« Gauguin » de Barbara

Une chanson de Barbara (1930-1997)

Gauguin – Lettre à Jacques Brel

Il pleut sur l’île d’Hiva-Oa.
Le vent, sur les longs arbres verts
Jette des sables d’ocre mouillés.
Il pleut sur un ciel de corail
Comme une pluie venue du Nord
Qui délave les ocres rouges
Et les bleus-violets de Gauguin.
Il pleut.
Les Marquises sont devenues grises.
Le Zéphir est un vent du Nord,
Ce matin-là,
Sur l’île qui sommeille encore.

Il a dû s’étonner, Gauguin,
Quand ses femmes aux yeux de velours
Ont pleuré des larmes de pluie
Qui venaient de la mer du Nord.
Il a dû s’étonner, Gauguin,
Comme un grand danseur fatigué
Avec ton regard de l’enfance.

Bonjour monsieur Gauguin.
Faites-moi place.
Je suis un voyageur lointain.
J’arrive des brumes du Nord
Et je viens dormir au soleil.
Faites-moi place.

Tu sais,
Ce n’est pas que tu sois parti
Qui m’importe.
D’ailleurs, tu n’es jamais parti.
Ce n’est pas que tu ne chantes plus
Qui m’importe.
D’ailleurs, pour moi, tu chantes encore,
Mais penser qu’un jour,
Les vents que tu aimais
Te devenaient contraire,
Penser
Que plus jamais
Tu ne navigueras
Ni le ciel ni la mer,

Plus jamais, en avril,
Toucher le lilas blanc,
Plus jamais voir le ciel
Au-dessus du canal.
Mais qui peut dire ?
Moi qui te connais bien,
Je suis sûre qu’aujourd’hui
Tu caresses les seins
Des femmes de Gauguin
Et qu’il peint Amsterdam.
Vous regardez ensemble
Se lever le soleil
Au-dessus des lagunes
Où galopent des chevaux blancs
Et ton rire me parvient,
En cascade, en torrent
Et traverse la mer
Et le ciel et les vents
Et ta voix chante encore.
Il a dû s’étonner, Gauguin,
Quand ses femmes aux yeux de velours
Ont pleuré des larmes de pluie
Qui venaient de la mer du Nord.
Il a dû s’étonner, Gauguin.

Souvent, je pense à toi
Qui as longé les dunes
Et traversé le Nord
Pour aller dormir au soleil,
Là-bas, sous un ciel de corail.
C’était ta volonté.
Sois bien.
Dors bien.
Souvent, je pense à toi.

Je signe Léonie.
Toi, tu sauras qui je suis,
Dors bien

© Barbara (paroles et musique) – album Gauguin (1990, Philips)

 

  • Clip Gauguin (avec sous-titres en anglais) tourné à Mogador en 1990 par Bertrand Fèvre

 

  • Animation avec des tableaux de Gauguin

 

  • Entretien Barbara et Jacques Brel au sujet du film Franz – sorti en 1972, produit par les Éditions Beaux rivages, réalisé par J. Brel et co-écrit avec Paul Andréota – dans lequel ils jouent les personnages de Léonie et Léon

« Les vacances au bord de la mer » par Michel Jonasz

Une chanson de Pierre Grosz et Michel Jonasz (1975)

Les vacances au bord de la mer

On allait au bord de la mer
Avec mon père, ma sœur, ma mère
On regardait les autres gens
Comme ils dépensaient leur argent
Nous il fallait faire attention
Quand on avait payé le prix d’une location
Il ne nous restait pas grand-chose

Alors on regardait les bateaux
On suçait des glaces à l’eau
Les palaces, les restaurants
On n’faisait que passer d’vant
Et on regardait les bateaux
Le matin on s’réveillait tôt
Sur la plage pendant des heures
On prenait de belles couleurs

On allait au bord de la mer
Avec mon père, ma sœur, ma mère
Et quand les vagues étaient tranquilles
On passait la journée aux îles
Sauf quand on pouvait déjà plus

Alors on regardait les bateaux
On suçait des glaces à l’eau
On avait le cœur un peu gros
Mais c’était quand même beau

On regardait les bateaux…

© Pierre Grosz et Michel Jonasz

  • La chanson dans les Archives INA Chansons :

