« La Légende des Arbres » par Yves Duteil

Une chanson d’Yves Duteil

La légende des arbres

Un jour, le roi des arbres
Réunit ses sujets
Dans son palais de marbre
Au cœur de la forêt

Le chêne à Brocéliande
Le cèdre du Liban
Et le vieux pin des Landes
Conçurent un vaste plan

Le vent porta l’affaire
À travers les forêts
Les arbres de la Terre
Ont déclaré la paix

Vivre était leur désir
Porter chacun leurs fruits
C’était « vaincre ou mûrir »
Leur devise et leur cri

Leurs fleurs, en grand mystère
Imperceptiblement
S’ouvraient vers la lumière
En prenant tout leur temps

Et du cœur des charpentes
Des coques des bateaux
Aux linteaux des soupentes
Et aux traverses du métro

Du papier dans les livres
Et du corps des crayons
Le bois semblait revivre
Et devenait chanson

Libres de leurs amarres
Les mâts qui naviguaient
Répondaient aux guitares
Et les arbres chantaient

Jamais de mémoire d’homme
On n’entendit ce chant
Mais dans le cœur des ormes
Il résonnait comme un printemps

Cyprès de Palestine
Et l’arbre de Judée
Ont mêlé leurs racines
Autour de l’olivier

Les arbres de la Terre
Se sont tendu les mains
Par-delà les frontières
Au-dessus des humains

Et la rose des vents
Échangeant les pollens
A mis du pommier blanc
Sur les fleurs de l’ébène

Et la rose des vents
Échangeant les pollens
A mis du pommier blanc
Sur les fleurs de l’ébène

Cette légende ancienne
On l’entend dans les bois
Le vent dans les vieux chênes
La chante encore parfois

Celui de Brocéliande
Et le cèdre au Liban
Mais le vieux pin des Landes
A brûlé entre-temps

Les saules ont tant versé
De larmes de rosée
Tant porté dans leurs feuilles
Les deuils du temps passé

Si nous n’entendions plus
Ce que le vent nous crie
Les hommes auraient perdu
La source de leur vie

Et le parfum des fleurs
La pulpe de leurs fruits
Déverseraient en vain
Au fond des cœurs meurtris

Des torrents de douceur
Et des flots d’harmonie

paroles et musique : Yves Duteil (1997)

« Chanson de la Seine » par Jacques Prévert

Un poème de Jacques Prévert (1900-1977)

Chanson de la Seine

La Seine a de la chance
Elle n’a pas de soucis
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et elle sort de sa source
Tout doucement sans bruit
Et sans se faire de mousse
Sans sortir de son lit
Elle s’en va vers la mer
En passant par Paris
La Seine a de la chance
Elle n’a pas de soucis
Et quand elle se promène
Tout le long de ses quais
Avec sa belle robe verte
Et ses lumières dorées
Notre-Dame jalouse
Immobile et sévère
Du haut de toutes ses pierres
La regarde de travers
Mais la Seine s’en balance
Elle n’a pas de soucis
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et s’en va vers le Havre
Et s’en va vers la mer
En passant comme un rêve
Au milieu des mystères
Des misères de Paris.

© Jacques Prévert
Spectacle (1951)

« L’Écolier » par Raymond Queneau

L’Écolier

J’écrirai le jeudi j’écrirai le dimanche
       quand je n’irai pas à l’école
j’écrirai des nouvelles j’écrirai des romans
       et même des paraboles
je parlerai de mon village je parlerai de mes parents
       de mes aïeux de mes aïeules
je décrirai les prés je décrirai les champs
       les broutilles et les bestioles
puis je voyagerai j’irai jusqu’en Iran
       au Tibet ou bien au Népal
et ce qui est beaucoup plus intéressant
       du côté de Sirius ou d’Algol
où tout me paraîtra tellement étonnant
       que revenu dans mon école
je mettrai l’orthographe mélancoliquement

Raymond Queneau, Battre la campagne (1968)

 

« Le tour du monde » par Jean-Claude Darnal

Une chanson de Jean-Claude Darnal (1929-2011)

Extrait de l’émission Trente-six chandelles, animée par Jean Nohain (08.07.1957) sur le site de l’INA :

 

Le tour du monde

Dans une vieille caisse en bois
Qui vient de Samoa
Je vais faire un trois-mâts
Après quoi je trouverai
Une fille à aimer
Qui partout me suivra
Riche de tout cet argent
Brillant sur l’océan
Nous irons
Nous laisserons la grandvoile
Traîner dans les étoiles
Tout du long

Tant mieux si la route est longue
Je ferai le tour du monde

Nous irons dans les pays
Où l’or les pierreries
Cachés dans les galions
Attendent les grands enfants
Qui ont le soir couchant
Des rêves d’évasion
Et nous irons dans les îles
Où pour parler de filles
Et d’amour
On met des chapeaux de lune
Et des manteaux de plumes
En velours

Tant mieux si la route est longue
Je ferai le tour du monde

Dans les ports nous danserons
Au rythme des flons-flons
Sous les lampions des fêtes
Et nous boirons ces boissons
Dont déjà seuls les noms
Vous font tourner la tête
Nous verrons chaque matin
Le jour monter sans fin
Au soleil
Nous verrons glisser vers l’eau
Des sommets bien plus hauts
Que le ciel

Tant mieux si la route est longue
Je ferai le tour du monde

Lavés par les océans
Décoiffés par les vents
Brûlés par le soleil
Un beau jour nous rentrerons
Les yeux pleins de visions
Les lèvres à goût de sel
Notre trois-mâts portera
Du poivre ou du tabac
Je n’ sais quoi
Nous entrerons dans la ville
Avec cet air tranquille
Des grands rois

