L’orthographe des adolescents menacée par les SMS ?

Les SMS sont-ils réellement une menace pour l’orthographe des adolescents ? Les  » tu fé koi ? », « Laisse tonbé Fo ke jy ail Bisous et a+ » ….. vont-ils se retrouver dans des copies d’élèves ?

En effet, le langage écrit SMS est différent de celui utilisé dans le cadre de l’apprentissage des connaissances à l’école. Il est parfois cité dans la liste des coupables des faiblesses orthographiques des enfants et des adolescents.

Ecrire des SMS

Ecrire des SMS…

Une étude vient d’être réalisée par des chercheurs du Centre de Recherche sur la Cognition et l’Apprentissage (CNRS/Université de Poitiers/Université François-Rabelais Tours)en collaboration avec des chercheurs de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et de l’Université Toulouse II-le mirail

telephone

Le travail est présenté en deux chapitres:

  • le premier concerne les SMS et l’orthographe chez des collégiens de 11-12 ans
  •  le second concerne le rôle de l’âge de l’expertise et du genre sur la longueur, la structure et la fonction sociale des SMS chez des collégiens et lycéens de 13 à 18 ans.

Voir le rapport sur les Pratiques des SMS des collégiens et lycées (J. Bernicot) :(102 pages). (PDF – 1.9 Mo): J.Bernicot rapportfinal

« Les résultats de l’étude  viennent pourtant nuancer ces idées reçues. En effet, ils montrent qu’en début de pratique des SMS, c’est le niveau en orthographe traditionnelle qui détermine la forme des SMS envoyés, et non pas les SMS qui influencent négativement l’orthographe traditionnelle. Lorsque la pratique des SMS est installée (au bout d’un an), il n’existe aucun lien entre le niveau en orthographe traditionnelle et la forme des SMS. Le seul lien qui existe entre le niveau en orthographe et la densité de « textismes » (1) concerne ceux en rupture avec le code traditionnel (cf. tableau 2) au premier trimestre de pratique des SMS. Contrairement aux craintes souvent exprimées, ce sont les bons élèves en orthographe qui font beaucoup de « textismes » en rupture avec le code traditionnel et les moins bons qui en font le moins. Cette étude montre que l’écrit traditionnel et l’écrit SMS dépendent des mêmes capacités cognitives symboliques. Elle permet aussi de conclure que les SMS ne sont pas une menace pour le niveau en orthographe à l’école, mais une occasion nouvelle et supplémentaire de pratiquer l’écrit. Il est important de souligner que dans les SMS étudiés, si en moyenne 52% de mots contenaient des « textismes », 48% de mots étaient écrits selon les règles traditionnelles. »  source CNRS
voir le Communiqué du CNRS: Les SMS

tableau textismes

(1) La densité de « textismes » se définit par le nombre de changements dans la forme orthographique d’un mot par rapport à l’écrit traditionnel, divisé par le nombre total de mots du SMS.


Bilan:

  • « La pratique des SMS ou textos n’a pas d’influence sur l’orthographe des collégiens, c’est leur niveau en orthographe qui détermine le type de fautes présent dans les SMS. »

  •  » les SMS ne constituent pas une menace pour le niveau en orthographe à l’école, mais sont une occasion nouvelle et supplémentaire de pratiquer l’écrit. »

Ces travaux viennent d’être publiés dans la revue Journal of Computer Assisted Learning.

Et si la connaissance du langage SMS par les enseignants était un levier pour aborder l’orthographe de notre langue ?