 

  • La chanson avec des sous-titres en français :

 

  • La chanson interprétée par Stacey Kent :

« L’agriculteur » par Ridan

Une chanson de Ridan (Nadir Kouidri)

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=o_g62RYIyNI[/youtube]

 

L’agriculteur – album Le rêve ou la vie

J’allume mon poste de télé
Pour admirer ce qu’il s’y passe
Un milliardaire s’envoie en l’air
Quitte l’atmosphère pour voir l’espace
J’troque son bol d’air et sa cuillère
Contre un p’tit verre sur ma terrasse
J’en ai ras l’bol de tout ce béton
J’ai la folie des grands espaces

Mais qu’est-ce qui s’passe dans nos p’tites têtes
On s’entasse tous comme des sardines
Dans les grosses boîtes que l’on conserve
Le p’tit poisson doit suivre sa ligne…

(refrain)
Et puis merde j’ai décidé
De vivre loin sur la colline
De vivre seul dans une maison
Avec la vue sur ma raison.
J’préfère vivre pauvre avec mon âme
Que vivre riche avec la leur
Et si le blé m’file du bonheur
J’me ferai p’t’être agriculteur…

Y’a trop d’feux rouges dans les grandes villes
J’ai préféré me mettre au vert
J’ai plus d’bonheur à vivre en paix
Que m’admirer au fond d’un verre
J’boirai l’eau saine de mon ruisseau
Plutôt que l’eau sale du fond de la Seine
Chargée en plomb et en histoire
Que la surface ne laisse plus voir…

J’ferai des bornes pour m’éloigner
Pour m’retrouver face au miroir
Juste une seconde de vérité
Pour qu’mon passé coule sous les ponts
J’ferai des bornes pour m’éclipser
Pour m’retrouver face à que dalle
Juste une seconde de vérité
Pour contempler ce qu’on est tous.

Ça fait longtemps que j’n’ai plus vu
Ce coin d’soleil à l’horizon
Ça fait longtemps que j’l’attendais
La p’tite lueur de la raison.
Une p’tite chanson au clair de lune
Pour réchauffer nos cœurs de pierre
Le grand retour à l’essentiel
Le feu de bois éclaire le ciel…

La mélodie de la nature
Reprend ses droits sur la folie
C’est toute la vie qui nous observe
Que l’on oublie au fil du temps
La mélodie, celle de la vie
Que l’on consume à chaque instant
Tous nos acquis s’écrasent au sol
Et j’ai choisi la clé des champs

© Ridan 2004

« Ta seule destination » par B4B

Une chanson française... qui « envoie du bois » !

Ce qu’il faut pour qu’existe une chanson, qu’elle ait des couleurs et une densité qui la rendent infalsifiable… cela ne tient après tout qu’au magma des sensations, des instants de vie et des souvenirs dont elle est issue, à la virtuosité de son compositeur et de ses interprètes, à la cohérence et à l’harmonie entre la musique, ce qui est narré et le matériau verbal, entre toutes ces parcelles entrelacées qui seules donnent l’entière liberté de la façonner, tous ces fragments de sens dérivant à la surface, juste avant que son auteur intuitivement ne les saisisse et ne les retienne, juste avant le point oscillant où le risque est grand qu’ils ne repartent glisser vers les profondeurs de l’océan chatoyant des mots… alors il y a là, « Ta seule destination » le prouve, tout ce qui rendra possible la création d’une chanson bouleversante de sincérité, touchant manifeste de l’irrépressible volonté de vivre, tout compte fait donnée à entendre au public comme un magnifique présent.