Tant mieux si la route est longue
Je ferai le tour du monde
Tant mieux si la route est longue
Je ferai le tour du monde

© Jean-Claude Darnal (paroles et musique) – album Chez Narcisso (1955)

 

„Damals hinterm Mond“ par Element of Crime

Une chanson du groupe Element of Crime

Damals hinterm Mond

 

 

© Sven Regener (paroles)
© Sven Regener, Richard Pappik,
Jakob Friderichs, David Young (musique)
Album : Damals hinterm Mond – Element of Crime, 1991

 

Autrefois derrière la lune

La vie allait à toute allure, l’amour était une fête, l’être humain était bon
Autrefois derrière la lune
Le whisky était un frisson et le deuxième verre tout notre bien
Autrefois derrière la lune
Il n’y avait jamais trop de quoi boire et le soir, je savais toujours où tu étais
Qu’est-ce qu’on a pu rire
Autrefois derrière la lune

Un regard était une promesse, le monde n’était que sourire, l’être humain était bon
Autrefois derrière la lune
Les règles étaient là pour être brisées, on luttait avec la force d’une saine colère
Autrefois derrière la lune
Il n’y avait jamais trop de quoi se disputer et le soir, je savais toujours où tu étais
Qu’est-ce qu’on a pu aimer
Autrefois derrière la lune

Un ventre nu était le ciel et l’enfer un banc, l’être humain était bon
Autrefois derrière la lune
Le lac artificiel était l’océan
Le canard était un cygne, un pot était un chapeau
Autrefois derrière la lune
Il n’y avait jamais trop de quoi jouer et le soir, je savais toujours où tu étais
Qu’est-ce qu’on a pu rire
Autrefois derrière la lune

© Sven Regener
traduction : Céline Navarro (2016)

 

Portrait : Cabu

Série Portraits, par des étudiant·e·s de niveau B1

Jean Cabut, connu sous le pseudonyme de Cabu, était un caricaturiste, un dessinateur de presse et un auteur des bandes dessinées français. Il est aussi apparu à la télévision, dans l’émission pour les enfants Récré A2, où il faisait des croquis rapides.
Né le 13 janvier 1938, il a passé son enfance et son adolescence à Châlons-en-Champagne.
Son père était professeur de forge à l’École Nationale Supérieure d’Arts et Métiers.
Cabu a passé son premier concours de dessin en 1952. Il avait 14 ans quand il a remporté le premier prix. À l’âge de 16 ans, il a publié ses premières illustrations dans un quotidien régional.
Il est allé habiter à Paris en 1954, où il s’est formé au dessin : à l’École Estienne (École supérieure des arts et industries graphiques), et le samedi, à l’académie Julian, une école privée, fondée en 1866.
À l’âge de 19 ans, il a publié son premier dessin parisien dans Paris Match.
Sa carrière a été interrompue de 1958 à 1960 parce qu’il a été conscrit en Algérie. Il y a fait un journal de propagande militaire française. C’est à cette époque qu’il est devenu antimilitariste.
En 1960, il a participé à la revue Hara-Kiri et en 1961, au journal Pilote, avec René Goscinny. Quatorze ans plus tard, il a quitté Pilote et est devenu dessinateur à Charlie Hebdo.
Son fils était le musicien Mano Solo (1963-2010).
Cabu est mort assassiné le 7 janvier 2015 lors de l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris.
Il a créé deux personnages très connus : le Grand Duduche, un lycéen naïf, et le Beauf, personnage vulgaire, inculte et borné, dont le nom signifie « beau-frère ».

 

  • Cabu et Dorothée dans Récré A2 (15.05.1985) :

 

  • Cabu et Pierre Tchernia (1981) :

 

  • Cabu présente le « Beauf » chez Bernard Pivot – émission Apostrophes (1980) :

 

  • Noël 2008 – Cabu et Mano Solo enregistrent La Java du Diable (Trénet) :

 

 

« Déjeuner en paix » par Stephan Eicher

Une chanson de Stephan Eicher (un grand classique de mes cours…)

 

Déjeuner en paix

J’abandonne sur une chaise le journal du matin
Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent
J’attends qu’elle se réveille et qu’elle se lève enfin
Je souffle sur les braises pour qu’elles prennent

Cette fois je ne lui annoncerai pas
La dernière hécatombe
Je garderai pour moi ce que m’inspire le monde
Elle m’a dit qu’elle voulait si je le permettais

Déjeuner en paix, déjeuner en paix

Je vais à la fenêtre et le ciel ce matin
N’est ni rose ni honnête pour la peine
Est-ce que tout va si mal ? Est-ce que rien ne va bien ?
L’homme est un animal, me dit-elle

Elle prend son café en riant
Elle me regarde à peine
Plus rien ne la surprend sur la nature humaine
C’est pourquoi elle voudrait, enfin si je le permets

Déjeuner en paix, déjeuner en paix

Je regarde sur la chaise le journal du matin
Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent
Crois-tu qu’il va neiger ? me demande-t-elle soudain
Me feras-tu un bébé pour Noël ?

Et elle prend son café en riant
Elle me regarde à peine
Plus rien ne la surprend sur la nature humaine
C’est pourquoi elle voudrait enfin si je le permets

Déjeuner en paix, déjeuner en paix

© Philippe Djian (paroles) / Stephan Eicher (musique), 1991, album Engelberg

  • fiche de travail
  • site de Stephan Eicher

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