Il croit en la parole « magique » de l’enseignant voire des pairs[2]. »

Le profil de Bidule frôle la perfection scolaire. On aimerait en avoir plusieurs dans nos classes.

Vous pouvez continuer votre réflexion sur l’autonomie des élèves avec le portrait de Marie-Eve et de Marie-Pierre, deux étudiantes québécoises présentées par Lise St-Pierre[3].

 

Des indicateurs observables

A présent, vous disposez de suffisamment de matériaux pour lister des indicateurs de l’autonomie en deux colonnes : l’élève autonome/l’élève qui ne l’est PAS ENCORE.

L’élève autonome Celui qui n’est pas encore autonome
– Il a une bonne estime de soi.

– Il sait s’adapter aux situations scolaires ou extrascolaires.

– Il est capable d’interactions avec les autres.

– Il sait faire des liens avec les autres apprentissages.

– Il peut prendre des risques.

– Il est capable d’initiatives.

– Il sait cibler ses besoins.

– Il sait utiliser ses ressources.

– Il anticipe.

– Il est entreprenant.

– Il peut se projeter.

– Il se fait oublier.

– Il sait pourquoi il est là : sens des apprentissages.

– Il sait de quoi il a besoin : gérer le temps de concentration.

– Il est capable de faire des liens.

– Il est rapide.

– Il se met au travail seul.

– Il sait se relire.

– Il sait faire un brouillon.

– Il recherche seul des informations.

– Il fait usage des outils mis à sa disposition.

– Il pose des questions à bon escient.

– Il possède le matériel nécessaire.

– Il a confiance en ses capacités.

– Il établit un lien cognitif entre le cours et l’exercice.

– Il est organisé et méthodique.

– Il est à l’écoute de la parole du prof et de ses pairs.

– Il prend plaisir à ses apprentissages.

– Il est capable de s’adapter.

– Il a besoin de cadre, de soutien, de la validation des professeurs.

– Il a besoin d’être rassuré.

– Il doute.

– Il se repose sur la norme scolaire.

– Il n’a pas son matériel.

– Il se fait redire systématiquement la consigne.

– Il demande de l’aide en permanence.

– Il fait valider son travail étape par étape, parfois mot par mot.

– Il attend un signal pour se mettre au travail.

– Il doit être souvent surveillé.

– Il ne sait pas où chercher les informations.

– Il préfère rêver ou bavarder plutôt que d’apprendre.

– Il est passif.

– Il se bloque à la première difficulté.

– Il manque de confiance en lui.

– Il n’est pas organisé.

– Il a du mal à respecter les délais.

– Il est déconcentré.

– Il n’arrive pas à écouter correctement la parole des autres.

– Il a besoin d’étayage permanent et est perdu dès que l’on fait du desétayage.

– Il ne sait pas s’auto évaluer.

– Il ne parvient pas à utiliser des stratégies différentes.

 

 

 

A la lecture du tableau ci-dessus, on constate aisément combien est large le fossé entre ces deux profils d’élèves et on ne peut se contenter de le constater ; on ne peut laisser la situation perdurer. Il paraît nécessaire de permettre à celui qui n’est PAS ENCORE autonome de le devenir ou du moins de progresser vers un niveau d’autonomie minimum.

[1] Pour cela, se reporter à l’ouvrage récent de Philippe FOREY, Devenir autonome, apprendre à se diriger soi-même, ESF, 2016.

[2] Notes de stagiaires de Cergy en 2013. Merci à Léa tout spécialement. Les autres encarts seront également, en partie du moins, de cette source. Merci également à l’équipe de Bois d’Arcy qui fut « béta-testeuse » du dispositif décrit dans ce chapitre.

[3] Lise St-Pierre, Professeure de la faculté d’éducation – PERFORMA à l’Université de Sherbrooke, Développer l’autonomie des élèves…Pourquoi moi ? Comment ?     http://aqpc.qc.ca/sites/default/files/revue/St_Pierre_17_3.pdf

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