 

Br4vin Brothers – Marco, Thom, Seb et Nico © JEH Sur le Vif

 

Ta seule destination

Je me souviens ce matin-là
Le soleil brillait sur ma ville
Je me moquais bien du fatras
De béton et des tours d’ici

Je me rappelle ce matin-là
Avoir écouté bien assis
Pour la 75e fois
Les mots de Saint-Exupéry

J’avais 6 ans ce matin-là
J’avais peur mais j’avais envie
De faire encore plein d’autres pas
Et du vélo sur le parking
Et du vélo sur le parking
Et du vélo…

Je me souviens ce matin-là
L’arrêt de bus en pleine nuit
Au cœur de l’hiver et du froid
Aller au lycée plein d’ennui

Je me souviens avoir fait face
À ce qui me semblait injuste
Avoir pris la parole en classe
Et la porte de l’école ensuite

Je me rappelle ce matin-là
Sur ce quai de gare assis
Décider pour la première fois
D’aller faire la manche à Paris
D’aller faire la manche à Paris
D’aller faire la manche…

J’avais 30 ans ce matin-là
Mon fils aîné avait grandi
Il était beau c’était un roi
Et son p’tit frère l’était aussi

Je me souviens ce matin-là
Que je n’avais aucun souci
À part un ou deux ou même trois
Que je noyais dans le whisky

J’me souviens pas de tous ceux-là
Ces matins de retour du gris
Perdu entre la beauté là
Et les trous d’air de mon esprit
Et les trous d’air de mon esprit
Et les trous d’air…

(refrain)
Tu feras le chemin cent fois
Tu reviendras au même endroit
Ta seule destination c’est toi

Je me rappelle ce matin-là
M’être réveillé dans un train
Sans billet ne sachant même pas
Ni pourquoi, comment ou combien

Je me souviens ce matin-là
Au fumoir de la clinique
Parler de Nietzsche avec un gars
Parano ou cyclothymique

J’avais très mal ce matin-là
Je cherchais un bon de sortie
Un sas à mes douleurs ventrales
Et aussi un sens à ma vie
Et aussi un sens à ma vie
Et aussi un sens…

Je me rappelle ce matin-là
De tes caresses sur mes joues
De tes larmes malgré ta foi
De tes bras autour de mon cou

J’avais 100 ans ce matin-là
Trop de bide et trop de valises
Un mal de dos, du vague à l’âme
Et la honte de tous mes vices

Je n’savais pas ce matin-là
Que le soir je serais parti
Sur les traces de Siddhartha
Pour devenir ce que je suis
Pour devenir ce que je suis
Pour devenir…

Tu feras le chemin cent fois
Tu reviendras au même endroit
Ta seule destination c’est toi

J’me souviendrai d’ce matin-là
Le jour où j’ai enfin saisi
Que les réponses à mes « pourquoi »
Étaient inscrites bien à l’abri

Sous des couches de « je ne veux pas »
De « j’ai peur » de « j’n’ai plus envie »
Quand j’ai ouvert enfin les bras
Quand j’ai réussi à dire « oui »

Et quand je t’ai retrouvé toi
Qui me renvoies à l’infini
À l’éphémère et au-delà
Aux commandes de ma propre vie
Aux commandes de ma propre vie
Aux commandes…

Tu feras le chemin cent fois
Tu reviendras au même endroit
Ta seule destination c’est toi
Et me voilà chez moi

© Nico Bravin (paroles et musique) 2014

 

Enregistré à La Roquebrussane et à Marseille par Julien Fabre / Mixé à Paris par Louis Bertignac / Montage de la vidéo par Nico Bravin

 

Étude de la chanson / Pistes possibles pour le cours (à suivre ou non)

Ta seule destination est une chanson écrite en octosyllabes (des vers de 8 syllabes) avec neuf couplets et un refrain, et énoncée à la première personne. Autobiographique, elle n’évoque pas seulement des souvenirs personnels, mais elle fait aussi référence à des souvenirs collectifs : l’histoire du Petit Prince de Saint-Exupéry, sous sa forme de livre-disque, lue par le comédien Gérard Philipe, qu’un très grand nombre d’enfants et d’adultes ont écoutée depuis 1954, et la mobilisation étudiante de l’hiver 1986 contre le projet de loi Devaquet, qui a bel et bien marqué toute une classe d’âge.
C’est ce double aspect « souvenirs personnels / mémoire collective » qui m’a paru particulièrement intéressant à aborder et à développer en cours de français langue étrangère auprès de deux groupes (niveaux A2 et B1), un public âgé de 19 à 65 ans, qui y a été, à quelques rares exceptions près, particulièrement réceptif. La chanson a été étudiée une première fois à l’Université populaire (Volkshochschule) et à l’Université de Heidelberg au semestre d’été 2016, juste avant la leçon sur « J’achète un billet de train à la gare de Toulouse » – finalement, nous n’étions pas tant que ça « hors programme »…

