Une ballade de Paul Fort
(1872, Reims – 1960, Montlhéry)
Complainte du petit cheval blanc
Le petit cheval dans le mauvais temps, qu’il avait donc du courage !
C’était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.
Il n’y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n’y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.
Mais toujours il était content, menant les gars du village,
À travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant.
Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
C’est alors qu’il était content, tous derrière et lui devant.
Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu’il était si sage,
Il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant.
Il est mort sans voir le beau temps, qu’il avait donc du courage !
Il est mort sans voir le printemps, ni derrière ni devant.
© Paul Fort
Ballades du beau hasard – Lieds, complaintes, élégies, 1910
© Georges Brassens (musique, album La Mauvaise Réputation, 1952)
(1921, Sète – 1981, Saint-Gély-du-Fesc)
chante la Complainte du petit cheval blanc en duo avec Nana Mouskouri (1972)
- voir aussi le tableau de Paul Gauguin Le cheval blanc
- entretien radiophonique entre Marine Lorrain et Georges Brassens (1958)