Climat: El Niño est de retour

Fentes de dessication dans un fond de lagune après les inondations de 1983 dues à un Niño.

Fentes de dessication dans un fond de lagune après les inondations de 1983 dues à un Niño.

Après cinq ans d’absence, le phénomène El Niño est réapparu dans l’océan Pacifique tropical.

La communauté scientifique annonce le développement dans l’océan Pacifique de l’événement El Niño le plus intense depuis le début du XXIe siècle…

Ce nouvel épisode pourrait affecter de nombreuses régions du globe jusqu’au printemps 2016

Voir l’article de Grégory Fléchet / CNRS Le journal: El Niño. PDF

 Anomalie, vue par satellite, de la température de la surface de la mer et de la couverture nuageuse durant l’épisode El Niño 1997-1998, le plus intense du siècle dernier. @R.HOUSER/ WASHINGTON UNIVERSITY


Anomalie, vue par satellite, de la température de la surface de la mer et de la couverture nuageuse durant l’épisode El Niño 1997-1998, le plus intense du siècle dernier.
@R.HOUSER/ WASHINGTON UNIVERSITY

 

 El Niño ?  El Niño est une oscillation australe des courants océaniques (ENSO : El Niño Southern Oscillation). Il atteint son apogée vers Noël, d’où son nom ( en espagnol) qui fait référence à l’enfant Jésus.

Des précisions sur cette  oscillation

Elle consiste en un renversement de la circulation des alizés de sud-est dans le Pacifique sud mettant fin à la remontée d’eaux froides le long des côtes du Pérou.

« Pour comprendre le rôle clé de l’atmosphère dans la genèse d’El Niño il faut tout d’abord avoir à l’esprit que la température de la surface de l’océan Pacifique tropical n’est pas uniforme, mais s’élève graduellement en direction de l’ouest. Alors que les 100 premiers mètres de la colonne d’eau ne dépassent pas 22 °C près des côtes péruviennes, celle-ci avoisine 30 °C au large de l’Indonésie : c’est ce que les climatologues appellent la warm pool ou piscine d’eau chaude du Pacifique ».( source CNRS)

« En temps normal, les alizés soufflant depuis l’est ont tendance à confiner cet important volume d’eau chaude au voisinage de l’archipel indonésien. Mais, lors d’une année El Niño, le régime des alizés faiblit drastiquement allant même jusqu’à s’inverser comme c’est le cas cette année », souligne Eric Guilyardi.

« Cette accumulation soudaine d’eau chaude près des côtes du Pérou interrompt la remontée d’eaux froides et riches en nutriments permettant le développement de nombreuses espèces », précise Boris Dewitte,

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Comparaison entre une situation normale dans le Pacifique tropical et une situation El Niño. Dans le deuxième cas, les alizés s’affaiblissent et les eaux chaudes envahissent le centre et l’est du Pacifique tropical, modifiant le régime des vents et des précipitations sur toute la planète

La fréquence d’apparition des  événements El Niño est irrégulière, environ tous les 2 à 7 ans. Les conséquences sont considérables

On appelle événement La Niña, un épisode d’accentuation de la circulation normale des alizés d’est qui engendre généralement les effets inverses d’El Niño. En général, les années à Niña sont relativement fraîches à l’échelle mondiale, comme en 2008, année qui a suivi un épisode La Niña.

El Niño : des  phénomènes capables de bouleverser le climat aux quatre coins du monde.

« L’épisode survenu en 1997 est l’arbre qui a longtemps caché la forêt, raconte le chercheur Boris Dewitte. Les dégâts provoqués ont poussé les climatologues à se focaliser sur ces épisodes aujourd’hui qualifiés d’« extrêmes ». »

Pluies torrentielles sur toute la façade américaine, sécheresses en Indonésie et en Australie, augmentation des cyclones dans le Pacifique…

« Nous avons considéré ce type d’épisode comme l’archétype du phénomène. Or, depuis 1997, une série d’autres événements se sont produits et leurs impacts sont très différents », poursuit le chercheur.

Ceux-ci induisent des sécheresses sur la façade ouest américaine, perturbent la mousson indienne et accélèrent la fonte des neiges dans certaines régions de l’Antarctique !

Au-delà du climat, la signature biologique est singulière.

« Ils provoquent un appauvrissement en phytoplancton dans le centre du bassin, souligne Marie-Hélène Radenac. Cela pose question pour les réseaux trophiques supérieurs et l’activité de pêche. »

Aujourd’hui, l’existence de deux visages distincts d’El Niño commence à faire consensus…. voir la suite Sciences au Sud n°80 – Recherches : El Niño (PDF, 2147 Ko)

02 novembre 2015: lancement de CIENPERU, projet d’étude des impacts d’El Niño 2015-2016 sur l’écosystème marin du Pérou

Des chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), du CNRS et leurs partenaires péruviens de l’Instituto del mar del Perú (IMARPE) lancent une opération exceptionnelle d’observations et déploieront, à partir du 2 novembre, une série de capteurs le long de la côte péruvienne et au large. L’objectif : mesurer les impacts de cet événement climatique extrême sur la dynamique océanique et l’écosystème côtier….

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© IRD Arrivée à Lima du glider mis à disposition par la Division technique de l’INSU du CNRS, déployé dans le cadre de CIENPERU.

Les événements El Niño constituent des fluctuations majeures du climat global . Les El Niño extrêmes se caractérisent par un déplacement des eaux chaudes pauvres en sels nutritifs et des précipitations qui leur sont associées du Pacifique Ouest jusqu’au Pacifique Est (région habituellement froide et sèche). Ils peuvent induire des catastrophes naturelles majeures

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© NOAA Anomalie de température de surface observée par satellite en septembre 2015. Un réchauffement très fort (>3°C) des eaux de surface s’étend vers les côtes du Pérou.

voir la suite Lancement de CIENPERU, projet d’étude des impacts d’El Niño 2015-2016 sur l’écosystème marin du Pérou (PDF, 425 Ko)

Si le réchauffement global augmentait de 4 ou 5 degrés, la fréquence des El Niño extrêmes doublerait …

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=oe_8sOv9Veg[/youtube]

Sources partielles de l’article: CNRS IRD