Puisque les meilleures choses ont aussi un début, le cours sur Ta seule destination s’est ouvert sur la fabuleuse chanson Au nom du rock’n’roll (enregistrement de 1984) – morceau d’anthologie s’il en fut du groupe brionnais Insolence :

« Au nom du rock’n’roll
Je te parle ce soir
Au nom du rock’n’roll
J’veux plus rester dans le noir »

 

« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »

« Je me rappelle ce matin-là / Avoir écouté bien assis / Pour la 75e fois / Les mots de Saint-Exupéry »

En fond visuel, cette citation de Saint-Exupéry et un dessin du petit Prince et de la rose projetés sur l’écran, tout le temps qu’a duré l’écoute des chapitres I, II et VII en livre-audio. Ce n’est pas l’enregistrement de Gérard Philipe qui a été choisi ici, en raison du niveau des apprenants, mais la très belle version allemande du livre-audio lue par Ulrich Mühe. « Les mots de Saint-Exupéry » renvoient aussi à la chanson Petit Prince, écrite et composée en 1998 à Marseille.

Dans le groupe où l’intégralité de la chanson avait déjà été écoutée (voir ci-dessous la vidéo de Véro Haudberg), nous avons directement commencé l’étude des paroles.

Ta seule destination par les Br4vin Brothers en concert le 21.05.16 au Zénith de Toulouse :

 

Dans l’autre groupe, pour des raisons techniques, c’est seulement le clip en noir et blanc qui a d’abord pu être projeté.

Nous avons procédé pour l’étude par séries de trois strophes, en faisant des pauses sur la vidéo, pour d’abord travailler sur le déchiffrage et la compréhension fine du texte. Aidés d’un lexique franco-allemand détaillé, les étudiants suivaient pendant l’écoute, sur des fiches de travail, les paroles présentées sous forme d’un texte lacunaire (« texte à trous ») à compléter avec des mots et parties de phrases donnés dans le désordre.

« Je me souviens avoir fait face / À ce qui me semblait injuste / Avoir pris la parole en classe / Et la porte de l’école ensuite »

Arrivés à ce passage, où est évoqué le renvoi du lycée, des explications sur les grèves et manifestations de 1986 contre le projet de loi Devaquet ont été données. Elles ont été écoutées avec une attention soutenue. L’extrait du JT du 4.12.86 (archive INA) a été visionné et commenté. Dans le groupe plus avancé a d’abord été distribuée la transcription de cet extrait (présentation et reportage).

Les étudiants ont ensuite pu exprimer leurs opinions sur la chanson, dont la sincérité de l’auteur/compositeur sur les embûches rencontrées au cours de son parcours ne leur a pas échappé et les a touchés. Cet échange a donné lieu à des réflexions et à des réactions très personnelles et spontanées. L’aspect philosophique du texte et les références à Siddhartha et Nietzsche ont été évoqués. Ceux qui avaient des connaissances sur le sujet les ont partagées avec leurs camarades. Ils étaient libres de parler à ce moment-là dans la langue de leur choix ; ils étaient aussi, naturellement, libres de ne rien dire.

 

« Mont Ventoux » © Mathieu Cumbrera 2017

 

Du côté syntaxique et morphologique, les apprenants ont classifié les verbes dans un tableau selon les différents temps verbaux. Enfin, ils ont observé plus particulièrement la structure inhabituelle « se souvenir + infinif ». Les phrases ont été transformées en  subordonnées complétives conjonctives « classiques », introduites par la conjonction de subordination « que », dans le but notamment de faire ressortir l’effet produit par la structure originale de la chanson. C’est que l’usage de l’infinitif, ou plus souvent de l’infinitif passé, pour le verbe placé après « je me souviens » peut contribuer à créer un effet de déferlement d’images ou effet de flash, rapide et intemporel, proche de ce qui se passe lorsque surgissent les souvenirs ravivés ou reconstitués par la mémoire. Cet effet est également produit dans la chanson par la juxtaposition des propositions, grâce à l’omission pure et simple de la conjonction « que » (« Je me souviens ce matin-là / Le soleil brillait sur ma ville / Je me moquais bien du fatras » – couplet 1) ou de la préposition « de » (« Je me souviens ce matin-là / L’arrêt de bus en pleine nuit » – couplet 4).
Enfin dans le couplet 7, dans le vers « Mon fils aîné avait grandi », c’est par l’homophonie entre « aîné » et « est né » que survient un effet d’interférence temporelle et de téléscopage, tel un court-circuit, entre deux époques bien distinctes dans la réalité.
Au passage, nous avons cette fois laissé de côté Jane Birkin et Manu Chao, dont la chanson en duo Te souviens-tu est habituellement écoutée quand il est question du verbe « se souvenir ».

Les étudiants ont aussi effectué un relevé, sous forme de soleils, des mots et métaphores liés aux champs lexicaux et sémantiques des transports, du chemin et de l’avion – ce dernier, référence implicite à l’aviateur et au petit Prince, étant omniprésent tout au long de ce texte.

Et puis, comme il restait du temps à la fin de la séance, nous avons aussi écouté/regardé Jack (vidéo de 1988 des Visiteurs) :

 

Paroles reproduites sur ce blog et photos des groupes publiées avec l’aimable autorisation de Nicolas Bravin.
Photo de Mathieu Cumbrera publiée avec son aimable autorisation.

« Petit Prince » par B4B

Une chanson à découvrir, écouter, partager, étudier si ça vous chante…

Souvent… les enfants dans les trains soufflent sur la vitre et font du bout des doigts des dessins dans le disque de buée. La texture de la chanson « Petit Prince » est de la même substance, délicate et expressive, que ces petits signes éphémères du bonheur et du mystère d’exister, furtivement tracés pour mieux saisir et dire le monde.

 

Petit Prince

Cette histoire de rose
ce gamin
sa planète et ces choses
qu’il demande en dessin

Cette histoire de rose
en moi à jamais
est éclose

Dans le désert
un prince en exil
J’ai aimé faire
un voyage similaire

Ma gorge serrée
toujours au passage
où ses larmes
révélaient tant son âme
L’amour qu’il avait
pour cette fleur mal abritée

Je connaissais
avant de saisir
bien des secrets
du monde où j’allais vivre

(refrain)
J’ai oublié des histoires
des fables issues de grimoires
moins ri d’animaux
sortis de chapeaux

Pourtant dans le ciel
toujours étincelle
l’étoile d’un prince si réel

Tout y est décrit
avec tellement de précision
et d’émotion aussi
Comment imagi-
-ner que la magie n’aurait

Pour une fois
pas pu opérer
Cet homme en panne
n’a pas inventé

Écrivez qu’il est revenu

© Nico Bravin (paroles et musique) & Marco Bravin (musique), album Bravin (1998)

 

 

Petit Prince par les Br4vin Brothers, en concert le 21.05.16 au Zéntih de Toulouse :

 

voir aussi :

Paroles et images reproduites sur ce blog avec l’aimable autorisation de Nicolas Bravin.

« Les enfants seuls savent ce qu’ils cherchent. »

« Toutes les nuits » par Les Calamités

Les Calamités était un groupe des années quatre-vingts, composé de Caroline Augier (basse, chant), Isabelle Petit (guitare, chant), Odile Repolt (guitare, chant) et Mike Stephens (batterie)

Toutes les nuits – Les Calamités (1984, New Rose)

Tous deux égarés dans ce cauchemar
Nous cherchions en vain à sortir du trou noir
Soudain sous nos pieds le sol s’est dérobé
Alors j’ai crié je me suis réveillée
Ne serrant dans mes bras qu’un oreiller
À la place de mon fiancé

J’ai beau secouer le gros édredon
Soulever le matelas je ne te trouve pas
Soudain je comprends : tu as recommencé
Car j’entends des pas là-haut sur les toits

Tu marches la nuit mais tu ne le sais pas
Tu te promènes sans savoir où tu vas
Chaque fois poussé par un je ne sais quoi
Tel un zombi tu vas hanter les toits

(refrain)
Oh non
Je n’ai plus envie
D’aller toutes les nuits
Courir après toi
Là-haut sur les toits
Et risquer ma vie
Pour un endormi
Qui le lendemain
Ne se souvient de rien

Mon cœur se serre, est-ce à la pensée
De te savoir aveugle au milieu des cheminées ?
Parce que ce soir il me faudra encore
Quitter mon lit douillet pour te chercher dehors

(refrain)

Que vais-je devenir ? ça ne peut plus durer
Quand je ferme les yeux je te vois tomber
Un jour je sais je ne me réveillerai pas
Je te retrouverai trois étages plus bas

(refrain)

„Lass uns eine Welt erträumen“ par Gerhard Schöne

Une chanson d’amour et de fraternité

Lass uns eine Welt erträumen

Lass uns eine Welt erträumen, die den Krieg nicht kennt,
wo man Menschen aller Länder seine Freunde nennt.
Wo man alles Brot der Erde teilt mit jedem Kind,
wo die letzten Diktatoren Zirkusreiter sind.

Lass uns eine Welt erträumen, wo man singt und lacht,
wo die Traurigkeit der andern selbst uns traurig macht.
Wo man trotz der fremden Sprache sich so gut versteht,
dass man alle schweren Wege miteinander geht.

Lass uns eine Welt erträumen, wo man unentwegt
Pflanzen, Tiere, Luft und Wasser wie einen Garten pflegt.
Wo man um die ganze Erde Liebesbriefe schreibt
und dann lass uns jetzt beginnen, dass es kein Traum bleibt.

© Gerhard Schöne (1989, Amiga)

Écouter un extrait de la chanson :

Rêvons d’un monde

Rêvons d’un monde qui ne connaisse pas de guerre,
où l’on nomme les gens de tous les pays ses amis.
Où l’on partage tout le pain de la terre avec chaque enfant,
où les derniers dictateurs soient des écuyers de cirque.

Rêvons d’un monde où l’on chante et où l’on rie,
où la tristesse des autres nous rende nous-mêmes tristes.
Où l’on se comprenne si bien, malgré la langue étrangère,
que ce soit ensemble que l’on parcoure tous les chemins difficiles.

Rêvons d’un monde où, avec persévérance,
l’on prenne soin des plantes, des animaux, de l’air et de l’eau
comme d’un jardin.
Où l’on écrive des lettres d’amour autour de la terre entière
et puis commençons maintenant pour que cela ne reste pas qu’un rêve.

© Gerhard Schöne (1989, Amiga)
traduction : Céline Navarro (2015)

„Vielleicht wird’s nie wieder so schön“ par Gerhard Schöne

Une chanson pacifiste, datant de l’époque de la guerre froide

Vielleicht wird’s nie wieder so schön

Ich denk noch manchmal an den Sonntag,
ich war vielleicht acht Jahre alt.
Ich ging mit Vater ins Museum,
da drinnen war es hundekalt.
Er nahm mich unter seinen Mantel
und sagte: „Komm, wir spieln Kamel!“
Wir stapften kichernd durchs Museum,
die Aufsichtstanten guckten scheel.
An der verschneiten Haltestelle
durft ich auf seinen Füßen stehn.
Ich hielt mich fest an ihm und dachte:

„Vielleicht wird’s nie wieder so schön,
hee, mmh, vielleicht wird’s nie wieder so schön.“

Bevor wir auseinander gingen,
fuhr unsere Klasse noch einmal
in ein Barackenferienlager
mit einem kleinen See im Tal.
Am letzten Abend ein Getuschel:
„Wir treffen uns am See heut Nacht.“
Wir schlichen uns aus den Baracken,
die Lehrer sind nicht aufgewacht.
Wir schwammen nackt ans andre Ufer
und haben uns schüchtern angesehn
im weißen Mondlicht. Und ich dachte:

„Vielleicht wird’s nie wieder so schön,
hee, mmh, vielleicht wird’s nie wieder so schön.“

Am Bahnsteig lernte ich sie kennen,
sie hatten ihren Zug verpasst,
die sieben polnischen Studenten,
jetzt waren sie bei mir zu Gast.
Die Mädchen schmierten ein paar Brote,
die Jungen haben Wein besorgt,
und ich hab mir bei meinen Nachbarn
‘nen Stapel Decken ausgeborgt.
Wir sangen Dona nobis pacem,
Give Peace A Chance und Penny Lane.
Als wir uns früh umarmten, dacht ich:

„Vielleicht wird’s nie wieder so schön,
mmh, hee, vielleicht wird’s nie wieder so schön.“

Damals im Zelt mit meiner Freundin,
die erste Nacht mit ihr allein.
Wir wagten nicht, uns auszuziehen
und krochen in den Schlafsack rein.
Wir schmiegten uns ganz aneinander,
ich hab nur ihr Gesicht berührt.
Als sie schon schlief, hab ich noch immer
ihr Atmen wie ein Glück gespürt.
Obwohl mir schon die Arme schmerzten,
ich dacht nicht dran, mich umzudrehn.
Es wurde Morgen, und ich dachte:

„Vielleicht wird’s nie wieder so schön,
mmh, vielleicht wird’s nie wieder so schön.“

Noch manchmal, wenn wir uns umarmten,
oft grundlos traurig, grundlos froh.
Einmal, als ich ein Mädchen hörte
in einer Kirche, irgendwo.
Als wir klitschnass am Waldrand hockten,
und ein Regenbogen stand.
Und wenn ich plötzlich Menschen mochte,
die ich zuvor noch nicht gekannt.
Wenn ich’s vor Heimweh nicht mehr aushielt,
fuhr nachts zurück, um dich zu sehn.
In vielen Augenblicken dacht ich:

„Vielleicht wird’s nie wieder so schön,
mmh, hee, vielleicht wird’s nie wieder so schön.“

© Gerhard Schöne (Amiga, 1988)

 

Peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien

Je pense encore parfois à ce dimanche-là,
j’avais peut-être huit ans.
J’étais allé au musée avec mon père,
il faisait un froid de canard là-dedans.
Il m’a mis sous son manteau
et a dit : « Viens, on joue au chameau ! »
Nous tapions des pieds en riant sous cape dans le musée,
les dames qui surveillaient nous regardaient de travers.
À l’arrêt de bus enneigé
il m’a laissé monter sur ses pieds.
Je me tenais bien fort à lui et j’ai pensé :

« Peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien,
hee, mmh, peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien. »

Avant de nous séparer,
notre classe est allée encore une fois
dans un camp de vacances avec des baraquements
et un petit lac dans un vallon.
Le dernier soir, des chuchotements :
« On se retrouve au lac cette nuit. »
Nous nous sommes faufilés hors des baraquements,
les profs ne se sont pas réveillés.
Nous avons nagé tout nus jusqu’à l’autre rive
et nous nous sommes regardés timidement
dans la clarté blanche de la lune. Et j’ai pensé :

« Peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien,
hee, mmh, peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien. »

Je les avais rencontrés sur le quai de la gare,
ils avaient raté leur train,
les sept étudiants polonais,
et maintenant, c’était mes invités.
Les filles ont tartiné quelques tranches de pain,
les garçons sont allés chercher du vin,
et j’ai emprunté au voisin
une pile de couvertures.
Nous avons chanté Dona nobis pacem,
Give Peace A Chance et Penny Lane.
Et quand nous nous sommes serrés dans les bras le matin, j’ai pensé :

« Peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien,
mmh, hee, peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien. »

Autrefois sous la tente avec mon amie,
la première nuit seul avec elle.
Nous n’avons pas osé nous déshabiller
et nous nous sommes glissés dans les sacs de couchage.
Nous nous sommes blottis l’un tout contre l’autre,
je n’ai effleuré que son visage.
Et pendant qu’elle dormait déjà, je sentais encore
son souffle sur ma peau comme un bonheur.
Même si j’avais déjà mal au bras,
il ne me serait jamais venu à l’idée de me retourner.
Le matin est venu et j’ai pensé :

« Peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien,
mmh, peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien. »

Parfois encore, quand nous nous tenions serrés dans les bras,
souvent tristes sans raison, joyeux sans raison.
Une fois en entendant une fille
dans une église quelque part.
Quand nous étions accroupis à la lisière du bois, trempés comme des soupes,
et qu’il y avait un arc en ciel.
Et quand soudain il y avait des gens que j’aimais bien
et que je n’avais jamais vus avant.
Quand je n’en pouvais plus de mal du pays,
et que je rentrais de nuit pour te voir.
Dans bien des moments, j’ai pensé :

« Peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien,
mmh, hee, peut-être que ce ne sera jamais plus aussi bien. »

© Gerhard Schöne (Amiga, 1988)
traduction : Céline Navarro (2016)

« La maison de pain d’épice » par Hubert Mounier

Nous avons écouté et étudié en cours la chanson de L’Affaire Louis’ Trio Bois ton café (j’y reviendrai ici plus tard).

Chanson La maison de pain d’épice (2011)

Hubert Mounier : guitare, chant
Gesa Hansen : chant
Sly : basse, guitare, chœurs
Nico Bravin : guitare
Reyn : claviers

 

La maison de pain d’épice en BD et musique
Reportage/entretien avec Hubert Mounier par Marc Chinal
lyonvidéos.fr et Lyon BD Festival (2011)

« La maison de pain d’épice, c’est un peu une métaphore de ce monde soi-disant merveilleux dont on sait très bien qu’à l’intérieur, il y a une sorcière qui mange les enfants. » HM

 

Extraits de concert avec les musiciens du groupe français The Rabeats,
Sly (guitare), Flamm (batterie), Dip (basse)
ainsi qu’un claviériste qui n’est pas membre du groupe

 

2019 : Projet d’album-hommage collectif : Place Hubert Mounier
voir ici la page fb du projet
soutenir le projet par un financement participatif (précommande de l’album)

31.05.2019 : Nico Bravin chante Hubert Mounier
Live 100% Hubert Mounier – L’Affaire Louis’ Trio

22.11.2019 :  Live 100% Hubert Mounier – L’Affaire Louis’ Trio
soundcloud

„Am Ende denk’ ich immer nur an dich“ par Element of Crime

Une chanson du groupe Element of Crime

Am Ende denk’ ich immer nur an dich

 

© Sven Regener (paroles)
© Sven Regener, Richard Pappik,
Jakob Friderichs, David Young (musique)
Album : Immer da wo du bist bin ich nie – Element of Crime, 2009

 

À la fin c’est toujours juste à toi que je pense

Sur un terrain de jeu un enfant appelle sa mère
pour qu’elle voie comme l’enfant sait déjà se balancer bien haut
Et il lance les jambes devant lui et en haut vers le ciel
jusqu’à ce qu’une chaussure s’envole et atterrisse
sur une voiture garée sur le bas-côté
sur le pare-brise de laquelle est écrit « porc »
Et le brun métallisé et lisse comme tes cheveux
pas plus que toi ne trahit son âge véritable

Peu importe ce à quoi je suis en train de penser
À la fin c’est toujours juste à toi que je pense

La mère allemande s’élance prise de panique
sans prêter attention à une jambe d’enfant dans le sable
Et elle s’étale et alors celui qui possède la jambe d’enfant rigole
Il a une glace à la fraise dans la main droite
qui pend de son cornet vers l’avant d’inquiétante façon
et qui s’égoutte en se gaspillant d’elle-même sur la haute couture
sur la chair qui fait toute la fierté de ses jolis parents
et y devient de la saleté exactement comme je suis une pauvre tache pour toi

Peu importe ce à quoi je suis en train de penser
À la fin c’est toujours juste à toi que je pense

Pourquoi Maman saigne-t-elle du nez ?
Pourquoi votre / son [?] enfant est-il aussi bête que petit ?
Est-ce qu’une voiture brun métallisé a le droit de se garer là ?
Et pourquoi ne puis-je être heureux sans toi ?

Combien de glaces à la fraise l’être humain doit-il encore manger
avant qu’il ne dise enfin : je suis pour
qu’on se dispense de la mauvaise action de faire un croche-pied
Et aurai-je un jour encore le droit de retourner vers toi

Peu importe ce à quoi je suis en train de penser
À la fin c’est toujours juste à toi que je pense
Peu importe ce à quoi je suis en train de penser
À la fin c’est toujours juste à toi que je pense

© Sven Regener
traduction : Céline Navarro (2016)

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